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Ma vie-1959
L'Ecole Militaire
Le Central Gabriel
La Découverte de Paris
Arrivée au 801 GRET,la caserne se trouvait sur une Place en face une petite usine qui fabriquait les compteur d'eau Aster trés connu pour un plombier Nîmois.
Au bout de trois jours je suis affecté au Central Gabriel situé Place d'Alleray dans le 15 ème arrondissement.
Je dois me rendre en premier aux Invalides,avec paquetage et valise,je prends le bus et le métro.A l'entrée de l'Hotel,je me présente aux Gardes-Mobiles,après un salut réglementaire,ils me dirigent vers le bon bureau.Une fois mes papiers en règles,je dois me rendre à l'école militaire.Je me présente au chef de chambre,je pose mon barda,et je vais au réfectoire récupérer une carte qui va me permettre de prendre tous mes repas en self-service.
Le lendemain matin un de mes futurs compagnons m'accompagne,nous prenons un bus qui nous dépose à cent mètres du Central Gabriel,nous descendons dans un bunker souterrain prévu pour résister aux bombardements atomiques.
Je suis reçu par un adjudant-chef qui commande la douzaine de militaires du contingent,après notre entretien il me présente au chef du Central lieutenante PFAT,cette dame est la patronne d'une quarantaine de standardistes PFAT.
Avec deux autres militaires nous sommes plantons,nous disposons d'un grand bureau,les horaires 8h à 12h et de 14h à 18h,le samedi nous finissons à midi.
Le matin nous devons nettoyer les filtres du système de climatisation,vérifier les batteries de secour,donner un coup de balai à notre bureau et à dix mètres de couloir,le reste de la journée,nous devons ouvrir après vérification la porte d'accès au Centre,porte style sous-marin.
Après 9h peu de gens rentrent,c'est le calme,à midi nous allons déjeuner au self de l'école Militaire,retour pour 14h, à 18h nous sommes libres jusqu'au lendemain matin 8h .Pas d'appel,pas de corvées,pas de gardes,c'est vraiement la planque.
Mes copains sont presque tous parisiens, le soir et le samedi midi ils rentrent chez eux Pour ma part,c'est un peu plus compliqué,je demande un entretien avec la patronne,j'espère qu'une fois par mois j'aurai une permissions de 48h,me permettant de partir le vendredi soir à 18h,c'est un non catégorique.
J'accuse le coup et je devients le spécialiste des fausses perms.Je vais chez le dentiste le jeudi me faire arracher une dent de sagesse,arrêt de travail jusqu'au lundi 8h. Mon copain Gérard Mathieu est secrétaire d'un Général à Issy-les-Moulinaux,il m'envoie de fausses permissions signées du Général avec à l'encre rouge autorisé a revêtir la tenue civile (attentat par le FLN sur les forces de l'ordre) Durant dix mois toutes les combines seront bonnes. Après un petit séjour à l'infirmerie de garnison pour une sinusite aigue soignée pendant 8 jours avec de l'aspirine,je vais voir le Général en chef du service santé,il va m'accorder huit jours au chaud chez ma cousine Ginette qui habite à Paris près de la Place de la République, je la met au parfum et je parts huit jours à Nîmes.
Certains week-end je vais au Havre ou à Ivry-la-bataille chez mon oncle Jean,avec une vrai permission de 36h. La vie à Paris pour un militaire est formidable,nous sommes très bien vus.Parfois il est préférable d'être en civil,vu la situation du moment tous les militaires de notre service ont une carte d'identité militaire avec notre photo en civil qui nous permet de sortir et de rentrer à toutes heures du jour et de la nuit,nous avons même droit au salut militaire règlementaire des sentinelles du poste de garde.
J'adore me balader sur les grands boulevards le samedi,le dimanche je traverse Paris pour aller Place du Tertre à Montmartre. Le gros problème c'est le pognon ? ma solde est de 41 francs par mois et l'aller-retour à Nîmes 40 frs.
Il me faut trouver un job,avec des copains nous sommes embauchés par une société de nettoyage,pour le balayage des locaux des Comptes Chèques Postaux dans le 15 ème soit 3 h à 1,80 frs de l'heure pendant quatre soirs soit 21,60 par semaine,cela dure quelques mois.Fin juillet un de mes bons copains ,savoyard part en AFN,il me présente à la contremaîtresse d'une société d'entretien qui nettoie de 18h à 22h les bureaux de la STE Richer,quartier de la Muette dans le 16 ème.Mon travail consiste à frotter à la paille de verre les immenses parquets en bois,je suis payé 2,50 frs de l'heure pour cinq jours ,soit 50frs la semaine. C'est le Pérou,cette dame est super pour moi,certains soirs je dois remplacer une employée absente et le travail consiste à nettoyer les bureaux de la direction, vider cendriers et poubelles à papier,en deux heures c'est terminé,je bavarde un moment avec elle et m'ordonne de rentrer,elle me marque quatre heures,,il en est de même pour le vendredi si je parts à Nîmes.
Au fil des mois je deviens un spécialiste du Métro,en juillet je récupère ma jeune soeur et sa copine à la Gare de Lyon et je les accompagne Gare du Nord prendre leur train pour Londres.
Tous les mois,on me rappelle que je suis militaire,je rejoinds mon régiment à Saint-Denis pour trois jours,tir au fusil,à la mitraillette,marche dans la forêt de Fontainebleau,préparation AFN..
Au Central Gabriel la vie est monotone,je demande même ma mutation dans un régiment au SAHARA,visite médicale OK,mon dossier en métropole est accepté par tous,il est rejeté en Algérie.Je demande un entretien à la direction de l'Industrie Pétrolière à Paris pour aller bosser à Colomb-Béchar;ils refusent depuis quelques mois les jeunes militaires.
Début octobre, mon départ pour l'Algérie est programmé,je paye l'apéro à mes copains et à notre adjudant-chef,au moment de nous quitter,il me serre la main vigoureusement et droit dans les yeux " je n'aime pas les types qui partent en fausses,surtout ceux qui ce font prendre" petit sourire.
Je rejoint le Mont Valérien,une dizaines de camions nous emmènent Gare de Lyon,le lendemain matin Marseille nous embarquons,une nuit en mer et au petit matin nous sommes devant ALGER la blanche.