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Ma vie-1959-1960
Arrivée en Algérie
DMT 712
Bouira en Kaylie
Notre départ vers Miliana
De 1954 à 1962 les appelés du contingent furent envoyés en Algérie pour une opération de maintien de l'ordre ou de pacification.
Terrorisme et guérilla contre la population civile (assassinats,attaques d'exploitations agricoles,incendies,pose de bombes en zone urbaine,embuscades)
le combattant était alors appelé fellagua (ou fell) mot arabe pour hors la loi.
Après une nuit agitée en mer, Alger la blanche est devant nous.Une fois débarqués,nous montons sur une camion,nous empruntons la route moutonnière qui longe la belle bleue,après quelque kilomètres la vallée de la Mitidja,la petite ville de Birtouta,des orangers des citronniers à perte de vue,nous voila arrivés devant une immense ferme,c'est le quartier général de la 712 émé CT. Nous sommes trois opérateurs télétypes,Chayne l'alésien et Blanchard le marseillais rejoignent le Minitère de la Guerre à Alger,pour ma part avec quatre autres trouffions direction Bouira en Kabylie.Notre capitaine,ne veux pas nous armer,après discution avec le sergent chef de bord,on nous remet à chacun une carabine US-M1 avec un lot de chargeurs (Ce sont les carabines qui armés les Marines en 1944). nous embarquons dans une petite camionnette direction les sinistres Gorges de Palestro,que nous traversons en convoi.
Nous nous arrêtons à Palestro pour admirer un nid de cigognes sur le clocher de l'église,notre copain alsacien se croit de retour chez lui.
Nous continuons notre route vers le sud à travers le djebel pour atteindre Bouira dans la soirée.Je rejoins un baraquement préfabriqué,c'est notre chambrée,tous les lits sont équipés d'un moustiquaire,nous sommes une quizaine de miliaires affectés au centre de transmissions qui côtoie notre chambrée.
Je suis le troisième opérateur télétype,je suis de service un jour (24 h ) sur trois.
Le lendemain matin un copain me propose d"aller faire un tour en ville (sans armes)
Nous croisons de jeunes femmes Kabiles vêtus de robes chamarées aux couleurs vives,elles ont de beaux visages souriants,brunes ou rousses,certains hommes en burnous sont blonds aux yeux bleus.,très peu de français de type européen seulement six femmes d'après lui.
Notre campement abrite également une équipe d'installation et de maintenance du réseau téléphonique de notre secteur,leur chef est un sergent d'active très sympatique,l'ensemble du détachement de la 712 ème CT est commandé par un jeune aspirant du contingent très proche de ses hommes.
Tous les dimanches à midi il déjeune avec nous ,c'est lui qui fournit le vin,deux jours avant il nous signe un ordre de mission pour une corvée de bois en zone interdite aux civils.Nous partons une dizaine avec notre Half-Track (Autochenille blindée) avec mitrailleuse 12/7 sur la tourelle avant et une mitrailleuse de 30 à l'arrière. Notre chauffeur conduit comme un fou ,on a intérêt de bien s'accrocher,et les passants a rester sur les trottoirs ? Une fois arrivée en zone interdite,nous devons récupérer un mouton,au retour notre copain boucher préparera les gigots,et la cuisson est confiée au boulanger du village.Le soir avec notre poêle à bois nous cuisons les abats en brochettes.
La journée avec mes copains de chambrée est monotone,certains jouent au tarot du matin au soir,pour ma part je fais des maquettes de maisons.
Un jour le sergent filiste vient demander du renfort pour protéger ses hommes sur le terrain,nous sommes trois volontaires,il me confie la mitrailleuses 12/7 un joli joujou,,cette vie me plait,je découvre du pays,de jolis petits douars,l'acceuil de la population,les pistes dans le djebel avec les merveilleux paysages du Djurjura aux sommets enneigés.
Un jour l'équipe doit rétablir la liaison téléphonique avec un village,nous cherchons ou la ligne est sectionnée,nous devons souvent nous arrêter pour effectuer les essais d'usage.Nous repartons avec notre véhicule blindé,un taxi en Simca Versailles nous double à vive allure,dans un virage à deux cent mètres devant nous une forte explosion
des flammes,le taxi sur le toit,le chauffeur carbonisé,nous découvrons deux bouteilles de gaz butane,c'est une mine artisanale qui nous était destinée.
Nous poursuivons notre mission,la ligne était bien sabotée,après réparation nous rentrons.C'est ma première embuscade.
Notre camp abrite également un petit détachement du train,les orienteurs,ils ont deux jeeps équpées d'un fusil-mitrailleur à l'avant,ils sont quatre par jeep,leur mission est de protéger et de diriger pour la nuit les camions de transports militaires vers notre camps. Toutes les nuits nous organisons les tours de garde,pour ma part,je suis chef de poste deux fois par mois,le poste de garde est un ancien poulailler,il faut baisser la
tête en rentrant et vite s'assoir,un téléphone pour joindre la sentinelle à l'entrée du camp,le deuxième est relié au mirador blindé qui surplombe un vaste champ en pente,un énorme phare permet d'éclairer à la demande nos différentes clotures en fils de fer barbelés;
Nos sentinelles sont souvent sollicitées,nous profitons des camions qui viennent s'abriter pour la nuit,pour récupérer des hommes pour la garde.
Pour certains c'est l'angoisse de monter cette échelle métallique de dix mètre de haut.
je suis dans ce cas obligé de monter avec leur fusil dans le mirador afin de leur expliquer les diverses consignes,cela se passe souvent sous un tir avec balles tracantes de toutes couleurs venant de la mitrailleuse d'un camp ami,la première fois c'est un peu stressant.
Pendant trois mois j'envoie des lettres très rassurantes à ma famille avec une belle photo devant mon télétype. Quand maman a reçu mon adresse postale SP. BOUIRA
elle été effrayé car mon cousin et voisin André est chasseur alpin au 22 ème BCA à quelques kilomères de Bouira et au cours d'une permission lui avait raconter l'enfer qu'il vivait. Avec André nous nous retrouverons pour partager un repas au restaurant.
Fin janvier,notre lieutenant nous informe que nous quittons définitivement notre poste.
Le lendemain matin,nous prenons la route,et à notre grande surprise,nous sommes dans un immense convoi avec les chasseurs alpins,les paras, la légion étrangère,
toutes les troupes de l'opération JUMELLES (Opération déclanchée en Kabylie en juillet 1959) nous roulons tous vers Alger,pas de radio, aucune information,que des rumeurs,certains évoquent un débarquement de brigades internationales armées par les russes ? Trente kilomètres avant Alger,nous quittons le convoi direction la 712 CT.
Après une nuit de repos,au petit matin ,sur une route,nous arrêtons et controlons tous les véhicules,avec vérifications des papiers des arabes et des pieds-noirs?Dans la soirée nous apprenons qu'une émeute vient de se déclencher à Alger "La semaine des Barricades du 24 janvier au 1er février 1960".
Pour ma part avec quatre compagnons une nouvelle aventure commence.
Avec le caporal-chef Gilles DECAIX opérateur radio et son chien Kabyle récupéré à Bouirra,nous sommes détachés au 23 èmè RIMA à Miliana,nous avons pour véhicule un 4x4 radio avec pour chauffeur un alsacien,et mon ami Moindrot,nous voila en route pour une nouvelle vie pleine d'imprévus.