Après avoir épouvanté les festivaliers l’an dernier avec un voyage cauchemardesque dans la Russie profonde (Une Femme douce), qui aurait mérité d’être au palmarès, Sergei Loznitsa nous embarque cette fois pour le Donbass, région d’Ukraine, où la guerre civile fait rage depuis 2014, entre l’armée régulière et les milices séparatistes soutenues par la Russie. En 13 séquences, inspirées d’évènements réèls et filmées de manière presque documentaire, le réalisateur ukrainien préféré du Festival (Il y a présenté presque tous ses films depuis My Joy), montre l’absurdité et la violence du conflit, mais aussi la misère et l’humiliation qu’il génère pour la population, dans un pays livré aux milices et aux gangs, qui pratiquent le racket à grande échelle pour financer l’effort de guerre. Dans les notes d’intention du film, Loznitsa ne dit pas s’il a vu le formidable documentaire que la française Anne-Laure Bonnel a consacré au conflit en 2016 (Donbass, la guerre oubliée), mais plusieurs séquences y font irrémédiablement songer.Notamment celle de la visite guidée des abris souterrains insalubres dans lesquels vivent les habitants pour échapper aux bombardements incessants...
Au-delà de la reconstitution d’un quotidien cauchemardesque, ce qui intéresse évidemment le réalisateur, comme dans ses films précédents, c’est «le type d’être humains engendrés par une société dans laquelle l’agressivité, le déclin et la désagrégation sont les maîtres» (sic).Et on peut dire qu’il en montre ici un panel particulièrement représentatif ! Avec des acteurs aux gueules incroyables et à la présence physique impressionnante, un dispositif alternant plans fixes et plans séquences filmés caméra à l’épaule, le film illustre le dicton qui veut que l’histoire se répète : la première fois sous la forme d’une tragédie, la seconde d’une farce. On rit effectivement quelquefois. Mais jaune !
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