Sais-tu ce qui m’emporte
Qui me brise, me ravage
Et parfois m’engloutit ?
As-tu déjà goûté ces eaux mortes
Qui nous oppressent sans rage
Dans une sombre moiteur de nuit ?
Qu’ont ressenti ton esprit et son corps nu
S’ils ont un jour quitté leur cage
Pour errer sur les contours du monde ?
L’exaltation trouble de l’inconnu ?
La lassitude d’un douloureux voyage ?
Le vertige noir de la chute profonde ?
As-tu dansé sur l’écarlate ligne
Dans l’ivresse du risque délicieux
De perdre pied sans même le savoir ?
Ou bien maudit ton audace indigne
Imploré l’aide incertaine des dieux,
Ou hurlé de toute ta terreur noire ?
Toi le voyageur de l’envers
Dis-moi si tu es revenu plus sage
Du bord de ces lointains rivages
Là où il n’y a ni terre ni mer.
Et surtout je t’en prie décris-moi
Ce qui t’as alors retenu
De ce dernier pas perdu
Ce pas dont tu as dû rêver parfois
Ce qui t’a alors envahi le cœur
Ces mots, ces sourires, ces images,
Ces arbres, ces caresses, ces visages,
La moindre parcelle de chaleur.
Car bientôt là-bas
Je devrai repartir.
Aide-moi
Aide-moi à en revenir.
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