A l’aube de ces matins clairs
Au crépuscule de ces nuits lentes
Je lève haut mon verre
A la fin brutale d’un monde
A la disparition des ombres.
Les sens sont devenus souvenirs
Puis fantômes sous la lumière
Implacable et crue du jour qui naît ;
Les rêves étoilés se sont effilochés
Il se sont envolés. Ils sont morts.
Et cette horloge, cette folle horloge
Qui tout à l’heure encore
Prenait les minutes pour des secondes
Et dont chaque battement maintenant
Semble vouloir durer des heures.
Je voudrais hurler sur le jour qui vient
Et maudire la terre, le soleil, tous ceux
Qui laissent la Lune à nouveau disparaître
Aucun d’entre eux ne sait comme moi
Que chaque au revoir est le dernier.
Et cette horloge, cette fatale horloge
Qui de son œil vide d’automate
Regarde la nuit s’enfuir sans rien faire,
Qui se moque de moi, de ma douleur
Et des mes mains incapables de la retenir.
Que ne puis-je lui arracher ses aiguilles d’acier
Pour les enfoncer dans son orbite de verre !
Que ne puis-je lui ouvrir son cœur d’airain
Pour en disperser les minutieux organes !
Nous serions ainsi deux à pleurer en silence
Ce qui s’achève à nouveau,
Ce qui meurt sans cesse.
1 comment
Blacksad said:
Ce n'est pas qui aurait le droit, selon quels critères, et dans quelles circonstances, etc... Tout le monde, une fois qu'il est dans une situation médicale difficile a ce droit (d'ailleurs, le reste du temps, ils peuvent aussi avoir ce droit mais ils le font eux-mêmes, sans médecin).
Moi je veux juste que celui qui n'en peux plus puisse dire stop. Ou que sa famille le dise à sa place s'il a dit ok lorsqu'il était en bonne santé. Et là on est 100% dans l'humain, pas dans la statistique. On est dans la souffrance intime, celle que personne ne peut ressentir à sa place. On est dans la dignité, car même si le bonhomme pourrait avoir une probabilité de vivre encore quelques mois (ou même plus) mais que lui ne puisse plus assumer d'avoir aussi mal, de se sentir diminué et assisté à ce point, il faut qu'il ait le droit de dire halte à tout.
Je ne veux pas de scores, de calculs, de conseils de vieux sages ou de cases à cocher. Je veux juste qu'un mec qui n'en peut plus et qui veut partir puisse le demander autrement qu'en catimini, qu'il puisse s'entendre dire oui clairement, à voix haute. Et que personne ne puisse en avoir honte ou en subir de conséquences. Qu'on lui envoie un psy pour en discuter calmement avec lui et sa famille et qu'on lui laisse un petit délai de réflexion, pourquoi pas. Mais qu'on écoute l'humain qui souffre et qui veut en finir la tête haute.
Bon, c'est vrai que si on me le demandait, je serais favorable au suicide assisté. Mais en tout cas, pour l'euthanasie, ça me paraît évident et indispensable de dépénaliser. Urgemment.