La crique où nous emmène Vivian est magnifique. Il y règne une atmosphère de calme et de sérénité. Les oiseaux et les vagues ajoutent leur touche de musique à l'ambiance du lieu. Sur la plage de galets, des rondins de bois échoués par les marées sont étendus à coté d'algues arrachées à la mer. Plus haut quelques arbres couchés par la tempête qui a sévi cet hiver essayent de survivre sur un sol d'un vert fluorescent. Plus haut des douglas taxifoliés, une sorte de pin, et des rochers. C'est là que nous posons l'ancre pour déjeuner. Après avoir arrimé le bateau, descendu la cantine et nous être débarrassé du gilet de sauvetage et du ciré, nous inspectons les lieux. Nous sommes à Skedans, un ancien village haïdas. Les allées d'herbes et de mousses semblent porter des colliers de coquillages. Elles sont bordées par des lignes de coques blanches placées tous les 10 cm de chaque cotés. Nous n'avons pas le droit de franchir les limites. Ce qui reste du village ne doit pas être piétiné. Le village a été abandonné après les épidémies apportées par les navigateurs et les marchands de peaux de loutre. La population a terriblement baissée et ceux qui ont survécus sont allés rejoindre d'autres villages. Depuis, le temps a fait son oeuvre. Les mâts totémiques sont partis rejoindre les musées, ceux qui restent n'ont pas intéressé les conservateurs et pourtant, celui là, encore bien planté au sol et creusé d'anneaux circulaires, raconte le nombre de potlaches organisés par le chef du village. D'autres mats protégeaient les restes d'un défunt conservés dans une boite sculptée. La boite à été retirée pour rejoindre le tiroir d'un musée mais les mâts sont resté là, vide de leur contenu. Il reste à Skedans le témoignage d'une nation qui a été pillée. La trace des maisons est encore présente. C'étaient d'immenses maisons de plus de dix mètres de cotés dont il ne reste que la fosse en escaliers ou s'entassaient famille et invités. Les poutres qui tenaient la toiture sont tombées au sol. Elles nourrissent, comme les anciens totems, les nouvelles pousses d'arbre, la mousse et les herbes humides. En face du village, la baie, toujours magnifique et, pour remplacer les embarcations en bois des anciens haïdas, notre bateau pneumatique tenu à son ancre d'acier. Cette embarcation nous amènera vers Hot Spring, une destination populaire sur haïda Gwaii par la présence de sources chaudes. Trois bassins aménagés permettent de s'y baigner. L'endroit est entretenu par les descendant des haïdas, ils font partie des gardiens, ceux qui veillent sur Haïda Gwaii et guident les visiteurs sur les sites anciens. J'y ai rencontré deux hommes et une femme. Les "WatchMens" m'offriront le guide du visiteur après y avoir déposé le sceau qui atteste de mon passage. Hier, les gardiens haïda ont vu une baleine passer devant les bassins d'eau chaude car ils donnent une vue imprenable sur la mer. S'y baigner est un vrai bonheur après avoir affronté la pluie et la mer houleuse. Le musée anthropologique de Vancouver sera mon dernier lieu de rencontre avec les haïdas pendant ce séjour. Un musée riche et réaménagé depuis l'an dernier. Dans la cour, une maison reconstituée et des mâts totémiques. Le musée dispose d'une galerie d'objets anciens conservés dans des vitrines et des tiroirs. La chose la plus intéressante à mon avis, parmi ces reliques, est l'album de photos prises par les pionnier de la photographie il y a plus d'un siècle. Les photos montrent ce qu'à pu être la vie sur les iles de Haïda Gwaii, les traditions et la richesse culturelle de ce peuple premier occupant de ce bout de terre du Canada. |
|
0 comments