Ne dites pas, je serai parti demain,
car je ne cesse de naître aujourd'hui encore
Regardez en profondeur je nais à chaque seconde bourgeon sur une branche printanière, oisillon aux ailes encore fragiles, apprenant à chanter dans mon nouveau nid, chenille au coeur d’une fleur ; bijou caché dans une pierre.
Je ne cesse de naître, pour rire et pour pleurer ; pour craindre et pour espérer :
Mon coeur est rythmé par la naissance et la mort de tout ce qui est vivant.
Je suis l’éphémère se métamorphosant sur l’eau de la rivière, et je suis l’oiseau qui, au printemps, naît juste à temps pour manger l’éphémère
Je suis la grenouille nageant heureuse dans la mare claire,
Et je suis l’orvet approchant en silence pour se nourrir de la grenouille.
Je suis l’enfant d’Ouganda, décharné, squelettique, aux jambes pareilles à des bambous fragiles,
et je suis le marchand d’armes vendant des armes meurtrières à l’Ouganda.
Je suis la fillette de douze ans, réfugiée sur une frêle embarcation,
Se jetant à l’eau pour avoir été violée par un pirate,
et je suis le pirate, au coeur incapable encore de voir et d’aimer :
Je suis un membre du Politburo, et je suis l’homme qui doit acquitter sa "dette de sang " envers mon peuple, mourant lentement aux travaux forcés
Ma joie est comme le printemps, chaude, au point d’épanouir des fleurs en tout mode de vie.
Ma peine forme une rivière de larmes, débordante, au point d’emplir les quatre océans.
S’il vous plaît, appelez-moi par mes vrais noms,
Que j’entende ensemble mes cris et mes rires,
Que je voie ma joie mais aussi ma peine.
Appelez-moi, s’il vous plaît, par mes vrais noms,
Que je m’éveille, et ouvre pour toujours la porte de mon cœur, la porte de la compassion.
Thich Nhat Hanh
2 comments
Eric Desjours said:
Thich Nhat Hanh nous appelle à retrouver la voie de la raison et de l'authenticité, et tu as bien raison de le citer, Annick.
Rien de plus délétère en effet que de vivre dans l'artifice. Les repères se perdent, comme nos attaches, notre enracinement profond dans notre environnement. Notre humanité disparaît au profit de réflexes conditionnés par l'instinct, sans réflexion. Nous devenons petit à petit des machines manipulables et programmables à merci...
Annaig56 replied to Eric Desjours: