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Il ne manquait que la fanfare
Dimanche 3 Février - Départ d’Antananarivo pour Fort Dauphin. Le but du voyage. Moins de deux heures de vol et nous voilà dans le Sud de la Grande île. Mario et son épouse Soerah, sont arrivés de Paris dans la nuit. Mario est président d’une association d’entraide aux populations malgaches : « Les Amis de Fort Dauphin ». Il est aussi adjoint au maire de Oissel (Seine-Maritime) et président du comité de jumelage entre les deux villes. Depuis bientôt 20 ans, son association consacre et concentre son action sur cette ville malgache et sa région.

Grâce à elle, une école primaire pour 500 élèves a été construite. Les Malgaches, avec l’aide de bénévoles français, l’entretiennent. Résultat, 10 ans plus tard, l’établissement est comme neuf. L’association finance également toutes les fournitures scolaires. L’ONG a trouvé les financements qui ont permis la construction d’une caserne de sapeurs-pompiers dont la ville avait grand besoin. Autre gros chantier, la construction en cours, un hôpital, cofinancé par la ville et l’association. La pose de la première pierre est programmée mercredi en présence du préfet. On me dit que ma présence est indispensable. Une journée de photos perdue.

L’action de l’association franco-malgache en faveur des populations locales va plus loin. Outre l’ouverture il y a 4 ans d’un dispensaire médical dans la brousse qui bénéficie à plus de 3.000 personnes, elle a fait creuser une quarantaine de puits dans les villages alentour pour accéder à l’eau potable.


Avec un quarantaine de puits comme celui-ci, des milliers de malgaches ont accés à l'eau potable



Un système de micro-crédits a également été mis en place. Mais cette dernière action n’est pas à proprement parlé un succès. Le projet devait permettre la réalisation de poulaillers. Les oeufs récoltés étaient destinés être vendus sur les marchés, permettant aux bénéficiaires d’en tirer un revenu pour vivre et rembourser le crédit. Les poules ont été vendues ou mangées avant d’avoir pu pondre. Et la notion de prêt a souvent été confondue avec un don. Fin de l’histoire. Enfin, pas pour Mario qui persiste à penser que l’idée du micro-crédit doit être relancée. Il est pugnace Mario.

A Fort Dauphin, nous sommes attendus par toute une délégation d’officiels à la descente de l’avion. On nous fait passer par le salon VIP, le maire est là, en personne avec plusieurs membres du conseil municipal. Son chauffeur se charge de réceptionner nos bagages. Moi qui voyage habituellement en toute discrétion, là, c’est raté ! Il ne manque plus que la fanfare. Mais à fort Dauphin, il n’y a pas de fanfare. Une chance.

Lundi 4 Février - A 8 heures, levée des couleurs devant la mairie, hymnes nationaux, discours de bienvenue de Mam, le maire chez qui nous avons dîner la veille au soir. Déjà l’arrivée à l’aéroport valait son pesant de cacahouètes, mais là, on nous traite comme des chefs d’Etats. J’ai un étrange sentiment en me retrouvant au garde à vous devant les drapeaux nationaux montant au ciel, au son de la Marseillaise. Au tour du chant national malgache. Mais là, c’est une inattendue samba qui s’échappe des enceintes. La programmation informatique n’est pas au point. Après quelques secondes de flottement, les policiers municipaux et les officiels locaux entonnent à capella l’hymne malgache. Ça a plus de gueule qu’une bande son.



Réunion travail dans le bureau du maire pour faire le bilan des actions humanitaires et des chantiers en cours. J’en profite pour demander au chef de la police et au colonel des sapeurs-pompiers, de suivre leurs troupes pour les besoins des reportages que j’envisage. C’est d’accord ! Ils sont honorés de l’intérêt que je leur porte. Je n’en demandais pas tant. En France, il m’aurait fallu 15 jours pour obtenir les autorisations. Là, c’est réglé en deux coups de cuillère à pot.



Avant que la séance de travail ne commence, je glisse un mot à l’oreille du maire, pour lui dire que la lumière est propice pour faire des photos de sa ville. Je m’éclipse de la réunion avec son assentiment… Sous les applaudissements des dignitaires locaux. Celle-là on ne me l’avait jamais faite !

Les malgaches sont des gens, on ne peut plus sympathiques. Ils sont prêts à se couper en quatre pour vous faire plaisir. De sorte que durant mon séjour je vais être obligé de gérer les susceptibilités liées à un programme officiel -très chargé-, et la nécessité de « m’échapper » du protocole pour me retrouver incognito auprès des populations locales. Seule façon pour moi de photographier sereinement le quotidien des malgaches. L’enfer est parfois pavé de bonnes intentions.

3 comments

Pat Del said:

Félicitations pour la qualité de ton article ! C'est bien plus qu'un reportage : c'est la transmission vibrante d'un hommage rendu aux initiateurs d'une aide au développement, qui paraît plus que jamais cruciale ...
5 years ago ( translate )

Nicole Coutens said:

Bravo ! Et merci de nous faire partager ces moments
5 years ago ( translate )

Annaig56 said:

merci pour ce très beau partage très apprécié
5 years ago ( translate )