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Visite dans un village de brousse
Mardi 12 Février - Trois heures de 4X4 dans les dunes et les pistes de sable pour parcourir les 40 km qui séparent Fort Dauphin, d’un un village de brousse au nom imprononçable (pour moi).



But de la visite : contrôler un puit qui ne fonctionne plus depuis des mois, obligeant les villageois à s’alimenter en eau dans le marais voisin. Devant le désarroi des habitants, le maire de Fort Dauphin et le président de l’ONG normande que j’accompagne, décident de débloquer une aide d’urgence nécessaire au changement des pièces défectueuses. Des techniciens viendront dans les prochains jours.
Sur place, côté photographie, c’est zéro ! Le soleil est au zénith rendant la lumière trop dure, que même les capteurs modernes n’encaissent pas. Pendant que les responsables discutent avec le chef du village, j’en profite, malgré le soleil de plomb et ma chemise trempée, pour aller faire un tour dans ce qui est sensé être un village. Des paillotes en joncs tressés renforcés de quelques planches. Sans eau bien entendu (sinon les villageois n’auraient pas besoin d’un puit à pompe) et encore moins d’électricité. Ils vivent dans le dénuement le plus total. loin de tout. Leur seule ressource : la pêche. ; le village se trouvant sur une bande de sable entre l’océan indien et l’embouchure d’une rivière d’eau saumâtre.





En déambulant au hasard dans ce village je tombe sur ce qui ressemble à une école. Bonne surprise. L’institutrice m’accueille à bras ouverts et dans un français parfait, elle m’explique que les deux salles de classe ne sont plus suffisantes pour accueillir les 80 enfants du village.
L’école a été construite par les Canadiens en compensation de l’installation à proximité, d’une mine qui extrait depuis une bonne dizaine d’années de l’ilménite. Un minerai de base entrant dans la composition de colorants destinés aux peintures, plastiques et papiers. Le gisement, de très haute qualité, est estimé à 70 millions de
tonnes.



Depuis le début de l’exploitation et les modifications des éco-systèmes qui s’en sont suivis, 50 % des espèces de poissons ont disparu. Hormis les pollutions accidentelles, cette situation s’explique surtout par la construction d’une barrage par les Canadiens.
D’où la construction de l’école au titre des compensations. L’établissement scolaire a bénéficié par la suite d’un agrandissement, mais depuis, plus rien.



Mam, le maire de Fort Dauphin et toute l’équipe nous rejoignent. Je leur repasse la patate chaude. Moi, je n’ai aucun pouvoir de décision. Le maire qui était venu pour envisager la réparation d’un puit à pompe pour quelques centaines d’euros se retrouve avec une demande d’agrandissement d’une école.
Je commence à connaître le bonhomme et je sais qu’il va désormais chercher des financements auprès des autorités régionales et des Organisations humanitaires. Mario, le président des « Amis de Fort Dauphin » a déjà une petite idée des portes auxquelles il pourrait aller frapper. Mais il prévient le chef du village que, si le puit sera réparé dans les plus brefs délais, trouver un financement pour agrandir une école, c’est une autre paire de manche. Le chef à l’air déçu.



2 comments

Pat Del said:

Ton reportage nous éclaire sur les difficultés d'une population, qui ne parvient pas à s'en sortir sans aide extérieure. Tes photos en disent long sur leur dénuement ...
5 years ago ( translate )

Nicole Coutens said:

la colonisation des temps modernes... voir post modernes !! Merci Jean-Luc et bravo pour ton implication auprès de ces communautés démunies
5 years ago ( translate )