IMG 6489 Gustave Caillebotte. 1848-1894. Paris. Sur le pont de l'Europe. On the bridge of Europe. 1877 Paris Orsay. Prêt du Kimbell Art Museum de Fort Worth (Texas) Loan from the Kimbell Art Museum in Fort Worth (Texas)
Gustave Caillebotte. 1848-1894. Paris.
Sur le pont de l'Europe.
On the bridge of Europe. 1877 Paris Orsay.
Prêt du Kimbell Art Museum de Fort Worth (Texas)
Loan from the Kimbell Art Museum in Fort Worth (Texas)
LE BEAU EST UNE EXPÉRIENCE PARTAGÉE
"Le monde discerne la beauté, et, par là le laid se révèle. Le monde reconnaît le bien et, par là le mal se révèle."
Dao De Jing, le Livre de la Voie et de la Vertu
LAO TSEU (Laozi)
“When the people of the world all know beauty as beauty, there arises the recognition of ugliness. When they all know the good as good, there arises the recognition of evil.”
Dao De Jing, The Book of the Way and Virtue
LAO TZU (Laozi)
"Tout l’art florentin depuis Giotto et tout au long du Quattrocento, possède cette stupéfiante qualité de vérité absolue, reconnue. L’effet immédiat d’un grand Giotto ou d’un Masaccio est de laisser le spectateur sans voix. Cela s’appelait autrefois la Beauté."
MARIE MAC CARTHY "Les Pierres de Florence" 1956.
“All great Florentine art, from Giotto through the quattrocento, has the faculty of amazing with its unexpected and absolute truthfulness. This faculty was once called beauty The immediate effect of a great Giotto or Masaccio is to strike the beholder dumb.”
MARY McCARTHY, “The Stones of Florence,” 1956.
"Il est impossible de rien comprendre à l'art médiéval si l’on ne comprend pas quel espace de liberté y est consenti à l’artiste. L’art médiéval offre l’évidence d’un plaisir des formes qui est commun aux artistes et à leur public et qui ne se confond pas avec l’inspiration religieuse."
ANDRE CHASTEL. L’Art Français Flammarion 1993
"It is impossible to understand anything about medieval art if we do not understand what space of freedom is granted to the artist. Medieval art offers evidence of a pleasure of form that is common to artists and their audiences and not confused with religious inspiration."
ANDRE CHASTEL. French Art Flammarion 1993
Le monde est là pour être goûté; la réalité est là comme un banquet qui s'offre, l'art n'est rien d'autre que l'exaltation de la saveur cachée des choses.
François CHENG. (« Toute beauté est singulière » « D’où jaillit le chant » et « Shitao, la saveur du monde »)
The world is there to be tasted; reality is there as a banquet that is offered, art is nothing more than the exaltation of the hidden flavor of things.
François CHENG. ("All beauty is singular" "From where the song springs" and "Shitao, the flavor of the world")
Contrairement à une idée reçue, toute nouvelle, considérée comme une évidence à notre époque, le Beau n'est pas subjectif. Non, le Beau n'est pas seulement une question de goût personnel, un arbitraire total, absolument égocentrique. Le beau n'est pas autiste, il est un partage, même si certaines de ses formes peuvent être plus accessibles à certaines personnes qu'à d'autres, à certaines cultures et pas à d'autres.
La preuve que le Beau existe est qu'il est reconnu et admis de manière unanime par les opinions publiques, et celle des spécialistes, pour des millions d' oeuvres dont les dates de création vont de - 3000 à nos jours. Le Beau est d'ailleurs reconnu, vécu comme une expérience généralement partagée, non seulement dans l'art mais dans tout le spectacle de la Nature.
Il faut laisser de côté les définitions abstraites. Les Philosophes n'ont jamais réussi à donner une définition satisfaisante et incontestable du Beau. Laissons à Platon son Idée d'un Beau transcendant impossible à atteindre. Restons à un niveau plus trivial, celui de la beauté remarquable, concrète : il n'y a absolument aucune discussion sérieuse quant à l'existence du Beau, d'une sensation commune, une émotion poétique, partagée par des millions d'hommes, depuis L'Art Paléolithique, l'Art Egyptien jusqu'à l'Art Moderne, depuis la Chine jusqu'à l'Europe et l'Amérique.
Le Beau ne se définit pas, il se ressent individuellement et collectivement. Individuellement ressenti le beau est seulement subjectif, il n'a d'importance que pour une personne, collectivement ressenti, partagé par les élites et les populations, ensemble, il s'objective. Il devient une réalité à l'échelle d'une collectivité plus ou moins large, et même jusqu'à la Terre entière. Le Beau est tout simplement un fait vérifié par l'expérience de milliers de générations d'humains sur l'ensemble de la Terre.
On peut même soutenir que des trois idées fondamentales Beau, Bien, Vrai, le Beau est la première dont nous pouvons repérer l'apparition avec certitude dans l'histoire des hommes: Parce qu'il laisse des traces que nous constatons. Quand apparait l'idée de Bien? Quand apparaît l'idée de Vrai ?
Le Beau ne se définit pas, il se ressent et il évolue en fonction du temps. Sans aucun doute l'erreur de l'Académie de Paris vers 1850 a été de vouloir définir les règles du Beau, in abstracto, pour tous les temps et toutes les civilisations, erreur profonde, et les impressionnistes ont eu très vite raison contre lui. Ils ont démontré que le Beau partagé pouvait prendre d'autres formes.
Le Beau peut prendre des formes différentes selon les cultures ou les civilisations. Il est reconnu comme Beau à l'intérieur de son domaine culturel, mais aussi souvent à l'extérieur.
La peinture des lettrés chinois est très particulière, il est possible à titre individuel de ne pas l'apprécier, mais il serait faux de parler à son propos d'un Art du laid, et elle n'est pas jugée comme tel par l'épreuve du temps et de sa confrontation avec d'autres cultures comme celle occidentale.
Le Beau est tout simplement un fait vérifié par l'expérience de milliers de générations d'humains sur l'ensemble de la Terre. Le tableau de Léonard de Vinci, la Joconde (Mona Lisa) et le succès qu'il rencontre auprès des populations extrême orientales est une preuve de cette universalité du Beau.
Il existe "un sens du Beau, commun à toute l'humanité" qui est indépendant des modes, des religions et des idéologies et même des cultures. Même s'il ne faut pas négliger certaines spécificités ou variabilités tenant à telle culture ou à telle époque. Le constat global reste celui d'un partage du sentiment du beau à l'échelle universelle.
Le beau s'identifie par une intense satisfaction, un sentiment de bonheur, de joie, d'ordre sensuel ou intellectuel qui envahit la personne, c'est son point de départ subjectif . Ce point de départ subjectif qui s'objective par le partage de ce sentiment avec une foule d'autres personnes, de cultures et d'époques différentes, pour parvenir à l'émergence d'une quasi unanimité et d'une quasi universalité.
Le beau est certes un vécu subjectif en ce qu'il est ressenti individuellement, mais il s'objective par l'opinion convergente, formulée au cours du temps, par les peuples et les élites. C'est ce jugement commun des peuples et des élites, cette expérience partagée, qui objective et prouve le Beau.
Ce qui est subjectif ce sont les préférences des individus. Ce qui est subjectif c'est quand une personne préfère les fresques romanes ou l'art du gothique international à la peinture de la Renaissance Italienne.
Quand une personne préfère l'art du paysage ou la peinture de moeurs à la peinture religieuse.
Si on avait dit à Fra Angelico, à Raphaël ou à Rubens que le Beau n'existe pas et est affaire purement subjective, ils auraient haussé les épaules.
Non seulement le sentiment du Beau est un fait d'expérience, un bien commun à l'humanité, qui traverse les temps et les cultures, mais le Beau peut être ressenti alors que les idéologies qui ont inspiré les oeuvres d'art à une époque donnée, dans une région de la Terre, sont mortes en tant que croyances actives.
Il n'est pas nécessaire de croire dans les Esprits, les Dieux Egyptiens, Grecs, Hindous ou dans les Bouddhas pour apprécier la beauté de l'art des cavernes, de l'Egypte antique, de la Grèce, de l'Inde, ou de l'Asie du Sud Est.
De même, les représentations de Dieu et du monde qui sont celles des églises chrétiennes, qui ont été vivantes et profondément significatives pour les populations européennes pendant plus d'un millénaire, peuvent ne plus avoir de sens pour une très large majorité des populations de l'Europe de l'Ouest et du Nord au 21è siècle. Il reste cependant que ces populations, comme d'autres peuples dans d'autres cultures, peuvent reconnaître le Beau dans des oeuvres d'art dont les symboles ne sont plus idéologiquement significatifs pour elles, voire même leur paraissent absurdes. Les croyances changent mais le sentiment du Beau dure.
Le Beau est donc un fait constaté au travers de toute l'histoire des civilisations.
Le Beau est certes une idée, mais pendant des siècles ce n'était pas une idéologie. Et encore moins son contraire le Laid. Les multiples idéologies, le plus souvent religieuses, qui ont habité durant des millénaires l'esprit des hommes ont utilisé l'idée du beau pour soutenir leurs croyances les plus diverses et même opposées.
A partir de la seconde moitié du 20è siècle les élites idéologiques et politiques de l'Occident, athées, ont décidé d' imposer la croyance que le Beau n'existait pas, et de faire croire que le Laid est une valeur recommandable. L'art contemporain officiel en est la démonstration: Le laid est devenu une idéologie, l'idéologie correcte du mondialisme. La population la plus "éclairée" est invitée à communier avec le Laid, et l'Absurde, à y patauger délicieusement, avec distinction et conceptualisme.
L'affirmation que le Beau n'existe pas, est purement subjectif, est une idée fausse, conçue et répandue au cours de la seconde moitié du 20è siècle pour des motifs idéologiques et économiques.
Les motifs idéologiques sont, notamment, que ce relativisme permet de justifier l'Art Laid officiel et que l'art laid est un critère de distinction entre les Eclairés et ceux qui ne le sont pas. L'homme peut en effet inventer des idéologies, des croyances, qui nient le Beau et le Bien. Cette capacité d'invention de croyances les plus diverses et contraires fait la différence entre l'homme et les animaux.
C'est une évolution mais ce n'est pas nécessairement un progrès. Ce peut être, c'est toujours, inévitablement, sous certains aspects, aussi une régression. La capacité d'inventer le Beau rencontre son contraire, celle d'inventer le Laid. Et même, comme dans l'art contemporain officiel, d'en faire une règle, une doctrine. La capacité au Bien est inséparable de celle de faire le Mal. Et la formulation de vérités ouvre toute grande la porte aux mensonges.
Outre les motifs idéologiques, cette affirmation permet aussi de fabriquer et de vendre du Laid, ce qui est une excellente affaire. Et ce n'est pas la moindre raison de ce succès. L'Art Contemporain Officiel, étatique, l'art des grandes Organisations Culturelle Internationales a bien évidemment partie liée avec le grand capitalisme des marchands et des financiers, et avec les Grandes Fondations "philanthropiques" qui en sont l'émanation. Des Fondations pour lesquelles le profit peut se faire à propos du beau, mais tout aussi bien avec du laid. Et si le laid est de meilleur profit, ils n'hésiteront pas. Ils peuvent même vous faire croire que le laid est beau. Et en attendant votre conversion, ils vous font croire que c'est légitime et surtout supérieurement intelligent. Car plus l'acheteur potentiel restera bouche béante devant l’œuvre, plus grand il ouvrira son portefeuille.
BEAUTY IS A SHARED EXPERIENCE
Contrary to a widely, yet only recently accepted notion, which is now considered a truism, Beauty is not subjective. No, Beauty is not just a matter of personal taste, total arbitrariness and absolute egocentricity. Beauty is not autistic, it involves sharing, although some of its forms may be more accessible to some people than others, to some cultures and not to others.
The proof that Beauty exists is that it is recognized and unanimously accepted as such by public opinion and by specialists, with regard to millions of works of art created between 3000 B.C. to the present day. Beauty is generally recognized as a shared experience, not just in relation to art, but also in the spectacle that Nature offers.
Abstract definitions should be set aside. Philosophers have never succeeded in giving a satisfactory and unquestionable definition of Beauty. Forget about Plato and his idea of transcendent, unattainable Beauty. Let us stay at a more trivial level, that of outstanding, concrete beauty : there is absolutely no serious dispute as to the existence of Beauty, a shared sensation, a poetic emotion shared by millions of men, from Paleolithic and Egyptian Art to Modern Art, from China to Europe and America.
Beauty does not define itself, it is felt individually and collectively. Individually felt Beauty is only subjective, it only matters to one person ; collectively felt Beauty, shared by the elites and the people alike, becomes objective. Beauty becomes a reality at the level of a larger community that can even extend to the entire Planet. Beauty is simply a fact verified by the experience of thousands of generations of human beings spanning the entire Earth.
One can even argue that of the three fundamental ideas — Beauty, Goodness, and Truth — Beauty is the first that we can discern with certainty in the history of mankind, because Beauty leaves visible traces. When does the idea of Goodness appear ? When does the idea of Truth appear ?
Beauty cannot be defined, it is felt and evolves with the passing of time. The mistake of the Paris Academy around 1850 was undeniably to seek to define Beauty, in abstraction, for all time and all civilizations ; a grievous error, against which the Impressionists very quickly dispelled. They demonstrated that shared Beauty could take other forms.
Beauty can take different forms depending on the culture or civilization. It is recognized as Beauty within its cultural domain, but also often outside it.
Chinese scholarly painting is very particular, it is possible for an individual not to appreciate it, but it would be wrong to speak about it an Art of Ugliness, and it is not deemed as such by the test of time and its confrontation with other cultures, such as the Western. Beautify is simply a fact verified by the experience of thousands of generations of human beings all over the Earth. Leonardo’s painting of the Mona Lisa and its popularity among the peoples of the Far East testify to this universality of the Beauty.
There exists “a sense of beauty, common to all mankind” that transcend fashions, religions, ideologies, and even cultures, even though certain variables specific to a certain culture or period should not be disregarded. The bottom line remains a shared feeling of beauty on a universal scale.
Beauty is identified by intense pleasure, a feeling of happiness, of joy, of a sensual or intellectual nature that overwhelms a person, that is its subjective starting point. This subjective starting point becomes objective when the feeling is shared with a multitude of other people, of different cultures and eras, giving rise to a near unanimous and universal experience of Beauty.
Beauty is certainly a subjective experience in that it is felt individually, but it is objectivized by the convergence of opinion, formulated in the course of time, between the people and the elite. It is this common opinion the people and the elites, this shared experience, which objectivizes and verifies Beauty.
It is individuals’ preferences that are subjective. Subjective is a person’s preference for Romanesque frescoes or international Gothic art over Italian Renaissance painting, or preference for landscape or genre painting over religious painting.
If someone had told Fra Angelico, Raphael, or Rubens that Beauty does not exist and is a purely subjective matter, they would have shrugged.
The Beautiful is certainly a subjective, individually felt, but it is objectified by the synthesis of the multiple opinions of peoples and their elites.
Not only is the sense of Beauty a matter of experience, a common heritage of mankind spanning periods and cultures, but Beauty can be experienced even after the ideologies that inspired art works at a certain period of time, in a specific part of the Earth, have died as active beliefs.
There is no need to believe in the Spirits or Gods of the Egyptians, Greeks, Hindus or in Buddhas in order to appreciate the beauty of cave art, or the art of ancient Egypt, Greece, India, or Southeast Asia.
Likewise, the representations of God and the world prevailing in Christian churches, that have been alive and deeply meaningful to the peoples of Europe for over a millennium, may no longer make sense for a very large majority of the peoples of Western and Northern of the Europe in the 21st century. The fact remains, however, that those peoples, like other peoples in other cultures, can recognize Beauty in art works whose symbols are no longer ideologically meaningful or even appear absurd, to them. Beliefs change but the sense of Beauty remains.
Beauty is therefore an experience fact observed throughout the history of civilizations.
Beauty is certainly an idea, but for centuries it was not an ideology. And even less its polar opposite, Ugliness. The many ideologies, most often of a religious nature, that have inhabited men’s minds for thousands of years have used the idea of Beauty to support the most diverse and even opposite beliefs.
Beginning in the second half of the 20th century, the ideological and political elites of the West, all atheists, decided to impose the belief that Beauty does not exist, and to force people to believe that Ugliness is a positive, commendable quality. Official contemporary art is the proof : ugliness has become an ideology, the correct ideology of globalism. The most “enlightened” segment of the population is urged to commune with the Ugly and the Absurd, to wallow in it with delight, and to revel in its distinction and conceptualism.
The assertion that Beauty does not exist and is purely subjective, is a false idea, conceived and propagated during the second half of the 20th century for ideological and economic motives.
The ideological motives are, in particular, that such relativism allows one to justify the official Art of the Ugly and that Ugly Art is a criterion distinguishing the Enlightened from those who are not. Man can indeed invent ideologies or beliefs that negate Beauty and Goodness. This ability to make up the most diverse and even contrary beliefs is what sets apart mankind from animals.
Evolution it may be, but not necessarily progress. It can be, in fact from certain aspects it is always and inevitably a regression. The ability to invent Beauty has met its opposite, that of inventing Ugliness. And even, as in official contemporary art, to set it up as a rule, a doctrine. The capability to do Good is inseparable from that to do Evil. And the formulation of truths opens the door wide to lies.
Beyond ideological motives, this finding also makes it possible to manufacture and sell the Ugly, which is a wonderful deal. And that is not the least reason for its success. The official, state-sponsored Contemporary Art, the art of the great International Cultural Organizations, goes hand-in-hand with the high capitalism of merchants and financiers, and with the “philanthropic” Great Foundations that derive therefrom. Foundations for can profit from the Beautiful as from the Ugly. And if the Ugly is more profitable than the Beautiful, they will not hesitate for a second. They can even make you believe that ugly is beautiful. And while waiting for your conversion, they make you believe that it is legitimate and above all supremely intelligent. Because the more the potential buyer gapes open-mouthed at the Work of Art, the deeper he will open his wallet.
More information
Visible by: Everyone
Attribution + non Commercial + share Alike
-
Taken on Wednesday January 11, 2017
-
Posted on Tuesday January 7, 2020
- 140 visits
0 comments