Je tenais à faire un petit aparté cinéphile concernant cet excellent film qui fait une part belle au métier de photographe.
Pour être franc, je suis resté scotché sur mon fauteuil pendant deux heures devant la prouesse d’acteur de Romain Duris . Cet acteur vu dernièrement dans un film bien plus léger « L’Arnacoeur’ endosse ici avec brio le rôle d’un homme trompé, avocat de métier, passionné de photo qui, à la suite d un incident dramatique va voir sa vie bouleversé et subira une fuite en avant dans laquelle il réalisera son rêve, devenir photographe.
Je ne dévoilerai pas ici les tenants et aboutissants de l’histoire, laissant les personnes n’ayant pas vu le film courir vers leur cinéma le plus proche afin de le voir à leur tour.
La bande son est également de grande qualité, soulignant avec force les instants dramatiques des scènes fortes du film.
Seule la fin pourra en dérouter certains. Celle-ci ne correspondant d’ailleurs pas à ce que l’on peut trouver dans le roman de Douglas Kennedy qui voit ici son adaptation cinématographique sur grand écran.
Je n’ai pas lu le livre mais c’est ce qui ressort des critiques lues sur Allociné.
Ce film peut interpeller sur ce qui conduit à la réussite photographique.
Ce n’est probablement pas le sujet premier de ce film qui nous fait également réfléchir sur le sens de notre vie mais pour quelqu’un qui aime la photographie, la question se pose.
Qu’est ce qui, pour un photographe, va amener au succès, à la notoriété ? Le travail me direz-vous ? Oui, inévitablement, le talent ? Forcement, mais ne faut il pas, comme dans le film, une rencontre, une opportunité qui permettra de faire découvrir son travail et le montrer à un groupe d’érudits, de professionnelles, d’artistes ?
Evidemment, le succès rencontré dans le film par Romain Duris est très caricatural et semble assez loin de la réalité mais ne seraient-ce pas là, effectivement les bonnes « ficelles » à tirer ?
Le sujet. N’est ce pas au départ, l’élément le plus déterminant dans une œuvre ?
Le film montre Romain Duris shootant les ouvriers des chantiers naval Hongrois dans leur quotidien à l’aide d’un vieux boitier Nikon et d’un télémétrique (Leica ?).
Les photos ayant servis de support au film sont d’ailleurs remarquables. L’ambiance des chantiers étant propice à de sacrés portraits et à de belles perspectives.
La réussite, et la reconnaissance ne passe t elle pas toujours en encore par les circuits « classiques » de la photo comme le démontre le film ?
Par chance, la photographie comprends en elle-même un tel champ d’exploration (paysage, reportage, macro, portrait etc.) qu’il est bien difficile d’en tirer une règle générale sur la réussite dans tel ou tel domaine.
La technologie modifie profondément le métier de photographe. Le secteur le plus touché est sans nul doute la photo de reportage.
Qui se souvient des scènes de ce merveilleux film « La déchirure » où l’on voit des photographes en pleine oppression khmers développer leur films dans des labo de fortunes sur le théâtre des opérations avant de les expédier à leur rédaction ?
A l’heure actuelle, un type équipé d’un simple Smartphone se trouvant confronté à un évènement majeur, peut, en quelques minutes envoyer ses photos, voire ses films sur Twitter pour être récupérés à l’autre bout du pays par des rédactions qui payerons parfois au prix fort parfois pour des clopinettes des documents qui se retrouverons une demi heure après dans un flash express diffusé en « exclusivité » sur toute la planète.
C’est le progrès, le choc des photos, la fièvre de l’information et du sensationnel mais aussi la perte de toute identité professionnelle.
La photo est un art. Mais aussi un vecteur de communication (terme à la mode) extrêmement puissant.
Peut-on allier les deux et en faire la somme ? Sans doute. En visionnant ce film, je pense en avoir vu la démonstration éclatante.
PG
Au 9/03/2011
Je viens de terminer la lecture du roman de Douglas Kennedy.
Excellent bouquin très bien écrit ; Le gars kennedy a un sacré talent. Le récit est passionnant.
Pour en revenir à l’adaptation, on peut dire sans aucun doute qu’elle a été assez libre. Beaucoup de différences entre ce livre et le film.
Je vous conseillerai vivement sa lecture si vous avez vu le film. Comme la plupart du temps, le roman est bien plus riche est passionnant que sa version cinématographique.
En ce qui concerne la part belle qui est faite à la photo dans le film et qui avait valu un petit encart sur ce blog, le roman n’amène pas grand-chose de plus . Les réflexions sur le métier de photographe sont déjà assez bien appréhendées dans le film.
Bref, pas déçu d’avoir avalé les presque 500 pages de ce bouquin hautement recommandable.
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