On l’avait laissé sur la route avec Rétroviseur, un album en forme de road movie...On retrouve le Marseillais Fred Nevché sur «L’Océan», croisant au large de l’Andalousie pour Valdequeros, quatrième album voyageur. Avec Johnny en passager clandestin !
Dans «Décibel», le long poème musical et visuel qu’il a lâché sur Internet en janvier, comme on jette une bouteille à la mer, Fred Nevché racontait déjà ce rêve «étrange et récurrent» dans lequel il traverse la France en voiture avec Johnny comme passager… C’est devenu une chanson («Moi je rêve de Johnny souvent») de son quatrième album, Valdevaqueros qui vient de sortir sur le label de la coopérative InternExterne qu’il a fondée à Marseille.«Une forme d’hommage à celui qui a introduit la musique moderne, et pas seulement le rock’n’roll, dans notre vieux pays.Je l’ai écrite deux ans avant sa mort parce qu’il embrasse une certaine idée de la France et traverse les générations.Il était là quand je suis né, il est encore bien là et il y sera encore longtemps à mon avis.C’était un interprète hors du commun et une personnalité attachante, malgré ses travers un peu beauf, ses envies d’évasion fiscale et ses idées politiques gentiment réac…Je ne l’ai jamais côtoyé, mais j’ai effectivement rêvé que je le prenais en voiture à la sortie d’un concert et qu’on partait ensemble sur les routes. La chanson est assez représentative de ce que j’avais envie de dire et de faire dans ce nouvel album».
Après dix années de tournées incessantes, Nevché avoue avoir eu besoin d’une pause «J’étais complètement rincé et je me demandais si ça valait le coup de continuer». C’est par l’écriture poétique que le Marseillais s’est remis en selle.«Il y a d’abord eu le poème «Décibel», puis des bribes de chansons et l’envie de faire un film. Tout ça a fini par s’assembler, comme les pièces d’un puzzle, et par prendre la forme d’un projet plus large dont je savais qu’il prendrait du temps à mettre en place et à promouvoir».
Après la vidéo de «Décibel», déposée sur Youtube en janvier trois clips ont suivi: «Moi je rêve de Johnny souvent», «Le Besoin de la nuit» et «L’Océan».«On a tourné un clip pour chacune des chansons de l’album, raconte Nevché.Ils sortiront au fur et à mesure et formeront une histoire, avec des personnages communs». C’est Vittorio Bettini qui a réalisé le film, en 15 jours de tournage à Marseille, avec des acteurs locaux et des moyens de cinéma. Le résultat est superbe et colle parfaitement avec les chansons. Musicalement, Valdevaqueros reprend les choses où les avait laissées son prédécesseur (Rétroviseur): sur «L’Autoroute».Un premier titre en spoken word electro qui donne la tonalité de l’album enregistré au studio Paradis à Marseille avec Simon Henner et Martin Mey.Les influences de Sebastien Tellier et Flavien Berger (entre autres) s’y font sentir. Les textes oscillent, eux, entre rêveries poétiques, constat politique désenchanté et envie d’ailleurs. Le titre, Valdevaqueros, fait référence à une plage d’Andalousie où Nevché raconte avoir eu la vision de la direction à donner à sa vie, alors qu’il avait 16 ans. «C’est une plage de véliplanchiste, très ventée.Et le vent n’arrête pas de tourner. Un coup à droite, un coup à gauche… C’était assez symbolique de l’indécision dans laquelle j’étais quant-à ce que je voulais faire de ma vie». Le texte de la chanson, comme la plupart des autres sur l’album, est à tiroirs.«Au premier degré, ce sont les tourments d’un jeune homme.Mais on peut y voir aussi une connotation politique: refuser le choix imposé entre la droite et la gauche et tracer droit devant». Il y a aussi la question du genre qui traverse tout l’album .Et ce clin d’œil ironique à Jacques Brel:«Je ne te quitte pas». Car au final l’album est plein d’humour.Léger comme une brise d’automne sur la plage de Valdevaqueros...
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