Étrangement passé sous les radars cannois en pourtant plus de dix ans de carrière (et alors que son film-fleuve Senses vient de sortir en France tronçonné en 5 épisodes), Ryusuke Hamaguchi fait son entrée directement en compétion avec Asako. Une pure histoire d’amour, légère comme une brise de printemps sur le Fujijama, qui ne laissera peut-être pas de traces au palmarès, mais a permis aux festivaliers de prendre une bouffée d’air non vicié avant de plonger dans les délires morbides de Lars von Trier.
C’est l’histoire d’Asako, une jeune japonaise qui croit rencontrer l’âme sœur à une exposition de photos en la personne de Baku, un beau garçon aux cheveux longs et a l’air distant, qui traverse la galerie sans la voir en chantonnant. Elle le suit et se retrouve face à lui sur un pont, où des enfants font exploser des pétards. Leur coup de foudre, en image arrêtée alors que les pétards explosent autour d’eux, est la plus belle scène d’amour qu’on ait vue cette année au Festival. Le reste du film tiendra sur cette note un peu magique, échappant miraculeusement au mignonisme et à la mièvrerie qui le menace pourtant sans cesse. Deux ans après leur rencontre, Baku a disparu sans laisser d’adresse et Asako, inconsolable, s’est installée à Tokyo, où elle travaille comme serveuse. En venant livrer des cafés dans un bureau du quartier, elle tombe sur Ryohei, qui est le sosie parfait de Baku. Troublée par cette ressemblance, elle le tient à distance un moment avant de céder à ses avances. Cinq ans plus tard, le couple est heureux en ménage et se prépare à aller s’installer à Osaka où Ryohei a été muté, lorsque Baku réapparaît... Sur cette intrigue de soap opera (ou plutôt de Shojo manga), avec en fond d’écran le thème très nippon de la beauté des choses cassées, Hamaguchi tisse une romance délicate, qui tient autant au charme des deux acteurs principaux qu’à la fluidité épatante de sa mise en scène. Difficile de ne pas en tomber amoureux.
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