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BalcKkKlansman: le grand retour de Spike Lee
Après 16 ans d’absence, Spike Lee réussit son «come-back» en compétition avec BlacKkKlansman (avec 3 K pour Ku Klux Klan). L’histoire incroyable et pourtant «trop, trop vraie, mon pote» (comme dit le carton d’introduction) de Ron Stallworth.Un jeune policier noir du Colorado (joué par John David Washington) qui, dans les années 70, a réussi à infiltrer la section locale du Ku Klux Klan et à éviter un attentat meurtrier, avec l’aide d’un de ses coéquipiers blanc (Adam Driver dans le film).Le sujet sert évidemment de support à une nouvelle dénonciation du racisme anti-noir, toujours vivace aux États-Unis et à une critique décapante de l’Amérique de Donald Trump. Une façon pour le réalisateur de Do The Right Thing de souligner qu’après les avancées des années 60, gagnées par le combat pour les droits civiques au prix de l’assassinat des principaux leaders noirs, rien ou presque n’a changé dans les décennies suivantes aux États-Unis.
Entre Tarantino et Michael Moore
Pour cela, comme à son habitude, Spike Lee mêle fiction et documents d’actualité, humour et militantisme, action et réflexion, avec un bel hommage aux films de blacksploitation des années 70.Ce faisant, il réussit un mix improbable entre le Tarantino de Jackie Brown et les films de Michael Moore, avec en final des images impressionnantes des affrontements de Charlottesville en 2017, où une jeune femme a trouvé la mort lors des manifestations contre un meeting des suprémacistes héritiers du KKK.Histoire de bien enfoncer le clou, le film sortira aux États-Unis au mois d’août à la date anniversaire des affrontements...
Côté acteurs, Adam Driver et John David Washington forment un duo de Buddy Movie épatant, bien épaulés par le reste du casting. La B.O est particulièrement jouissive, avec une scène de pure comédie musicale sur «Too Late to Turn Back Now» (Cornelius Bros).Bref, c’est le meilleur film de Spike Lee depuis au moins Inside Man en 2006.Ca ne fera peut-être pas une Palme (quoique plusieurs membres du jury puissent être sensibles à son contenu militant), mais ça mériterait au moins un prix du scénario ou de la mise en scène. On est en tout cas heureux de retrouver Spike Lee à son meilleur niveau.