Les filles du soleil: mon fils, ma bataille
Ce film-là, tout le monde voulait l’aimer.Surtout cette année ! Le combat des femmes kurdes contre Daech.Avec la plus émouvante des actrices (Golshifteh Farahani).Par une femme réalisatrice (Eva Husson, repérée avec Bang Gang)…Si un film de femme devait décrocher la palme cette année à Cannes, ce devait être celui-là.Sauf que non. Ou alors pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la cinématographie.Celle d’Eva Husson est tellement pauvre! Ce n’est pas faute d’ambition pourtant: la première scène renvoie directement à celle d’Apocalypse Now avec chambre d’hôtel dans la pénombre, confession du héros (en l’occurrence une héroïne) en voix off et bruit d’hélicoptère en fin de plan.Il ne manque que les Doors en B.O.Mais Eva Husson préfère visiblement les tambours: ils martèlent toutes les scènes pour en forcer la dramaturgie. On hésite ici à continuer l’énumération pour ne pas avoir l’air de tirer sur l’ambulance (le film fait déjà figure d’accident industriel de la sélection), mais rien ne va.Emmanuelle Bercot en reporter de guerre, bandeau sur l’œil façon John Wayne, fait peine.Le jeu de Golshifteh Farahani est réduit à une seule expression: celle du chien battu. Quant aux autres actrices-combattantes, elles ne servent que de figurantes.À part la femme enceinte de service, dont l’accouchement est un grand moment de gène, elles n’existent pas. Tout est surligné, mélodramatique, artificiel, maladroit, voire carrément embarrassant. Le contexte politique et idéologique est totalement évacué au profit d’un simple film de vengeance maternelle: Bahar(Golshifteh) s’est engagée pour retrouver son fils enlevé par Daech.Le film raconte l’attaque de l’école coranique où il est retenu. À ce moment-là, on voudrait penser à Kathryn Bigelow (Démineurs), mais on en est, hélas, à des années lumières. Le dialogue final donne une bonne idée du niveau général. Mission accomplie, les deux femmes se quittent en souriant, comme si elles venaient de passer une semaine ensemble au Club Med: «Je t’enverrai l’article, promet Bercot.Tu en es l‘héroïne!».«Nous sommes toutes des héroïnes!» lui répond gravement Golshifteh. Sur le générique, mettant sa menace à exécution, Bercot lit à haute voix le fameux article. Ce n’est pas avec ça qu’elle aura le Pulitzer. Fort heureusement, le dispositif «anti mauvaises critiques prématurées» mis en place cette année par le Festival a parfaitement fonctionné.Sifflé en séance de presse, le film a été ovationné à l’officielle. C’est toujours ça de pris.
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