CHE GUEVARA le 09 octobre 1967
Il a luté pour la liberté de son peuple, c'était son idéalisme !
Le 8 octobre 1967 il est capturé dans la jungle bolivienne, suivi de son exécution le lendemain.
Avant d'enterrer en catimini son cadavre, les militaires boliviens lui coupent les deux mains pour conserver la preuve de sa mort.
Le 8 octobre 1967, cela fait plusieurs mois qu'Ernesto Guevara et sa poignée de compagnons de l'Ejército de Liberación Nacional tentent de fomenter une révolution en Bolivie.
À l'aube, le campement des Cubains monté dans le ravin de Quebrada del Yuro, est encerclé par deux mille soldats boliviens. Le Che et sa poignée de combattants ont été donnés. Ils sont coincés. "Je ne sais pas pourquoi, mais je crois que nous sommes arrivés au dernier combat", confie-t-il à ses compagnons. Après trois heures de combat, les militaires s'apprêtent à sonner l'hallali. Une première balle déchire la jambe du Che. Une deuxième fracasse son fusil. Des soldats boliviens foncent sur lui l'arme au poing. Le compagnon de Castro saisit un autre flingue, mais celui-ci s'enraie. Ernesto sait qu'il est arrivé, enfin, au bout du chemin. À 39 ans, c'est à son tour de mourir. Il n'a pas peur. N'a-t-il pas quitté volontairement La Havane pour se battre au Congo puis en Bolivie ?
La mort est sa compagne depuis longtemps. À de nombreuses reprises, elle est venue lui chatouiller la barbe, mais surtout, cette mort, il aime la donner à tous ceux qu'il traite de contre-révolutionnaires. Ce héros au regard si doux sait se montrer un impitoyable tueur. Sur un champ de bataille, mais aussi dans la salle d'un tribunal. "Procureur suprême" de la prison de la forteresse de la Cabaña, à La Havane, il a signé l'arrêt de mort de peut-être 500 partisans de Batista lors de procès vite expédiés. On le soupçonne même d'avoir à plusieurs reprises pris un pied immense à assister aux exécutions et même à tenir l'arme. Sans aller jusqu'à l'égorgement...
Pourtant, quand les soldats boliviens le mettent en joue, il aurait supplié : "Ne tirez pas, je suis Che Guevara et j'ai plus de valeur pour vous vivant que mort." Il se laisse capturer en compagnie de Simeón Cuba Sarabia. Trois de leurs camarades sont morts, un autre est gravement blessé. Les autres sont en fuite, mais seront faits prisonniers ou abattus dans les jours qui suivent. Seuls trois parviennent à quitter le pays. Avec Simeón Cuba Sarabia, le Che est enfermé dans l'école abandonnée du village de La Higuera, où les cadavres des guérilleros morts sont entassés. Que faire du Che ? L'abattre ou le juger ? Les militaires boliviens attendent les ordres, et surtout la venue du colonel Joaquín Zenteno Anaya et de l'agent de la CIA connu sous le nom de Félix Rodríguez. La nuit tombe. Le Che et Simeón Cuba tentent de dormir au milieu des morts.
Ordre d'exécution
Le lendemain matin, un de leurs compagnons, Juan Pablo Chang, capturé à son tour, est jeté avec eux. La nouvelle de l'arrestation du Che s'est répandue dans la jungle. Les villageois veulent tous voir l'Argentin Doctor... On les laisse pénétrer dans l'école. L'institutrice du village lui apporte à manger. Ils échangent quelques mots. Elle lui demande pourquoi il est venu combattre en Bolivie avec son physique, son intelligence, sa famille et surtout la haute position qu'il avait à Cuba. "Pour mes idéaux", répond-il. François Hollande écrase une larme...
On attend les ordres pour savoir quoi faire d'un prisonnier aussi encombrant. Enfin, Rodríguez reçoit d'un sergent la consigne du président de la Bolivie, René Barrientos : "500-600." C'est un code. 500 désigne le Che, et 600 est un ordre d'exécution. Le sergent Mario Terán se porte volontaire pour exécuter la sentence. L'agent de la CIA lui demande alors de ne pas tirer dans le visage, mais dans la poitrine, pour que sa mort n'apparaisse pas comme une exécution. Mais, auparavant, Rodríguez annonce au Che le sort qui l'attend, lui et ses deux compagnons. Ernesto ne s'étonne pas. Il trace rapidement quelques mots sur une feuille qu'il remet à Rodríguez en lui demandant de la faire parvenir à sa femme. Selon un autre témoignage, l'échange entre Rodríguez et le Che aurait été plus tumultueux, le deuxième ayant accusé le premier d'être un traître avant de lui cracher au visage.
Cadavre impressionnant
Simeón Cuba et Chang sont abattus en premier. Dix ans plus tard, Terán rapporte la scène de l'exécution du Che à Paris Match. Mais faut-il le croire ? "Je suis resté 40 minutes avant d'exécuter l'ordre. J'ai été voir le colonel Pérez en espérant que l'ordre avait été annulé. Mais le colonel est devenu furieux. C'est ainsi que ça s'est passé. Ça a été le pire moment de ma vie. Quand je suis arrivé, le Che était assis sur un banc. Quand il m'a vu il a dit : Vous êtes venu pour me tuer. Je me suis senti intimidé et j'ai baissé la tête sans répondre. Alors il m'a demandé : Qu'est-ce qu'ont dit les autres ? Je lui ai répondu qu'ils n'avaient rien dit, et il m'a rétorqué : Ils étaient vaillants ! Je n'osais pas tirer. À ce moment je voyais un Che grand, très grand, énorme. Ses yeux brillaient intensément. Je sentais qu'il se levait et, quand il m'a regardé fixement, j'ai eu la nausée. J'ai pensé qu'avec un mouvement rapide le Che pourrait m'enlever mon arme. Soyez serein, me dit-il, et visez bien ! Vous n'allez tuer qu'un homme ! Alors j'ai reculé d'un pas vers la porte, j'ai fermé les yeux et j'ai tiré une première rafale. Le Che, avec les jambes mutilées, est tombé sur le sol, il se contorsionnait et perdait beaucoup de sang. J'ai retrouvé mes sens et j'ai tiré une deuxième rafale, qui l'a atteint à un bras, à l'épaule et dans le coeur. Il était enfin mort." Il est 13 h 20, le 9 octobre 1967. Selon une autre version, Terán n'aurait pas fait tant de chichis. Il aurait pris garde de ne pas tirer de rafale, par peur de trop abîmer le corps, et de tirer au coup par coup. Le Che aurait mis plusieurs minutes pour mourir. Un officier et deux soldats l'auraient alors achevé tandis qu'il gisait sur le sol.
Les soldats se rassemblent autour du cadavre très impressionnant car il garde les yeux ouverts. Bientôt, il est ficelé sur le patin d'un hélico pour être emporté dans la ville voisine de Vallegrande, où il est exposé dans la buanderie de l'hôpital local. Toute la ville se précipite pour voir le célèbre révolutionnaire mort. Certaines femmes s'emparent de mèches de ses cheveux. Arlette Laguiller lui jure de rester vierge jusqu'à la fin de ses jours en sa mémoire... Plusieurs soldats le photographient. Une dizaine de journalistes sud-américains, américains, britanniques sont présents. L'un d'eux n'hésite pas à grimper sur la table, à se dresser au-dessus de lui, ses pieds de part et d'autre de la dépouille, pour le photographier. Une conférence de presse s'improvise autours du cadavre. Le responsable du service de renseignements de Bolivie brandit des fiches sur lesquelles figurent les empreintes relevées sur le cadavre qu'il distribue aux reporters. Oui, ce barbu mort de chez mort est bien le Che !
Dans la soirée, les visiteurs quittent l'hôpital. La question qui se pose maintenant est celle de l'avenir du cadavre. L'enterrer ? L'envoyer à Castro ? Le faire disparaître ? Finalement, la décision est prise d'enterrer Ernesto Guevara et ses compagnons dans un lieu secret. Sous la piste de l'aérodrome. Mais auparavant, il faut conserver une preuve de sa mort. Certains proposent de conserver sa tête dans du formol. Mais cela heurte la foi catholique de gradés. Aussi un médecin se borne à couper les deux mains du Che, qui sont mises dans des bocaux remplis de formol.
Le lendemain, 10 octobre, pour l'arrivée du président René Barrientos, plus personne ne verra le cadavre du Che. Il ne fera sa réapparition que trente ans plus tard, après de longues recherches par une équipe d'anthropologues.
Source : Le Point
2 comments
Inti said:
On dit tant de choses de lui!
C'est le vent qui a ouvert ses yeux lorsqu'il était transporté en hélico vers Vallegrande.
Je ne vais pas trop dire, je pense qu'il savait qu'ils le tueraient, alors, pourquoi avoir supplié?
Voici ses pieds, les pieds d'un vrai guérrillero:
M@rie ♥ ♥ replied to Inti: