Le mercredi des Cendres marque l’entrée officielle en Carême et dans le cycle pascal. Il peut tomber n’importe quel mercredi entre le 4 février et le 10 mars, en fonction de la date de Pâques.
Les Cendres
Les cendres qui proviennent des rameaux de l’année précédente, brûlés pour l’occasion, sont déposées sur le front des fidèles. Cette coutume de se couvrir la tête de cendres - et à l’origine de se revêtir aussi d’un sac - est une ancienne pratique pénitentielle qui remonte au peuple hébreu (Jon 3,5-9 ; Jr 6,26 ; 25, 34 ; Mt 11,21).
Du commencement du christianisme au VIIè siècle
Aux commencements du christianisme, ce rite des cendres n’était pas directement associé au début du Carême. Vers l’an 300, il fut adopté par certaines Églises locales et intégré au rite d’excommunication temporaire ou de renvoi des pécheurs publics de la communauté. Ces personnes s’étaient rendues coupables de péchés ou de scandales « majeurs » : apostasie, hérésie, meurtre et adultère (considérés comme des péchés « capitaux »).
Au VIIe siècle environ, cette coutume donna lieu, dans certaines églises, à un rite public du mercredi des Cendres. Les pécheurs confessaient d’abord leurs péchés en privé. Puis ils étaient présentés à l’évêque et mis publiquement au rang des pénitents. Ils devaient se préparer pour recevoir l’absolution donnée le Jeudi saint. Après une imposition des mains et des cendres, ils étaient renvoyés de la communauté comme Adam et Eve l’avaient été du paradis. Bien sûr, on leur rappelait que la mort est la conséquence du péché : « Oui, tu es poussière et à cette poussière tu retourneras » (Gn 3,19). Les pénitents vivaient en marge de leur famille et du reste de la communauté chrétienne pendant les quarante jours du Carême (d’où l’expression de « quarantaine »).
Le « sac » qu’ils avaient revêtu et la cendre dont ils étaient couverts permettaient de les reconnaître lors des assemblées ou, le plus souvent, aux portes de l’église où ils étaient relégués. Cette pratique pénitentielle impliquait généralement de s’abstenir de viande, d’alcool, de bain. Il était également interdit de se faire couper les cheveux, de se raser, d’avoir des relations sexuelles et de gérer ses affaires. Selon les diocèses, il arrivait que certaines pénitences durent plusieurs années, voire toute la vie.
Au Moyen Age
Au cours du Moyen Âge, c’est la dimension personnelle du péché, plutôt que son caractère public, qui fut objet d’insistance. Par conséquent, les traditions associées au mercredi des Cendres furent appliquées à tous les adultes de la paroisse, mais sous une forme mitigée. Au XIe siècle, les pratiques en usage étaient fort semblables à celles que nous connaissons aujourd’hui. Depuis quelques années, il existe une alternative à la formule traditionnelle pour l’imposition des cendres. Elle met en valeur un aspect beaucoup plus positif du Carême : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Me 1,15).
Dans les Églises de Bretagne insulaire et d’Irlande, une nouvelle modalité pénitentielle se développa, entre le VIe et le VIIIe siècle, sous l’influence des moines celtes. Il s’agissait d’une forme de pénitence personnelle et privée pour des péchés moins graves que ceux évoqués ci-dessus. Cette pratique, plus que le rite du mercredi des Cendres, allait contribuer à faire évoluer les modalités du sacrement de la réconciliation.
Pour aujourd’hui
Comme toute fête de l’année au calendrier chrétien, le mercredi des cendres se situe en référence à la fête des fêtes qu’est Pâques qui célèbre le passage de la mort à la résurrection de notre Seigneur Jésus Christ. Fête tellement importante qu’elle est célébrée durant cinquante jours (de là vient le mot Pentecôte), et qu’elle est précédée d’une préparation de quarante jours (d’où vient le mot Carême). Cette préparation est un temps de cheminement spirituel, tout entier orienté vers Pâques, pour ceux qui se préparent à être baptisés à la veillée pascale et pour tous les fidèles. Il est marqué par le jeûne (privation), la prière et le partage (charité, solidarité), et pas seulement comme pratique à observer - d’ailleurs le plus discrètement possible (voir Matthieu 6, 5-18 "Quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu… mais parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; ainsi, ton jeûne ne sera pas connu des hommes") - mais véritable démarche spirituelle. La durée de quarante jours est d’ailleurs à mettre en relation avec les 40 jours de Jésus au désert précédant sa vie publique, eux-mêmes en relation symbolique avec les quarante ans de traversée du désert par les Hébreux avant l’entrée en Terre promise.
C’est pour tenir les quarante jours de jeûne et de privation, en dehors des dimanches qui sont toujours jour de fête et de résurrection - même en temps de Carême - que le début de celui-ci fut avancé au mercredi. La cendre évoque la faiblesse de l’homme (cf. Genèse 3, 19 "Souviens-toi que tu es poussière…"), elle évoque aussi le péché et la fragilité de l’homme (cf. Sagesse 15, 10 ; Ézéchiel 28, 18 ; Malachie 3, 21) et son regret du péché (cf. Judith 4, 11-15 ; Ézéchiel 27, 30). Pour les chrétiens, l’imposition des cendres est avant tout, un rite pénitentiel dont la signification est portée par la phrase que prononce le prêtre en faisant le geste : "Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle." (Marc 1, 15).
Source : Guide des traditions et coutumes catholiques, pp 138-140
Le mercredi des Cendres ouvre ce temps en nous rappelant que sans le souffle de vie de Dieu, hors de son amour, notre être et notre vie ne sont que poussière. Nous sommes alors invités durant quarante jours, par les moyens concrets que le Christ nous a donnés - le jeûne, la prière et le partage - à tourner le dos à tout ce qui conduit à la mort et à nous tourner (c’est la conversion) vers la source de la vie, de l’amour et de la lumière : Le Christ ressuscité dont le coeur, ouvert sur la croix, est cette source. Le temps du Carême permet aux catéchumènes de se préparer à recevoir le baptême lors de la nuit de Pâques et à chaque chrétien de vivre davantage du baptême reçu.
Pour illustrer notre propos voici un texte de Saint Césaire d’Arles : "Ne tarde pas, dit le Seigneur, convertis-toi à Dieu, et ne diffère pas de jour en jour." Ce sont les paroles de Dieu et non les miennes ; vous ne les avez pas entendues de moi, mais moi je les entends avec vous : "Ne tarde pas, dit-il, convertis-toi au Seigneur." Mais toi tu réponds : "Demain ! demain !" (dans le latin du texte : "Cras ! cras !") Quel croassement de corbeau ! Comme le corbeau envoyé de l’arche n’y est pas revenu et, maintenant qu’il est vieux, dit encore : Demain ! demain ! C’est le cri du corbeau : tête blanche et coeur noir. Demain ! demain ! c’est le cri du corbeau : le corbeau n’est pas revenu à l’arche, la colombe est revenue. Qu’il se perde donc, le croassement du corbeau, et que se fasse entendre le gémissement de la colombe."
Du mercredi des Cendres à la nuit de Pâques
Du mercredi des Cendres à la nuit de Pâques, 40 jours nous préparent à accueillir la Joie de la Résurrection. Pour atteindre ce nombre symbolique de 40, il faut enlever les 5 dimanches du Carême ainsi que le dimanche des Rameaux, car ce ne sont pas des jours de jeûne et d’abstinence. Même pendant le Carême, nous sommes invités, le dimanche, à célébrer la Résurrection du Seigneur. Chacun de ces dimanches donne une nouvelle impulsion au temps du Carême, et constitue comme autant d’étapes sur cette route qui conduit à Pâques.
Ces 40 jours de Carême sont à l’image des 40 jours du Christ au désert, à l’image aussi des 40 ans que le peuple hébreu passa au désert, avant d’entrer en Terre Promise.
Trois moyens concrêts
Le Christ, et l’Eglise à sa suite, nous propose trois moyens concrets pour vivre ce temps :
La prière - le jeûne - le partage
La prière :
Elle permet de découvrir et d’approfondir la présence vivante et vivifiante du Christ dans notre coeur. La prière et les sacrements constituent la clef de voûte de toute la vie chrétienne.
Le jeûne :
Ce n’est pas tellement à la mode. Pourtant, nous sommes invités à nous passer du superflu et même du nécessaire pour signifier concrètement que, ce qui seul nous est nécessaire, ce qui seul peut combler notre coeur, c’est le Christ. "Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné en plus". Ce jeûne creuse en nous le désir de Dieu. Il ne s’agit donc ni d’accomplir des prouesses ascétiques, ni de suivre des régimes amaigrissants, mais de nous préparer à recevoir Celui qui en se donnant, nous donne tout. Ces efforts peuvent porter sur la nourriture - c’est le premier sens du jeûne - mais aussi sur bien d’autres points qui tiennent une certaine place dans nos vies : TV, loisirs…
Le partage :
Ce que nous avons et ce que nous sommes sont des dons que Dieu nous fait pour que nous puissions en faire participer ceux qui nous entourent. En parlant des premiers chrétiens, saint Luc écrivait, qu’ils n’avaient qu’un coeur et qu’une âme, qu’ils étaient fidèles à la prière et qu’ils mettaient tout en commun. Ce temps du Carême nous invite ainsi à mettre en commun, à partager, ce que nous avons et ce que nous sommes ; c’est-à-dire nos biens matériels, ainsi que notre temps, nos compétences…
Vivre ce Carême en Église…
Pour accueillir ensemble la joie de la Résurrection, la démarche personnelle est importante. Cependant, elle ne peut se vivre pleinement qu’en Église, en paroisse, en aumônerie. Les trois moyens dont nous avons parlé tiennent compte de cette double dimension de notre cheminement vers Pâques, à la fois personnelle et communautaire. Notre conversion personnelle peut donc être guidée et soutenue par des démarches d’Eglise. Ainsi l’Eglise nous invite à intensifier nos efforts le mercredi des Cendres et le Vendredi Saint, et à marquer les vendredi de carême;
La différence entre le Carême chrétien et le Ramadan ?
Le Ramadan est le temps de l'accueil de la parole de Dieu (lecture du Coran) et du retour à Dieu par la prière. Souvent, le mois de Ramadan est une occasion de plus grande ferveur : dans les oratoires et les mosquées, la prière se prolonge dans la nuit
1. Quelle est la différence entre le Carême chrétien et le Ramadan ?
Les médias présentent souvent ces deux temps comme identiques avec une tendance de plus en plus marquée à parler davantage du Ramadan que du Carême. Le carême et le ramadan ont certes des points communs : ce sont des temps de jeûne, de prière et de partage et plus profondément des temps pour revenir à Dieu.
Mais leur sens est très différent. Le Carême est un temps de préparation à la fête de Pâques et le mémorial des 40 années des hébreux dans le désert et des 40 jours de Jésus dans le désert. Le Ramadan n'est pas la préparation d'une fête ni le souvenir d'un évènement. C'est un mois de jeûne.
De plus, la pratique du jeûne est différente. Pour le Carême chrétien, le jeûne qui avait beaucoup d'importance jadis, en a beaucoup moins actuellement, car l'accent est mis sur la conversion intérieure et le partage. Pendant le Ramadan, les musulmans jeûnent d'une manière très rigoureuse.
Le Ramadan est la pratique principale par laquelle le musulman exprime son attachement à la communauté musulmane et sa fidélité à la loi de Dieu. Le Carême n'a pas la même importance pour le chrétien.
2. Les chrétiens et le Ramadan
La manière dont les musulmans vivent le Ramadan peut être pour les chrétiens l'occasion de réfléchir à la manière dont ils vivent le Carême. Elle peut susciter une certaine émulation spirituelle chez les chrétiens et les faire penser à ce que le carême pourrait leur apporter.
2 comments
Câlinou said:
Quelques rappels bon à noter
avant le début du Carême
M@rie ♥ ♥ replied to Câlinou: