Dès qu’il y a une bonne cause bien-pensante à embrasser sans danger dans le monde formaté dont Facebook est l’âme, la plupart s’y précipitent, et voilà que tout le monde « est Charlie », même si on vote pour l’UMP ou un parti fasciste.
Mariage de la carpe et du lapin, ralliement improbable à un journal qui – sous le nom de Hara-Kiri – titrait en 1970 : BAL TRAGIQUE À COLOMBEY – UN MORT, pour annoncer la mort du général de Gaulle ! Bienvenue, Charlie Sarkozy ! Le Pen, un vrai et dangereux méchant, même avec l’âge n’est pas devenu assez con pour marcher dans la combine.
Mais la plupart, toujours dans cette logique consumérisme selon laquelle c’est en suivant la mode qu’on se distingue, croient affirmer leur radicale originalité en proclamant tous la même évidence : c’est mal d’assassiner sauvagement de pauvres vieux ados qui croyaient encore à la liberté d’expression.
On voudrait imaginer que les ennemis qui ont provoqué ce crétinisme grégaire luttent pour une bonne cause. Ils sont la seule force organisée contre cet embrigadement médiatique global sous le contrôle des puissances d’argent qui est la plus monstrueuse entreprise d’asservissement de l’humanité que l’histoire ait connue.
Mais il combattent pour rétablir une société médiévale, de clercs, de seigneurs et de serfs. Avant de devenir athée et anticlérical, j’ai été chrétien assez longtemps, avec la réflexion philosophique qui allait avec. L’idée de devoir venger Dieu, (ou le Christ qui prétendait être Dieu, ou un prophète), m’aurait paru burlesque, parce que penser que Dieu eût besoin de moi pour laver son honneur, c’était nier sa toute-puissance, et que nier la toute-puissance ou toute autre perfection de Dieu, c’est nier son existence, comme des générations de philosophes l’ont montré.
Il faut descendre jusqu’à la conception primitive d’un Dieu anthropomorphique, à l’image du Vieux de la Montagne avec ses Haschichins, pour imaginer qu’un crime puisse échapper au châtiment réglementaire prévu par toutes les religions…
Je suis né dans un monde partagé entre deux blocs, capitaliste et communiste, qui se combattaient en stockant des bombes aux effets de plus en plus apocalyptiques, mais faisaient encore la course à la Lune et au progrès scientifique. Je finis dans ce terne supermarché de charlots conditionnés, entre Facebook et un Islam féodal.
Mariage de la carpe et du lapin, ralliement improbable à un journal qui – sous le nom de Hara-Kiri – titrait en 1970 : BAL TRAGIQUE À COLOMBEY – UN MORT, pour annoncer la mort du général de Gaulle ! Bienvenue, Charlie Sarkozy ! Le Pen, un vrai et dangereux méchant, même avec l’âge n’est pas devenu assez con pour marcher dans la combine.
Mais la plupart, toujours dans cette logique consumérisme selon laquelle c’est en suivant la mode qu’on se distingue, croient affirmer leur radicale originalité en proclamant tous la même évidence : c’est mal d’assassiner sauvagement de pauvres vieux ados qui croyaient encore à la liberté d’expression.
On voudrait imaginer que les ennemis qui ont provoqué ce crétinisme grégaire luttent pour une bonne cause. Ils sont la seule force organisée contre cet embrigadement médiatique global sous le contrôle des puissances d’argent qui est la plus monstrueuse entreprise d’asservissement de l’humanité que l’histoire ait connue.
Mais il combattent pour rétablir une société médiévale, de clercs, de seigneurs et de serfs. Avant de devenir athée et anticlérical, j’ai été chrétien assez longtemps, avec la réflexion philosophique qui allait avec. L’idée de devoir venger Dieu, (ou le Christ qui prétendait être Dieu, ou un prophète), m’aurait paru burlesque, parce que penser que Dieu eût besoin de moi pour laver son honneur, c’était nier sa toute-puissance, et que nier la toute-puissance ou toute autre perfection de Dieu, c’est nier son existence, comme des générations de philosophes l’ont montré.
Il faut descendre jusqu’à la conception primitive d’un Dieu anthropomorphique, à l’image du Vieux de la Montagne avec ses Haschichins, pour imaginer qu’un crime puisse échapper au châtiment réglementaire prévu par toutes les religions…
Je suis né dans un monde partagé entre deux blocs, capitaliste et communiste, qui se combattaient en stockant des bombes aux effets de plus en plus apocalyptiques, mais faisaient encore la course à la Lune et au progrès scientifique. Je finis dans ce terne supermarché de charlots conditionnés, entre Facebook et un Islam féodal.
5 comments
Elbertinum said:
Aber die unersättliche Geldgier im Namen eines Kapitalismus ist ebenso schrecklich -
Millionen leben in unvorstellbarer Armut - Menschen - Kinder verhungern -
im Kapitalismus ist das Töten lautloser -
François Collard replied to Elbertinum:
François Collard said:
Dans les années 80, je prédisais que la baisse du niveau des élèves – due en partie à des programmes scolaires idiots – se cantonnait encore à la mauvaise orthographe et au manque de lectures, mais qu'elle finirait par nous amener même de mauvais scientifiques…
En tout cas cette affaire a fait les choux gras de la télévision : le "grand journal" de Canal Plus a radoté là-dessus pendant trois semaines, et des Parisiens à la mode, des imams, des prêtres et des rabbins sont venus nous faire la morale.
Faire parler des Parisiens sans cervelle comme s'ils avaient des idées, ce n'est pas nouveau. Faire parler des religieux, et laisser entendre comme on l'a fait, que la religion est une affaire sérieuse, alors qu'elle ne l'est plus du tout et ne rassemble plus que des rêveurs, des illuminés ou des fanatiques, cela me semble assez irresponsable.
François Collard said:
(Sur Dieu)
Après avoir créé le monde, Bob avait perdu tout intérêt pour lui. Dès sa deuxième semaine de boulot, il avait passé son temps à dormir et à jouer avec son zizi tout en accomplissant la prouesse d’ignorer complètement l’existence de ses créations.
Cela provoquait-il pour autant, en l’humanité, insultes et rejet ? Oh que non ! Parce que là résidait toute l’astuce : Bob avait doté les assassins, les martyrs et les brutes d’une propension intrinsèque à le vénérer. Ce môme était admirable. Bête comme ses pieds, mais sujet à des instants d’une fulgurance si intense qu’on risquait la cécité rien qu’à le regarder.
Meg Rosoff, Au commencement, il y avait Bob (titre anglais : 'There is no Dog' ;))
"les assassins, les martyrs et les brutes" : j'avais un peu achoppé sur l'insertion de "martyrs" au point d'aller vérifier la traduction : the entire race of murderers, martyrs and thugs. Cela fait pourtant l'inventaire des religieux au XXIe siècle, où seules ces situations extrêmes de bourreaux et de victimes conduisent encore à imaginer un être suprême, mais formé à une conception plus humaniste de la religion je n'avais pas bien compris. Excellent traité d'athéologie que ce petit livre...
Anji. said:
Certes ...
Mais qu'est-ce qui fait avancer, c'est le doute et pas la certitude. Peut-être faut-il admettre que la notion même de Dieu est nécessairement au-delà de notre pauvre intelligence humaine, sinon l'homme serait lui-même Dieu ?
Quant à ceux qui ont défilé le 11 Janvier dans un bel élan peut-être moutonnier, la seule chose unanime qui ressortait de la force de cette incroyable marche, c'était un "non" à l'inacceptable, et pas seulement vis à vis des dessinateurs de Charlie-Hebdo.