Par notre amie Mylène Rémy du SEL de Puisaye....!! Il ya dix années env. sur son blog.

Quand je pense que les gens de droite sont tous pourris, j’ai dans la mémoire le jugement lapidaire des membres d’extrême-droite de ma famille pour qui les gens de gauche étaient des salauds ou des cons et pas seulement les politiciens : artistes en tous genres et littérateurs faisaient partie de la même fournée. Il m’a fallu pas mal de temps pour réviser la question, mais pas pour retourner le jugement. Mon problème à moi, c’était que mes gens d’extrême-droite n’étaient ni des salauds ni des cons. Pour eux la ligne de conduite était l’honnêteté dans tous les domaines et l’amour des autres. Autrement dit les vertus que la gauche s’attribue complaisamment. Et la petite phrase de Giscard disant à Mitterand que la gauche n’avait pas le monopole du cœur était à la fois habile et juste. Alors ? Quand je me dis non seulement de gauche, mais d’extrême-gauche, qu’est-ce que je veux dire. Il est incontestable que l’évangile chrétien appris au berceau fait partie de ma chair, même si un certain nombre de faits, interprétations, définitions me semblent totalement à côté de la plaque : la photo d’un inconnu censé représenter le sacré cœur de Jésus, jeune éphèbe à cheveux blonds et yeux bleus, qu’on a trouvé je ne sais où mais probablement pas en Palestine, devant laquelle on s’agenouille pour faire la prière du soir n’a pas sa place chez moi et les dix Commandements d’une Eglise dont les Pontifes ont souvent été d’ignobles individus sans scrupule me font voir rouge. Et pourtant ! J’ai proclamé il y a longtemps –et dans un contexte où je ne risquais pas d’être prise au mot – que je préférais être du côté des victimes que des bourreaux. Question préférence, je n’ai pas changé…même si la distinction entre victime et bourreau dans la vie quotidienne n’est pas si facile à faire. Ca veut dire quand même que je suis du côté de ceux qu’on exploite et pas de ceux qui veulent extraire le plus d’argent possible de la poche du voisin. Je n’adore plus un dieu dont j’ignore la définition et la place qu’il occupe (ou non) dans le monde. Mais j’adore cette nature créée par on ne sait qui ni comment et s’il existe un péché mortel, c’est bien de la détériorer, de l’appauvrir, de la souiller. A ce péché je ne trouve aucune rémission et j’ai plus d’estime pour les animaux qui ne prélèvent sur cette nature que ce dont ils ont besoin que pour une humanité prédatrice, orgueilleuse, stupide qui passe son temps à couper la branche sur laquelle elle vit. Est-ce que je m’estime meilleure qu’elle ? Hélas non ! J’en fais partie et, comme elle, mes choix sont rarement à la hauteur de ce qu’il serait bon qu’ils soient. J’essaye de ne pas me raconter de salade, j’essaye de voir les contradictions là où elles se trouvent, c’est-à-dire à peu près partout et tout le temps. C’est ça être de gauche ? C’est ne pas se blottir à l’ombre de ce qui se fait parce que ça s’est toujours fait, refuser les certitudes, renoncer à un progrès immédiat s’il menace le bien commun, c’est en fait, comme la démocratie, chercher à réaliser une promesse jamais accomplie mais toujours à poursuivre.
Vous êtes de gauche, vous ?
Moi … j’essaye !

Avec tous mes remerciements ....en septembre 2021.