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XXXIX


Je te donne ces vers afin que si mon nom

Aborde heureusement aux époques lointaines,

Et fait rêver un soir les cervelles humaines,

Vaisseau favorisé par un grand aquilon,


Ta mémoire, pareille aux fables incertaines,

Fatigue le lecteur ainsi qu'un tympanon,

Et par un fraternel et mystique chaînon

Reste comme pendue à mes rimes hautaines ;



Être maudit à qui, de l'abîme profond

Jusqu'au plus haut du ciel, rien, hors moi, ne répond !

- Ô toi qui, comme une ombre à la trace éphémère,


Foules d'un pied léger et d'un regard serein

Les stupides mortels qui t'ont jugée amère,

Statue aux yeux de jais, grand ange au front d'airain !





Charles Beaudelaire "Les Fleurs du Mal"

3 comments

j-p l'@rchéo said:

"Nef" plus ultra ;-))
13 years ago ( translate )

Christel Ehretsmann said:

à lire à haute voix...
lentement ...
13 years ago ( translate )

Amilis said:

merci à vous quatre pour vos appréciations ! j'adore lire et relire ce poème, à haute voix, lentement ou dans une voix intérieure ...
13 years ago ( translate )