L'aventure vient de démarrer. Le bateau pneumatique est poussé par un moteur puissant. Tant que la mer est lisse, il glisse sans accoups. Je dois dire que j'ai, à ce moment, encore peur du mal de mer et je me remémore les conseils de Marcel, ancien marin : "- Il faut rester concentré sur son activité, ne pas boire de café ...". Là, je suis assis à ne rien faire et j'ai bu un grand bol de café ce matin et ... heureusement, tout va bien. Est-ce que celà va durer ? Je ne peux plus reculer maintenant. Isabelle est assise derrière moi, dos au vent pour éviter le crachin qui cingle la figure. Vivian essuie de temps en temps ses lunettes avec un gant mouillé. Elle connais l'endroit comme sa poche. Les minutes défilent et le trajet paraît interminable quand, soudain, Vivian fait ralentir le moteur et nous indique deux pygargues perchés dans un sapin. L'un des deux aigles est jeune, les plumes de la tête ne sont pas encore tout à fait blanches. Mes boitiers sont attachés à un harnais qui me permet de prendre rapidement celui qui porte l'objectif le plus adapté. Je mitraille l'oiseau mouillé qui ne s'effarouche pas outre mesure. L'un d'eux est plus agacé et ira se poser une branche plus loin. Vivian fait tourner le moteur au ralenti et dirige le bateau selon les conseils d'Isabelle : "il y a trop de contre-jour ici, peut tu passer de l'autre coté ?". Vivian s'exécute avec le sourire. Elle a emprunté le 7D de Heron et profite avec moi des conseils de la professionnelle. Un phoque commun nous regarde, intrigué par la scène. Le trajet reprend à travers un petit chenal qui n'est disponible qu'à marée haute puis par une mer fouettée par le vent. Les vagues sont plus hautes et la coque ne glisse plus, elle frappe l'eau. Il pleut. Seule Vivian regarde devant, la main posée sur l'accélérateur. J'ai la tête baissée pour éviter l'ondée cinglante et froide. Il ne fait pas dix degrés et, avec la vitesse, j'ai l'impression de geler. Ce sont des chants peu mélodieux qui me feront relever la tête. Vivian a, de nouveau, coupé les gaz. Sur un rocher battu par le vent et les vagues sont accrochés quelques dizaines de lions de mer de Steller. Ils font un boucan pas possible à l'approche du bateau. Près des rochers, le bateau tangue, balloté par les vagues. La prise de vue est difficile, j'ai l'impression de faire du rolla bolla. Que vont donner ces photos ? Le stabilisateur du boitier ne sera pas suffisant. Je vais avoir des flous de bouger. Je contrôle ... celà me semble plutôt correct. Je continue. Isabelle a renoncé. Ca bouge beaucoup trop. Vivian fait reculer le bateau car les lions de mer s'inquiètent de notre présence et commencent à se jetter à l'eau. Les odeurs du carburant me montent aux narines et me donnent un haut de coeur sans gravité. Je reste concentré sur ma tâche et prend encore quelques photos. Retour en mer après cet agréable interlude, le bateau me donne des coups de pied au cul a chaque fois qu'il rencontre une vague. Je vais déguster toute la semaine si le temps n'est pas meilleur. Heureusement, au loin, les signes d'une baleine. Vivian fonce droit dessus. |
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