Photographier, porter l'appareil à l'oeil, c'est un geste violent !
Réflection de R. Depardon que j'ai relevé dans le dernier r"éponse photo"
Autant il n'avait aucun mal à photographier une vedette, autant l'idée de photographier un inconnu dans la rue le paralysait.
Sensation que je partage totalement. Quand le modèle est consentant et se prête voire participe au travail du photographe, cela est relativement facile.
C'est une autre paire de manches que de faire un portrait d'un quidam.
Se conduire comme un "chasseur de têtes" et photographier sans autorisation préalable de l'interressé peut être ressenti comme une agression. Je l'ai constaté à mes débuts avec toute ma maladresse de novice.
2 comments
Jean Christophe K said:
Nous nous moquions il y a quelques décénies des cars de japonais.
Tous comme un seul homme, sortaient avec l'appareil en bandoulière. Rien de bien méchant, car leurs préoccupations étaient avant tout d'avoir la tour Eiffel en entier sur leur cliché.
Je ne pense pas que le "touriste" soit par nature mauvais. Il est seulement conditionné dans ses choix. On décide pour lui, de l'endroit ou il faut s'arrêter, de l'angle de prise de vue qui sera le "meilleur". On descend du car, s'éloigne au mieux d'une centaine de mètres, et tout le monde ramène la même photo. Quelques chanceux auront l'opportunité de voir un autochtone passer à porter de son viseur, et la tentation est trop forte : c'est l'occasion ou jamais de ramener "la photo" originale ! Pas de risque, on est protégé par le groupe, et en cas de pépin, le guide est la pour temporiser.
Pourtant, si l’on prend le temps de s’intégrer et de faire participer le sujet à la photo, il est encore possible de ramener de magnifiques sourires !
Quand bien même, si les barrières de la langue ou de la culture semblent si difficile à franchir, pourquoi ne pas adopter une attitude moins agressive ?
R.Depardon, expliquait dans son interview qu’il avait fait beaucoup de photos au jugé avec un 21 mm. Certains considéreront cela comme de la lâcheté, du voyeurisme ... ou que sais-je encore !.
J’ai la faiblesse de penser que cela s’apparente plus à de la délicatesse : Le souci de ne pas déranger, de ne pas agresser…
La photo reportage demande de se conduire comme un spectateur et non comme un acteur. Elle se doit de restituer le naturel de la scène, d’un comportement, d’une émotion ou d’une sensation. Une photo obtenue de « force » est rarement bonne d’ailleurs..
Parfois, le rôle de spectateur nécessite de prendre des risques, y compris celui d’être « violent », parce qu’on n’a pas le choix, parce que c’est maintenant …
Mais alors, cette « violence » est tout aussi déstabilisante pour le photographe que pour le sujet. R. Depardon conclue ainsi : « on a réussi comme reporter, quand on est capable de photographier un passager assis en face de soi, dans le même compartiment de train ».
BALTINOGORE said:
J'ai fait cette expérience à New York... prendre en photo des gens à leur insu. Si la personne n'était pas reconnaissable, de dos ou dans une situation non "critique", je faisais la photo et passais mon chemin.
Par contre lorsque je prenais certaines personnes de face, surtout dans le métro, c'était moins évident... certaines personnes se marraient... ça aide d'être étranger :-) ... d'autres me répèraient et se retournaient et certains m'engueulaient clairement.
A notre époque avec le numérique, le petit plus, c'est de pouvoir montrer la photo à "l'intéressé(e)"... et dans 70% des cas, je repars avec une photo et un email pour leur envoyer la photo :-))
Mon ancien prof de photo adore prendre des photos dans le métro parisien... et pour ça il se sert d'un petit compact assez performant et non pas d'un reflex... "avec le compact tu passes pour un touriste et les gens ne bronchent pas... avec un gros reflex ça passe moins bien" dit-il... et c'est pas faux :-)
Affaire à suivre...