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Une belle lettre de remerciements
Détenue aux Archives Départementales du Nord, la présente missive adressée par une institutrice à son autorité de tutelle, l'Inspecteur de l'Instruction Publique de Lille, témoigne d'une sincérité touchante autant que d'une liberté de ton, qui semblent bien avoir fait long feu depuis le XIXème siècle.
Radinghem (Nord), le 9 Mai 1858

Monsieur l'Inspecteur,
Je savais déjà que vous aviez bien voulu accueillir avec une bienveillance toute particulière la lettre que j'ai pris la confiance de vous adresser au mois de Novembre dernier. Un secours de 100 francs et cinquante francs à titre de récompenses, qui viennent de m'être donnés sont une preuve bien évidente de l'intérêt dont vous voulez bien m'honorer. Soyez en béni, Monsieur, et veuillez en recevoir l'expression de ma reconnaissance. Je vous remercie aussi au nom de mes Parents. C'est le désir de leur bien-être qui m'a portée à solliciter auprès de vous quelques secours, et je vous avoue, Monsieur, qu'il fallait un motif aussi puissant pour me déterminer à cette démarche.
Pardonnez-moi ces épanchements, Monsieur l'Inspecteur, je n'ai pu résister au désir de vous ouvrir mon coeur pour que vous puissiez lire toute ma gratitude, et la profonde reconnaissance qui vous est vouée.

Votre très humble et respectueuse subordonnée,

S. Duthoit

Institutrice





7 comments

Pat Del said:

Merci pour ton commentaire, Christine. C'est sûr que plus aucun 'subordonné' ne penserait à s'adresser ainsi à son autorité de tutelle ...
Tout change ! Aujourd'hui, on ne répond guères au courrier envoyé par la poste ! Pour (soi-disant) gagner du temps, circulent de plus en plus des messages électroniques, dénués de formules de style, qui commencent par "Bonjour" et se terminent par "Cordialement" !!!
6 years ago ( translate )

Pat Del replied to Pat Del:

'Christine', qui avait présenté des commentaires sous cet 'article', ne fait plus partie d'Ipernity depuis le 10 mars 2018.
6 years ago ( translate )

Pat Del said:

Sous la Série 1 T 89, les Archives Départementales du Nord conservent de multiples documents traitant de l'Instruction Publique des années 1850.
Pour être instituteur, il fallait certes avoir des capacités reconnues, mais aussi recevoir l'agrément des autorités locales à qui revenait le soin de mandater les traitements. Or les intéressés étaient souvent mal payés. En l'absence de syndicats, les pétitions affluaient auprès des autorités de tutelle. L'élégance du style et surtout l'aisance presque familière avec laquelle on s'adressait à la plus haute hiérarchie ont de quoi surprendre le fonctionnaire contemporain. Qui oserait aujourd'hui s'adresser directement à un préfet en citant Saint Luc ... ou pour réclamer des latrines personnelles !
Les enseignements étaient moins laïcs qu'ils ne le sont devenus après Jules Ferry. Dans un rapport d'inspection établi le 15 Mars 1857 à Quesnoy-sur-Deule, il apparaît que les livres en usage faisaient référence à une civilisation chrétienne : 'Principes de Lecture', 'Devoirs du Chrétien', 'Bible de Royaumont', 'Grammaire française', 'Arithmétique des Frères', 'Histoire Sainte', 'Géographie méthodique' ...
6 years ago ( translate )

Valeriane ♫ ♫ ♫¨* said:

autre temps, autre monde je dirais*******************et pourtant...
6 years ago ( translate )

Pat Del said:

Effectivement, sur le plan de la 'reconnaissance', les modalités d'expression ont évolué.
Il faut dire que les droits se sont considérablement élargis, tout comme les réglementations qui les encadrent.
6 years ago ( translate )

Rosemma said:

Je suis émerveillé par ce témoignage éloquent de reconnaissance, qui paraît inimaginable de nos jours !
Merci de nous faire partager les petites merveilles que tu relèves dans les Archives officielles !
5 years ago ( translate )

Pat Del said:

Dire merci, le faire avec élégance, beaucoup de nos contemporains n'ont même pas l'idée de le faire ...
5 years ago ( translate )