Tout avait bien commencé, mais ça n’a pas duré longtemps. Si nous étions partis avec 5 minutes d’avance sur l’horaire officiel - ce qui n’arrive jamais -, au bout de 40 km : un pneu a crevé. Vingt minutes à changer la roue. Le pneu de secours était visiblement sous-gonflé et lisse. Je me suis dit, heureusement qu’il y a deux autres roues de secours, car celle-ci va éclater sous le poids et en raison de l’état de la route. Pourtant, pas d’autre crevaison à déplorer. Un miracle.
En revanche, côté route, pas de miracle. On m’avait dit, en substance, pas d’inquiétude sur le 1 117 km (1 185 km selon d’autres sources), la route est excellente, sauf sur les 50 derniers km, avant Diego Suarez, où la route est terrible. La route s'apparente au sol lunaire. La réalité a été tout autre. La route sur la quasi-totalité du trajet était truffée de trous et de failles, obligeant les chauffeurs à zigzaguer en permanence, d’un côté à l’autre de la chaussée. Parfois, on avait la possibilité de faire des pointes de 40 à 50 km/h, mais au prix d’énormes nuages composés d’un mélange de terre rouge et de poussières de ciment… Masques obligatoires pour s’épargner les poumons.
Inutile de dire que dans ces conditions, seul l’épuisement nous a permis de dormir… Un peu, car les secousses du véhicule, parfois proches d’un séisme, interrompaient un sommeil déjà peu réparateur. Et c’était aussi sans compter sur l’autoradio qui crachait des musiques traditionnelles et du rap malgache, à fond les décibels. Raison de cette orgie sonore ? : « Ça empêche le chauffeur de s’endormir… » (sic). À noter qu’il y avait trois chauffeurs pour se relayer, car nous ne nous sommes pas arrêtés pour dormir. Juste pour avaler une assiette de riz et boire un café infecte.
Finalement, malgré nos craintes, ni ma femme, ni moi, sommes arrivés cassés en deux. Épuisés certes, mais les reins et les cervicales intactes. Un autre miracle, car nous nous attendions au pire. Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, conrairement à ce qu'on nous avait annoncé, les 120 derniers km, offraient une route neuve fraichement asphaltée. Elle devait être inaugurée ces jours-ci, mais le président récemment destitué par la pression de la jeunesse malgache et un coup d’Etat militaire, à dû faire ses bagages et fuir au Qatar. Et pas en taxi de brousse, lui.
Pour finir, j’ai une pensée pour les cinq chiens, le chaton et les deux poules qui n’ont pas survécus à ce voyage. Seules les poules ont trouvé la mort en étant percutées par notre véhicule. Les chiens, majoritairement des chiots, et le chat, étaient déjà morts quand nous avons roulé dessus, sans la moindre précaution. Nous n’en étions pourtant pas un un coup de volant près.
Pour ne pas avoir de nouveaux morts sur la conscience, nous reprendrons la route du retour pour la capitale… En avion. Nous nous sommes précipités le lendemain matin de notre arrivée, à l’agence d’Air Madagascar. Il faut savoir varier les plaisirs.
La photo de notre taxi de brousse a été prise à peu près 20 heures après notre départ, lors de la pause-café imbuvable, en guise de petit-déjeuner. Quant aux toilettes à l’extérieur de la gargote, si vous y passez un jour, je vous recommande le port du masque. On les voit sur la photo au fond, derrière le taxi de brousse. Au sol, il y a des seaux jaunes qui font office de chasse d'eau.
Pour finir, je précise qu'une fois n’est pas coutume, la photo a été prise avec mon smartphone. Le matériel photo, lui, était à l'abri de la poussière.
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