Loading
Djerba la douce (?)


DJERBA Janvier 2020
11 janvier 2020

Que dire au bout de ce quatrième jour sur l'île de Djerba après une trentaine d'années d’absence? Les choses ont-elles changées? En bien en mal? Une des premières choses qui m'ont frappées c'est l'absence de téléphones portables et de pantalons déchirés à la mode en Europe.Des téléphones et des accros il y en a mais dans des proportions nettement plus faible si bien qu'on le remarque d’emblée, et ça fait du bien! De même pour cette affreuse mode des pantalons déchirés! Il faut être riche pour se promener avec des pantalons à l'arrache ça frise l'indécence et l'irrespect envers ceux qui ne peuvent pas se payer un pantalon neuf. La nonchalance des tunisiens me surprendra toujours! Ici on prend le temps de vivre, de traverser la rue (pas que pour trouver du travail), de ne rien faire que regarder les gens passer comme on regarde passer la rivière depuis les berges. Mais tout n'est pas rose pour autant, les véhicules roulants déglingués, les mobylettes squelettiques d'un autre âge, le manque d'organisation et les déchets plastiques sont là pour rappeler que la pauvreté n'engendre pas uniquement que des rires et de la bonne humeur offerte aux touristes riches (qui touchent chez eux le SMIC). Le coût de la vie en Tunisie est au moins 4 fois plus faible qu'en France et 5 fois moins qu'en Hollande ou Allemagne; si bien qu'un smicard peut se retrouver ici avec une véritable petite fortune. Ce décalage de revenus est vivement ressenti presque comme une injustice. Je l'ai ressenti à travers diverses réflexions qui m'ont été faites alors que j'essayais d'argumenter mon faible pouvoir d'achat en France ou le prix d'un ordinateur acheté pas cher..... Pas cher..? 150 € ..? c'est à dire 450 Dinars..?! Le salaire mensuel tunisien..! Je me suis senti mal à l'aise. Bizarre de se sentir riche et pauvre à la fois. Avec le développement fulgurant d'internet, les peuples, au-delà des déserts et des océans on a pu voir comment d'autres jeunes vivaient, s'amusaient, dépensaient leur argent dans des futilités inaccessibles pour eux. On comprend mieux pourquoi et comment des milliers de gens risquent leur vie pour aller vers un monde meilleur où la richesse est à portée de main. (un salaire en Allemagne équivaut à 7 salaires tunisiens). Le repas de ce soir m'a coûté moins de 3 € (8,5 dinars).

14 janvier 2020

Puisque toute médaille à son revers, voici celui de Djerba. Sans vouloir assassiner le tourisme qui recommence à alimenter timidement l'économie de la Tunisie après les attentats, voici des images malheureuses qui pourraient ne pas exister avec un petit effort et beaucoup de volonté politique. Voyager, c'est montrer ce qui est et pas forcément ce qui plaît... J'avais un peu fait l'erreur à Santorini de ne montrer que les belles choses, pourtant là-bas aussi il y avait de la pollution par le plastique ! Le mal du siècle est là aussi, des milliers de bouteilles d'eau sont vendues tous les jours, je doute qu'il y ait un traitement efficace pour ce genre de déchet ! Photos prises à deux pas du souk et de la Marina qui sont restés bien propres, touristes oblige.


15 janvier 2020
Enfin! Au bout du 2ème jour à Guellala j'ai eu deux agréables surprises. Non! Tous les ateliers de fabrication ne se sont pas effondrés il y en reste en activité mais dans un autre secteur de Guellala sur la route de Kantara après la mosquée à droite. C'est là qu'on fabrique les jarres les plus grandes. Très bonne surprise !

La seconde est que le potier que je croyais mort ( puisque qu'on me l'avait assuré deux jours auparavant ) est bel et bien vivant ! Il a 63 ans et il est toujours sur Guellala... Cerise sur le gâteau je le rencontre dans la rue alors que je discutais avec d'autres personnes glanant des informations!!!
Vidéo en Super 8 de 1978 des potiers de Guellala sur Youtube youtu.be/hLSGM-kauio et ci-dessous juste avant de rencontrer ce fameux potier tant recherché..(selfie avec moi !)


16 janvier 2020

C'est pénible et usant de se sentir poisson et être entouré de hameçons. A chaque passage on risque d'être happé et entraîné au fond d'un magasin avec peu de chances d'en ressortir sans avoir ouvert son porte-monnaie..

L'hiver il y a très peu de touristes si bien que ceux qui ont l'outrecuidance de s'aventurer dans le dédale du souk couvert sont hameçonnés, interpellés, invectivés avec tant d'insistance que ça devient plus que lassant, angoissant. Ce fut mon cas les premiers jours et il a fallu que je j'use de stratagèmes pour passer le plus inaperçu possible me fondant dans la couleur locale... Fini le chapeau sur la tête mais à la place un bonnet et un sac en toile plastique pour tout sac à main. J'ai donc eu droit à la place des pénibles " vous parlez français ?.. venez voir, allez venez..." à quelques "Salam" qui veut dire bonjour..L'affaire était gagnée au pays des marchands le contact désintéressé est totalement prohibé.. Si on répond d'une manière ou d'une autre avec un " Choucran! " ne croyez pas que vous êtes sorti d'affaire! Car les marchands ça insistent lourdement, une connaissance ayant vécu avec les forains des années dirait qu'il nous "rongent"..C'est malheureusement le sentiment qui prédomine quand je vais dans le Souk, les marchands me rongent!! Il y a toujours une idée derrière la tête quand par malheur vous entamez une conversation.. celui de vous vendre quelque chose et ainsi faire leur journée.. la leur pas la mienne. Mais à l'opposé de ces rongeurs marchands j'ai pu apprécier à nouveau de la gentillesse du peuple tunisien dans le sud, à Guellala, à Erriadh. Je ne retournerai plus dans le Souk de Houmsouk, je ne veux pas partir de Djerba sur une fausse note et une mauvaise impression... Messieurs et Mesdames les touristes je vous laisse mordre aux appas tant que vous voudrez les bouchons flottent.

16 janvier 2020

Pour information, quand on arrive à l'aéroport de Djerba il vaut mieux sortir de l'argent en Dinars sur place avec sa carte bleue au guichet automatique. Il ne vous coûtera aucune commission par contre si vous retirez à Houmtsouk il vous en coûtera 10 Dinars de commission quelque soit le montant retiré!.. J'ai retiré 100 Dinars et ils m'ont compté: 110 Dinars, j'ai retiré 50 Dinars ils m'ont compté 60 Dinars.
A l'aéroport j'ai retiré 100 Dinars, Ils m'ont compté 100 Dinars ( 32 € )..Côté pratique encore, avant d'atterrir à Djerba dans l'avion on vous donne un papier vert qu'il faudra remplir et présenter à la douane en même temps que votre passeport. ne faites pas comme moi, j'ai failli le jeter à la poubelle! Il vous sera demandé également pour l'embarquement du retour, aussi gardez le précieusement avec votre carte CB et votre passeport et votre billet de réservation de votre vol (enregistrez-vous avec Transavia 30 heures avant le départ, en ligne sur leur site,n'oubliez pas vos identifiants et mot de passe que vous vous serez envoyé par mail codé avant de partir).
L'enregistrement final se fera au bureau à l'aéroport car il faut présenter son passeport. S'enregistrer en ligne 30 heures avant le départ permet de choisir sa place dans l'avion GRATUITEMENT.

18 janvier 2020

Je quitte Djerba avec un sentiment de soulagement. Un arrière goût de mauvais sandwich avalé devant l'aéroport, un dernier clin d’œil à la bonne poire de touriste que je suis parmi tant d'autres. Mauvais sandwich, mauvais voyage, mauvais lieu, mauvaise période... Djerba la douce ne m'a pas montré sa plus belle face, celle qui rayonnait encore il y a peu dans mon cœur... L'hiver y est pour quelque chose. C'est comme partout. Je ne reviendrai jamais à Djerba en cette saison et j'éviterai à tout prix les lieux touristiques gangrenés par le tourisme de masse qui pervertit les rapports humains et font des marchands des gens peu fréquentables. Mais est-ce là la seule raison ? Le faible pouvoir d'achat dans ce pays très pauvre comparé à l'Europe ( salaire moyen = 150 € ) y est peut-être aussi pour quelque chose. J'ai ressenti un peuple triste, taciturne à l'image de leur tenue vestimentaire sombre, sans éclat. Ça déteint forcément sur les rapports humains et d'une manière plus flagrante sur le étrangers pour qui ils n'ont que peu de considération. Sans vouloir généraliser, c'est du moins ce que j'ai ressenti. Moi qui ai connu un peuple accueillant serviable gentil et aimable avec qui j'ai partagé des repas à la lueur d'une bougie mangés avec les mains. Là où j'ai été invité à participer à un mariage berbère dans la joie, la musique, les chants et les rires, je n'ai vu que tristesse désabusée ou indifférence à mon égard. Je tire de ce court voyage un goût amer et une grande désillusion à l'image de ce dernier mauvais sandwich tartiné avec du thon, de l’harissa et beaucoup de pain servi pas une jeune fille dont le regard était d'une tristesse à pleurer sans amabilité et d'une indifférence totale.