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"Pauvre petite moi !"
Voilà plus d'une année que Doodie correspond avec Henri Morand, son filleul de guerre.
Elle lui a adressé régulèrement des lettres, des cartes-postales et des petits colis.
Dans cette missive, la jeune fille, agée maintenant de 17 ans, évoque son aversion à l'égard de ses préceptrices ...
Maindenhead (Berkshire), le 30 Juin 2018

Mon bien cher filleul,

Je vous remercie mille et une fois pour vos deux charmantes lettres, qui m'on fait un plaisir énorme.
(...)
Bien entre nous, je déteste les études et je fais pas la moindre attention à aucune de mes professeurs. Pendant ma première jeunesse, j'aimais travailler pour la simple raison que je n'avais autre chose à faire. Mais, maintenant que je suis plus vieille, je veux m'amuser, non pas étudier ! Et puis celles qui m'enseignent sont si ennuyantes, toutes très vieilles. L'Anglaise toujours malade, et la Française folle sur le sujet de la religion. C'est gai pour moi, n'est-ce pas ? Elles ont 45 et 50 ans au moins (Française : 50 ; Anglaise : 45). Essayez de me figurer avec un beau temps, comme nous en avons en ce moment, enfermée dans ma chambre. Il faut que je reste là où sont mes livres avec ces chipies de mauvaise langue !
Je n'ai pas de chance, pauvre petite moi ! Mais pourtant, je m'amuse assez bien tout de même, car je me débarasse de ces vieilles et je sors autant que je peux avec mes amies. Furie des vieilles, ça va sans dire ! Plaisir de Maman, qui a un coeur d'or et qui est jamais si heureuse que quand je m'amuse.
(...)
Enfin, mon cher filleul, je suis ravie que vous êtes en permission auprès de vos chers parents, qui doivent être contents. J'ose espérer que vous avez un temps favorable pour votre congé tant attendu et tant mérité.
Votre petite marraine qui pense souvent à vous,
Doodie

4 comments

Pat Del said:

Avec le temps, Doodie n'hésite pas à parler de son quotidien avec son cher 'filleul'. Elle le fait avec une franchise et une spontanéité qui peuvent d'autant plus surprendre qu'elle s'adresse à un jeune homme impliqué dans un conflit, dont on ne perçoit pas encore la fin.
N'oublions pas qu'elle est jeune, vive, spontanée. Gageons que son caractère quelque peu primesautier ne doit pas déplaire à Henri ...

[Réponse à un commentaire supprimé ultérieurement]
5 years ago ( translate )

Pat Del said:

Henri était fils d'agriculteur. Avec Doodie, il découvrait un autre monde que celui dans lequel il avait été confiné jusqu'à son appel sous les drapeaux.
Incontestablement, les lettres d'une jeune fille étrangère, gâtée et a priori sans complexe, lui permettaient de s'évader d'un quotidien plus que stressant ...

[Réponse à un commentaire supprimé ultérieurement]
5 years ago ( translate )

Rosemma said:

Le courant n'a pas l'air de passer avec "L'Anglaise toujours malade, et la Française folle sur le sujet de la religion" !!
5 years ago ( translate )

Pat Del said:

Pas facile le rôle de préceptrice ! N'oublions pas que 'Doodie' était américaine et fille unique. Ses cours avaient lieu à domicile.
5 years ago ( translate )