Cavalero
!
Entre-temps, j'ai attrapé une maladie vieille comme l'humanité
et contre laquelle n'existe, à ce jour, aucun remède.
Ceux qui ont été épargnés en sourient, parfois s'en gaussent.
Ils ont tort.
Elle paraît en effet anodine, négligeable, divertissante,
elle est insidieuse, exigeante avant de devenir tyrannique.
Elle ne laisse aucun répit.
Elle n'admet aucun rival.
Elle exige qu'on lui sacrifie beaucoup de temps,
une dispendieuse énergie,
toutes ses économies, son corps et, qui sait, son âme.
À l'instar de certaines religions,
elle promet le paradis après qu'on a bien souffert et qu'on s'est bien effacé.
Elle déteste les paresseux et les lâches.
Elle est effrayante et magnifique.
Il arrive qu'on en meure.
C'est la fièvre du cheval.
Jour après jour, elle me dévore.
J'ai essayé en vain de lutter.
Maintenant, soumis, je me laisse faire.
Je m'applique et m'amuse seulement à la domestiquer.
Je lui cède en selle, elle me poursuit à pied,
jusque dans la grande ville
où elle ne manque jamais une occasion de me narguer et,
si d'aventure je la dédaigne, de me persécuter.
Jerôme Garcin
More information
Visible by: Everyone
Attribution + non Commercial + no derivatives
-
Taken on Wednesday July 28, 2010
-
Posted on Wednesday July 28, 2010
- 645 visits
- 1 person likes
0 comments