Procès du "Cuba Libre"
Rouen - Aujourd’hui, je m’écarte un peu de ma série photographique sur le travail des journalistes au quotidien. Tout simplement parce que l’un des risques du métier et de refaire les mêmes images. Pour la télévision on arrive toujours à se débrouiller avec de nouvelles interviews qui peuvent en cas de besoin compenser le manque d’images. Pour les sujets liés à la justice, on a peu d’images à faire. Pendant les débats, tout enregistrement ou captation sont interdits.
En visionnant ma production jeudi soir, j’avais d’autres équipes de télévision en tournage, sous des angles différents, des photos d’interviews réalisées par les radios, des rédacteurs de presse écrite prenant des notes… Mais je trouvais qu’elle n’apportaient rien de plus à celle proposée d’hier.
Je préfère présenter une photo de la salle des pas perdus du palais de justice de Rouen où se tient toujours le procès des gérants du « Cuba Libre ». Un bar détruit par un incendie 6 Août 2016, faisant 14 victimes.
Au moment de la prise de vue, l’audience vient d’être suspendue pour une demi-heure. Une bonne partie de la matinée, les magistrats ont entendu les familles des victimes qui ont parlé de leurs enfants, tragiquement disparus. Ce procès est celui des gérants, présumés responsables de ce drame, en raison de multiples négligences, mais les victimes doivent être entendues à travers les témoignages de leurs proches qui demandent justice.
Inutile de préciser que cette journée a été intense en émotion, en cris et en pleurs. Des pleurs chez les familles, dans l’assistance, mais aussi sur le banc des avocats (même de la défense) et chez les journalistes. Les magistrats qui mènent les débats étaient aussi visiblement affectés.
Moi, je suis sorti de la salle au bout d’une heure. N’ayant pas d’article particulier à écrire ce jour là, j’avais le sentiment d’être un peu « voyeur » devant la douleur insupportable des familles. C’était aussi une façon de me préserver. J’en avais assez entendu pour me faire une idée de la teneur des débats. Pas la peine d’en rajouter.
Grand bien m’en a pris, ça ma permis d’être en mesure de soutenir mes collègues au moment de la suspension d’audience pour la coupure du déjeuner vers 13h30. Ils étaient ravagés par ce qu’ils venaient d’entendre. Mais au bout de quelques minutes, ils ont quand même réussi à faire l’interview d’une avocate pour le sujet du soir. Sincèrement émus, ils sont restés professionnels jusqu’au bout.
Comme il s’agit d’un drame collectif, des secouristes de la Croix rouge et des psychologues de l’association d’aide aux victimes (AVIPP) étaient présents. Jeudi, ils n’ont pas chômé entre les malaises et les aides psychologiques à apporter aux parents qui venaient de déposer à la barre.
On en voit au premier plan sur la photo. Les cas les plus préoccupants sont accueillis au fond de la salle des pas perdus, loin des regards indiscrets, à l’abri derrière le grand panneau au fond à droite.
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Taken on Thursday September 12, 2019
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Posted on Friday September 13, 2019
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15 comments
Jaap van 't Veen said:
ROL/Photo said:
neira-Dan said:
Nouchetdu38 said:
...........(La salle du palais de justice de Rouen est en revanche superbe)
Jean-luc Drouin replied to Nouchetdu38:
J'ai passé tellement de temps dans cette salle à attendre les verdicts de la Cour d'Assises, ou lors de procès à huis-clos interdits au public, que j'ai eu le temps d'étudier les angles de tirs. Je sais où les soldats étaient placés quand ils se tiraient dessus. On passe le temps comme on peut. L'une des qualités requises pour un chroniqueur judiciaire est la patience. Ce qui nous ramène à notre sujet initial.
William Sutherland said:
Admired in:
www.ipernity.com/group/tolerance
Marije Aguillo said:
Annaig BZH said:
tiabunna said:
Marije Aguillo said:
Keith Burton said:
Marta Wojtkowska said:
trester88 said:
J.Garcia said:
Merci pour le texte, aussi!
Sylvain Wiart said: