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IMG 7060 Eugène Boudin. 1824-1893. Paris Deauville. Le Port de Bordeaux. The Port of Bordeaux. 1874. Paris Orsay

Eugène Boudin. 1824-1893. Paris Deauville.
Le Port de Bordeaux. The Port of Bordeaux. 1874.
Paris Orsay


LA PEINTURE EUROPÉENNE ET LE DIALOGUE SOCIAL



"Il est impossible de rien comprendre à l'art médiéval si l’on ne comprend pas quel espace de liberté y est consenti à l’artiste. L’art médiéval offre l’évidence d’un plaisir des formes qui est commun aux artistes et à leur public et qui ne se confond pas avec l’inspiration religieuse."
ANDRE CHASTEL. L’Art Français Flammarion 1993

"Regardez notre art, nous avons l'esthétique de notre éthique : un cri dans le désert.
Jean DUCHE". Le Bouclier d’Athéna. L'Occident, son histoire, son destin. 1983

L'Art Roman ? L'Art Gothique ? Un fameux succès de l'imaginaire. La preuve que l'homme est beaucoup plus que l'homme, et qu'il mérite Dieu.
Jean DUCHE. Le Bouclier d'Athena.


L'art, la peinture en particulier, mais aussi la sculpture, est commandé par les idéologies qui dominent son époque, et décidé par les élites idéologiques et politiques des sociétés. Il est possible de tenter une analyse de l'histoire de la peinture européenne sous un angle un peu différent du fondement idéologique de l'art, bien que très lié à lui : celui du dialogue inter-social. C'est un autre chapitre de "l'art miroir des valeurs d'une société".

1° Dès l'époque romane la peinture européenne, qui commence par la fresque et la mosaïque, se poursuit par les enluminures (les livres de piété...), puis les vitraux et enfin plus tardivement les tableaux de chevalet, présente, pendant environ 1000 ans (500-1500 en dates grosses) des caractéristiques communes intéressantes.
- C'est un art dont le sens est univoque, idéologiquement commandé par la doctrine de l’Église catholique à l'ouest, l'église orthodoxe à l'est dans l'Europe slave.
- C'est un art pleinement partagé, totalement inter-social : il s'adresse à toutes les couches de la population. Les élites, idéologiques et politiques, religieuses et aristocratiques, s'entendent pour promouvoir un art qui est compris par toutes les classes sociales. Depuis elles mêmes jusqu'aux petites gens, la paysannerie, en passant par la bourgeoisie moyenne ou petite et l'artisanat. Pendant toute la période gothique et romane, qu'une historiographie orientée appelle "le Moyen Age", tout l'art des églises, partout en Europe, du moindre village aux plus grandes villes, pendant un millénaire, part du haut de l'échelle sociale et se destine aux peuples, y compris et même surtout aux illettrés.

2° A la "Renaissance" l'élite sociale, aussi bien celle profane que celle religieuse, toute l'aristocratie et la très haute bourgeoisie qui a conquis sa place et s'est assimilée à l'aristocratie, sous l'influence des idées Humanistes, font naître, à côté de l'art médiéval sacré, un art nouveau. Cet art, profane, s'inspire des thèmes empruntés à l'histoire de l'antiquité européenne et à la mythologie gréco-romaine. C'est incontestablement un art réservé à l'élite cultivée. Mais la même élite continue de commanditer et de participer à l' art religieux inter-social, pluri-social, qui continue de s'adresser à tout le peuple, du bas en haut de l'échelle sociale, élites comprises. Il n'y a pas affrontement entre ces deux domaines de la peinture européenne qui vont continuer à vivre en parallèle et en bonne intelligence. En effet la Renaissance n'est pas, contrairement à ce que l'on écrit souvent, une rupture idéologique dans la société européenne. Le dialogue inter-social continue comme auparavant sur les mêmes thèmes religieux.

3° "La Réforme" va mettre en place, dans les seuls Pays Bas du nord, une évolution remarquable. Contrairement à la Renaissance, sur le plan idéologique la Réforme est très clairement une rupture par rapport à la société antérieure. Une scission qui va provoquer une orientation profane, laïque et matérialiste des thèmes de la peinture.
Au plan social c'est la naissance et le triomphe de la peinture bourgeoise des classes moyennes.
Avant la Réforme, et après la Réforme, dans toute l'Europe hors des Pays Bas, la haute bourgeoisie européenne s'est totalement assimilée à l'aristocratie, et ses goûts artistiques ne s'en distinguent pas : elle préfère "le grand art", outre bien sûr les portraits.
Après la Réforme, mais aux Pays Bas uniquement, c'est le triomphe d'une peinture laïque mais surtout très réaliste, très proche de la vie quotidienne du petit peuple. C'est bien sûr la bourgeoisie néerlandaise dans son ensemble qui est l'élément catalyseur de cet art, qui sponsorise et fait vivre les peintres. Mais les thèmes de cette peinture peuvent être très populaires. Le paysan n'accroche pas de tableaux dans sa chaumière, mais il est souvent, ainsi que les animaux de la ferme, le sujet de la peinture des Pays Bas. Il est possible dès lors de parler d'un "art de la classe moyenne" car le marché de cet art est toute la classe moyenne des Pays Bas. Même si cet art se décide, comme toujours, tout en haut d'une société dirigée par une très haute bourgeoisie et quelques aristocrates.
Cet art caractéristique des Pays Bas du 17è siècle ne se répand pas ailleurs dans l' Europe restée catholique (Allemagne, Autriche, Italie, Espagne) ou de manière tout à fait marginale. Pendant tout le 17è et le 18è siècle l'art de la peinture de ces pays continue sur la lancée de la Renaissance : il reste divisé en deux domaines distincts, mais non affrontés, complémentaires :
- L'art religieux à destination des peuples, toujours dirigé par l’Église catholique, toujours commandé par une volonté de dialogue social, et par le souci constant de s'adresser à toutes les couches de la population européenne y compris les analphabètes. Depuis la haute aristocratie et la haute bourgeoisie jusqu'à la paysannerie, selon la destination du tableau, l'importance des églises ou le particularisme des demeures privées.
- "Le Grand Art" dont les thèmes sont à la fois religieux, historiques et mythologiques, commandité par les Rois, les Princes et la Haute Église. Un art destiné aux Palais des Rois, aux Hôtels de l'Aristocratie et de la Haute Bourgeoisie commerçante et financière, aux églises d'importance, et aux édifices publics.
Une précision s'impose si on veut différencier les périodes de l'art médiéval et de l'art postérieur à la Renaissance, de la situation contemporaine : il n'existe pas d'art d'état. Même en France, nation pourtant très centralisée, sous le règne de Louis XIV. Les décideurs, les sponsors sont multiples. Les rois, en France ou dans toute l'Europe, ne sont pas l’État. Leur influence dans les provinces est faible. Il existe un art de la Cour, mais les aristocraties, la grande et la moyenne bourgeoisie, la haute église, les couvents, les églises régionales et rurales, forment un monde de commanditaires très divers. Les valeurs sociales, morales, spirituelles, esthétiques de cette société sont très unifiées, mais il n'existe pas à ces époques d'art officiel. Il n'existe pas alors d'art d'état, l'art d'un parti unique, officiel et reconnu comme sous les régimes communistes, ou officieux et dissimulé comme actuellement dans l'Occident capitaliste. Les circuits de décision et de création de l'art à l'époque médiévale, comme après la Renaissance dans toute l'Europe, sont très divers et très décentralisés. C'est ce qui explique que malgré l'existence en Europe de l'Ouest d'une idéologie unique, la religion catholique, la société n'est pas totalitaire. Cette société politiquement décentralisée permet à un art authentique de s'épanouir en créant les conditions d'une réelle liberté esthétique et en tenant un discours qui s'adresse à toute la population du haut vers le bas de l'échelle sociale. Il n'y a pas d'art séparé à destination de telle ou telle catégorie sociale. La situation est un peu différente dans l'Europe slave et orthodoxe, pour des raisons politiques et culturelles.

4° Une fois mis fin aux guerres imposées par la Révolution et l'Empire, l'Europe va pouvoir retrouver la paix, et se consacrer à nouveau à son développement scientifique, technique et économique interrompu pendant un quart de siècle par les ambitions françaises.
A partir de 1820 et jusqu'en 1950, toujours selon des datations approchantes, c'est la période de l'Art Moderne. Une période extraordinairement plurielle au plan idéologique. On constate un net effacement de la religion catholique, mais les "Lumières" n'ont pas encore triomphé absolument et aucune idéologie sacrée ou profane ne domine totalement la société européenne. C'est ce qui explique la grande diversité des thèmes et la liberté de création dont jouissent les artistes. Sauf les deux exceptions communiste et nazie mais qui restent circonscrites dans le temps et dans l'espace.
Au plan social on peut dire que c'est la victoire progressive de l'art bourgeois compris comme un art des classes moyennes. Bref, c'est l'art des Pays Bas du 17è siècle qui s'installe dans toute l'Europe avec toutefois une résistance un petit peu plus évidente de la peinture religieuse, qui n'est cependant plus commanditée exclusivement par l’Église.
La Grande Peinture, "le Grand Art", c'est l’école Académique en France qui le perpétue. Il va résister très peu de temps. Dès les Impressionnistes, la peinture de style et de thème classique doit s'effacer, non pas disparaître, mais accepter de laisser vivre la peinture bourgeoise des paysages ordinaires, des mœurs de la vie quotidienne, des nature-mortes. Une peinture en outre d'un style très éloigné du grand classicisme.
L'Art de la période Moderne c'est un art de la peinture très divers, représenté par de multiples écoles, qui réduit à peu de chose les grands sujets religieux, historiques ou mythologiques et s'adresse en fait à toutes les classes du bas en haut de la hiérarchie sociale. L'art abstrait, une nouveauté qui apparaît dans les années 1900 s'adresse plus spécifiquement aux intellectuels, mais toujours de toutes les classes de la société. On peut donc bien parler d'un art bourgeois des classes moyennes, mais qui n'est aucunement exclusif, totalitaire, qui laisse vivre le Grand Art notamment dans l'art décoratif monumental, et qui laisse se développer sur ses marges l'aventure de l'art abstrait. Bref la période de l'Art Moderne est un temps de dialogue et d'art partagé entre les différentes couches de la société, mais sans aucun doute avec plus de diversité thématique et stylistique que dans les temps plus anciens, entre 500 et 1800.
Les valeurs morales et esthétiques de la société européenne, ne sont plus aussi unifiées qu'aux siècles précédents, elles se sont diversifiées. Dans les parties de l'Europe où aucune idéologie n'a encore triomphé, malgré la centralisation étatique croissante, une grande liberté de création artistique est possible. En dehors bien sûr des régimes totalitaires de la Russie communiste et de l'Allemagne nationale-socialiste, la période de l'Art Moderne ne connaît pas non plus d'art officiel, d'art d'état.

5° A partir des années 1950 et suivantes s'impose en Europe l'Art Contemporain. Il est inspiré par des avant-gardes européennes et souvent parisiennes, mais est en provenance de New York.
La caractéristique de cet "Art" est qu'il se veut radicalement révolutionnaire, absolument novateur, qu'il entend faire table rase de toute l'esthétique du passé européen. A commencer par le rejet du Beau comme but de l'art. Le Nouveau Monde des Amériques du Nord, celui des USA, entend s'opposer à l'Ancien Monde, Européen, et s'imposer à lui. Le Nouveau Monde a donc systématisé cette idée "géniale", esquissée en Europe, à Paris : le Beau n'est plus un critère de l'art. Quant au Sens, il est possible de l'inventer, de lui faire dire ce que l'on veut. Et de vendre ce petit montage nouveau avec beaucoup de profit.
A partir de la Fontaine-Urinoir de Marcel Duchamp le laid est promu à la dignité de concept créateur, d' idée fondatrice, inséparable du nouvel Art Conceptuel, à égalité avec quelques autres obsessions : le Nouveau, l'Absurde, la Provocation et la Rentabilité.
L'artiste contemporain officiel doit proposer froidement, avec détermination les objets les plus hétéroclites : sièges et tables bancales, cartons, toutes les brosses, à dent, à ongles, à cils, à cheveux, à vêtements, des lunettes, des chaussures, balais brosse et serpillières, cintres, vêtements, chiffons entassés, boites ouvertes ou fermées, machineries cassées ou concassées, tubulures, poutrelles rouillées, tordues, cassées, poutres de ciment, moellons, parpaings, tuiles, briques entières ou pulvérisées, tubes de néon, tas de gravats ou de charbon, sacs de cailloux, toutes les sortes de tuyaux: fer, ciment, plastiques, tous les tissus en vrac, du caoutchouc, des seaux, brocs, pots, un vieux téléphone, des machines à écrire, à laver, un évier... et bien sûr toujours des carrés ou rectangles blanc, jaune, noir, rouge et des taches ou des lignes à l'infini. ...et proclamer haut et fort, avec une grande assurance, le plus de culot possible même, que c'est de "l'art" et surtout de l'art anti-bourgeois. Car bien sûr cette élite éclairée et argentée qui commandite le non-art contemporain se proclame et s'affiche révolutionnaire. Son art est conçu pour déranger les peuples, mais c'est pour leur bien, donc c'est révolutionnaire.
Le mépris des classes moyennes, le mépris des peuples, est devenue une caractéristique de l'art de l'élite éclairée de l'Occident. C'est l'art des "Lumières" idéologiquement monolithique, mondialiste, qui triomphe au niveau de l'art officiel c'est à dire celui étatique, des grands ensembles et des Organisations Internationales, et même des Grandes Fondations Internationales privées. Ainsi qu'au niveau de la Finance Internationale.
Cet art officiel, d'état ou privé, n'est plus en Occident un outil de dialogue inter-social, il s'enferme dans un discours ésotérique, s'impose dans des musées construits exprès pour lui, et se fabrique un marché particulier. L'art Contemporain, Conceptuel est devenu une Réserve pour Eclairés et Riches. Un art réservé à l'Oeil qui illumine, de tout en haut, et à ses Gardiens du Temple des niveaux supérieurs, la Pyramide sociale. La Pyramide qui figure sur le billet de un dollar et dans la cour du Louvre à Paris. Et dont le programme d'extermination et de contrôle absolu des peuples, anti-humaniste, est inscrit sur le monument appelé les Georgia Guidestones (USA). Bien sûr au nom de la Raison Eclairée, celle des "Lumières".

6° A d'autres niveaux de la société occidentale, au niveau tout à fait moyen de la Pyramide, au niveau de la bourgeoisie ordinaire et des classes moyennes, au niveau local et régional des villes, s'est maintenu vivant un art privé, commercial, qui survit en dehors du catéchisme de l'art officiel, mais aussi de ses sources de financement.
D'autre part, parti aussi de New York, mais vraiment originaire du Nouveau Monde, l'art des rues, à l'origine rebelle et sauvage, se développe un peu plus tardivement, puis s'impose en Europe à partir des années 2000-2010, jusqu'à devenir un art toléré, semi-organisé, puis adopté et sponsorisé. Le secteur public et celui privé sont associés dans son succès. Mais cet art est toujours à des niveaux de décision locale, et bien sûr essentiellement citadin, comme toute la société occidentale.

L'art privé commercial et l'art des rues sont deux domaines de la peinture occidentale qui pratiquent le dialogue inter-social, à l'intérieur de toutes les classes moyennes, et même en direction des classes les plus défavorisées. On peut penser que le développement de l'art des rues pourrait permettre de limiter les graffitis vandales imposés par quelques asociaux, qui malheureusement ont défiguré beaucoup de nos villes. Après seulement on pourra peut être s'occuper de construire une esthétique pour les exclus de la société. Encore qu'il est très douteux que les exclus aient du temps à consacrer à l'esthétique, et que cette question est surtout un faux problème agité par des intellectuels-idéologues, très semblables à ceux qui nous ont fabriqué l'art contemporain.

Mais il existe d'autre domaines où le Beau et le Sens persistent. La photographie contemporaine, par exemple sur Flickr, montre avec évidence que c'est le beau et le sens qui rassemblent et font dialoguer les peuples de la Terre. Il est vrai qu'il n'y a pas que de bons photographes et que des esthètes sur Flickr, mais ce qui émerge, ce qui retient finalement l'attention, en moyenne, c'est à dire dans "la classe bourgeoise moyenne", c'est la qualité d'une production artistique, considérable en nombre, attachée à la beauté et au sens partagé. Tout un monde qui parle un langage commun. Cet art populaire photographique est un rayon d'espoir quant on sort d'un musée d'art contemporain: une fraternité et une liberté réelles, authentiques, une vraie universalité esthétique, dans le respect des différences individuelles et culturelles. Un Partage, pas une Exclusion.
Il reste cependant que ce qui fait gravement question, c'est la naissance en Occident, au niveau des élites, durant la seconde partie du 20è siècle, d'un art (peinture-sculpture) très puissant, très protégé, très financé, qui exclut non seulement les niveaux inférieurs de la société, mais toute la classe moyenne occidentale. C'est une première dans l'histoire de l'art européen.
Mais la nouveauté est-elle toujours un progrès ?
Ou l'Art Contemporain Officiel serait-il une laide grimace et une impasse absurde tout en haut de l'arbre de l'évolution humaine ? Une image prémonitoire de l'avenir des hommes ?

EUROPEAN PAINTING AND SOCIAL DIALOGUE

"It is impossible to understand anything about medieval art if we do not understand what space of freedom is granted to the artist. Medieval art offers evidence of a pleasure of form that is common to artists and their audiences and not confused with religious inspiration."
ANDRE CHASTEL. French Art Flammarion 1993

"Look at our art, we have the aesthetics of our ethics: a cry in the desert."
Jean DUCHE. The Shield of Athena The West, its history, its destiny 1983

Romanesque Art? Gothic Art? A famous success of the imagination. Proof that man is much more than man, and that he deserves God.
Jean DUCHE. The Athena Shield.


Art, painting in particular, but also sculpture, is controlled by the ideologies that dominate its time, and decided by the ideological and political elites of societies. It is possible to attempt an analysis of the history of European painting from a slightly different angle from the ideological foundation of art, although closely linked to it: that of inter-social dialogue. This is another chapter of "art, mirror of the values of a society".
1 ° From the Romanesque period European painting, which begins with the fresco and the mosaic, continues with the illuminations (the books of piety ...), then the stained glass windows and finally later the easel paintings, present, during about 1000 years (500-1500 in big dates) interesting common features.
- It is an art whose meaning is univocal, ideologically controlled by the doctrine of the Catholic Church in the West, the Orthodox Church in the East, in Slavic Europe.
- It is a fully shared art, totally inter-social: it is addressed to all layers of the population. The elites, ideological and political, religious and aristocratic, agree to promote an art that is addressed to all social classes. From themselves to the little people, the peasantry, through the middle or small bourgeoisie and crafts. Throughout the Gothic and Romanesque period, which an oriented historiography calls "the Middle Ages", all the art of churches, everywhere in Europe, from the smallest village to the largest cities, for a millennium, goes from the top of the ladder social and is addressed to the peoples, including and even especially to the illiterate.

2. At the "Renaissance" the social elite, both secular and religious, all the aristocracy and the very high bourgeoisie who conquered its place and assimilated to the aristocracy, under the influence of ideas Humanists, give birth, next to sacred medieval art, to a new art. This secular art, is inspired by themes borrowed from the history of European antiquity and Greco-Roman mythology. It is undeniably an art reserved for the cultured elite. But the same elite continues to sponsor and participate in inter-social, multi-social religious art, which continues to address to all the peoples, from the bottom up the social ladder, elites included. There is no clash between these two areas of European painting that will continue to live in parallel and in good intelligence. Indeed, the Renaissance is not, contrary to what is often written, an ideological break in European society. The inter-social dialogue continues as before on the same religious themes.

3 ° "The Reformation" will put in place, in the only Northern Netherlands, a remarkable evolution. Unlike the Renaissance, ideologically Reformation is very clearly a break from the previous society. A rupture that will provoke a secular and materialistic orientation of the themes of painting.
On the social level, it is the birth and triumph of bourgeois painting of the middle classes.
Before the Reformation, and after the Reformation, throughout Europe outside the Netherlands, the European upper class fully assimilated to the aristocracy, and its artistic tastes are not distinguishable: it prefers "the great art ", and besides of course the portraits.
After the Reformation, but in the Netherlands only, it is the triumph of a secular painting but especially very realistic, very close to the daily life of the small people. It is of course the Dutch bourgeoisie as a whole which is the catalyst element of this art, which sponsors and makes painters live. But the themes of this painting can be very popular. The peasant does not hang pictures in his cottage, but he is often, as well as the animals of the farm, the subject of the painting of the Netherlands. It is therefore possible to speak of an "art of the middle class" because the market for this art is all the middle class of the Netherlands. Even if this art is decided, as always, at the top of a society run by a very high bourgeoisie and some aristocrats.
This characteristic art of the Netherlands of the 17th century does not spread elsewhere in Europe remained Catholic (Germany, Austria, Italy, Spain) or quite marginal way. Throughout the 17th and 18th centuries, the art of painting in these countries continues the Renaissance momentum: it remains divided into two distinct, but not confrontational, complementary domains:
- Religious art for the people, always directed by the Catholic Church, always driven by a desire for social dialogue, and by the constant concern to address all the layers of the European population including illiterates. From the upper aristocracy and the upper middle class to the peasantry, according to the destination of the painting, the importance of churches or the particularism of private homes.
- "The Great Art" whose themes are at once religious, historical and mythological, sponsored by the Kings, the Princes and the High Church. An art destined for the Palaces of kings, the hotels of the aristocracy and the high-class commercial and financial Bourgeoisie, the churches of importance, and the public buildings.
A clarification is needed if we want to differentiate the periods of medieval art and post-Renaissance art from the contemporary situation (since the 1950s-1960s): There are no official art at these times. There is no state art at the time. Even in France, yet very centralized nation, under the reign of Louis XIV. Decision makers, sponsors are multiple. Kings, in France or all over Europe, are not the state. Their influence in the provinces is weak. There is an art of the Court, but the aristocracies, the big and the middle bourgeoisie, the high church, the convents, the regional and rural churches, form a world of very diverse sponsors. The social, moral, spiritual, aesthetic values of this society are very unified, but it does not exist an offical art, at these periods. There is no state art, the art of a single party, official and recognized, as under communist regimes, or unofficial and concealed as now in the capitalist West. Circuits of decision and creation of art in medieval times, as after the Renaissance throughout Europe, are very diverse and very decentralized. This politically decentralized society allows an authentic art to flourish by creating the conditions of a real aesthetic freedom and by holding a speech that addresses all the population from the top to the bottom of the social ladder. There is no separate art for this or that social category. The situation is a little different in Slavic and Orthodox Europe, for political and cultural reasons.

4. Once the wars imposed by the Revolution and the Empire have been ended, Europe will be able to find peace again, and devote itself once again to its scientific, technical and economic development interrupted for a quarter of a century by French ambitions.
From 1820 until 1950, according to approximate dates, it is the period of Modern Art. An extraordinarily plural period at the ideological level. There is a clear erasure of the Catholic religion, but the "Enlightenment" has not yet triumphed absolutely and no sacred or profane ideology totally dominates European society. This explains the great diversity of themes and the freedom of creation enjoyed by artists. Except for the two societies, Communist and Nazi, but which remain circumscribed in time and space.
On the social level, it can be said that it is the progressive victory of bourgeois art understood as an art of the middle classes. In short, it is the art of the Netherlands of the 17th century that spread throughout Europe with however a little more obvious resistance of the religious painting, which is no longer exclusively sponsored by the Church.
The Great Painting, "the Great Art", is the Academic School in France which perpetuates it. He will resist very little time. Already in impressionist times the painting of style and classic theme must fade, not disappear, but agree to let live the bourgeois painting of ordinary landscapes, of the mores of everyday life, of still life. A painting in addition to a style far removed from the great classicism.
The Art of the Modern Period is a very diverse art of painting, represented by multiple schools, which reduces to little matter the great religious, historical or mythological subjects and actuallyu addresses alle the classes, from the bottom tot the top of the social hierarchy. Abstract art, a novelty that appears in the 1900s is more specifically for intellectuals, but always of all classes of society. We can therefore speak of a bourgeois art of the middle classes, but which is by no means exclusive, totalitarian, which allows Great Art to live, especially in monumental decorative art, and which allows to developp on its margins the adventure of abstract art. In short, the period of Modern Art is a time of dialogue and art shared between the different layers of society, but without any doubt with more diversity thematic and stylistic, than in the older times, between 500 and 1800.
The moral and aesthetic values of European society are no longer as unified as in previous centuries; they have diversified. In parts of Europe where no ideology has yet triumphed, despite increasing state centralization, a great freedom of artistic creation is possible. Apart, of course, from the totalitarian regimes of Communist Russia and National Socialist Germany, the period of Modern Art does not know either official art or the state art.

5 ° From the 1950s onwards, Contemporary Art impose oneself in Europe. He is inspired by European avant-gardes and often Parisian, but is coming from New York.
The characteristic of this "Art" is that it wants to be radically revolutionary, absolutely innovative, that it intends to make a "clean slate" of all the aesthetics of the European past. To begin with the rejection of Beauty as a goal of art.
The New World of North America, that of the US, intends to oppose the Old World, European, and impose on him. The New World has thus systematized this "brilliant" idea, sketched in Europe, in Paris: Beauty is no longer a criterion of art. As for the Meaning, it is possible to invent it, to make it say what you want. And sell this little new montage with a lot of profit.
From the Fontaine-Urinoir of Marcel Duchamp the ugliness is promoted to the dignity of creative concept, of founding idea, inseparable from the new Conceptual Art, on par with some other obsessions: the New, the Absurd, the Provocation and the Profitability.
The official contemporary artist must propose coldly, with determination the most heterogeneous objects: wobbly seats and tables, cartons, all brushes, for tooth, nail, eyelashes, hair, clothes, glasses, shoes, brooms brushes and mops, hangers, clothes, packed rags, open or closed boxes, broken or crushed machinery, tubing, rusted beams, bent, broken, cement beams, rubble, blocks, tiles, whole or pulverized bricks, neon tubes, heaps of rubble or coal, pebble bags, all kinds of pipes: iron, cement, plastics, all loose fabrics, rubber, buckets, jugs, pots, an old phone, typewriters, washing, a sink ... and of course always squares or rectangles white, yellow, black, red and spots or lines to infinity. ... and proclaim loud and clear, with great assurance, even with insolently, that it is "art" and especially anti-bourgeois art. Because of course this enlightened and silvery elite who sponsors the contemporary non-art proclaims itself anti-bourgeois and revolutionary. His art is designed to disturb people, but it's for their own good, so it's revolutionary.
The contempt of the middle classes, the scorn of peoples, has become a feature of the art of the enlightened elite of the West. It is the art of the "Enlightenment" ideologically monolithic, globalist, which triumphs at the level of the official art, that is to say of the State, of the large groups and International Organizations, and even of the large Private International Foundations. As well as at the level of International Finance.
This official art, state or private, is no longer in the West a tool of inter-social dialogue, it is enclosed in an esoteric discourse, imposes itself in museums built especially for it, and manufactures a particular market. The Contemporary Art, the Conceptual Art has become a Reserve for Enlighteneds and Richs. An art reserved for the Eye which illuminates, from above, and at its Guardians of the Temple of higher levels, the Social Pyramid. The Pyramid that appears on the dollar bill and in the courtyard of the Louvre in Paris. And whose program of extermination and of absolute control of peoples, anti-humanist, is inscribed on the monument called the Georgia Guidestones (USA). Of course in the name of Reason. Of course in the name of the Enlightened Reason, that of the "Enlightenment".

6. At other levels of Western society, at the very average level of the Pyramid, at the level of the ordinary bourgeoisie and the middle classes, at the local and regional level of the cities, a private commercial art has been kept alive, which survives outside the catechism of the official art, but also from its sources of funding.
On the other hand, also starting from New York, but really native of New World, street art, originally rebellious and wild, develops a little later, then imposes itself in Europe from the 2000s -2010, until becoming a tolerated art, semi-organized, then adopted and sponsored. The public and private sectors are associated in its success. But this art is always at local decision-making levels, and of course essentially urban, like all Western society.
Private commercial, non-international art, and street art are two areas of Western painting that practice inter-social dialogue, within all the middle classes, and even towards the most disadvantaged classes. One can think that the development of the art of the streets could make it possible to limit the vandal graffiti imposed by some asocials, which unfortunately have disfigured many of our cities. After only it may be possible to build an aesthetic for the socially excluded. Although it is very doubtful that the excluded have time to devote to aesthetics, and that this question is mainly a false problem agitated by intellectual-ideologues, very similar to those who made invented contemporary art.
But there are other areas where beauty and meaning persist. Contemporary photography, for example on Flickr, shows with obviousness that it is the beautiful and the sense which gather and make dialogue the peoples of the Earth. It is true that there are not only good photographers and aesthetes on Flickr, but what emerges, which finally holds the attention, on average, ie in "the middle class middle class" is the quality of an artistic production, considerable in number, attached to beauty and shared meaning. A whole world that speaks a common language. This popular photographic art is a ray of hope when one comes out of a museum of contemporary art: a real and authentic fraternity and freedom, a true aesthetic universality, with respect for individual and cultural differences. A Sharing, not a Exclusion.
It remains, however, that what poses a serious question is the birth in the west, at the elite level, during the second part of the 20th century, of a very powerful, highly protected, highly funded art (painting-sculpture) which excludes not only the lower levels of society, but the entire western middle class. It is a first in the history of European art. But is novelty always a progress ?
Or would the official contemporary Art be an ugly grimace and an absurd impasse at the top of the tree of human evolution? A premonitory image of the future of man?
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