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Les pots cassés
Les étudiants québécois, dans leur ensemble, semblent sur la voie du retour au CEGEP ou à l'université. On les comprend de ne pas vouloir compromettre plus avant leur avenir scolaire et d'hésiter à défier une loi d'exception qui pourrait les ruiner pour la vie. Le gouvernement de M. Charest ne s'est pas soucié, lui, des pots cassés quand il a refusé de négocier de bonne foi avec le mouvement étudiant. Il aura eu sa victoire (ou en est-ce vraiment une?), et pourra se pavaner auprès de la partie de l'électorat qui achète ses louvoiements rhétoriques. On peut espérer, pourtant, que tout cela n'aura pas été en vain. Les étudiants ne retournent pas en classe par enthousiasme envers l'orientation de l'utilisateur-payeur que le gouvernement de M. Charest impose en éducation. Ils veulent simplement finir leur année scolaire. À eux, et aux professeurs, les pots cassés: rattrapage du cursus, longs labeurs, frictions entre factions aux relations envenimées par le long conflit. Charest, lui, espère tirer profit du fiasco qu'il a délibérement engendré.

Le gouvernement continuera sa campagne de peur et de salissage des partisans de la gratuité scolaire, car il a désespérément besoin, pour se faire réélire, de faire oublier sa corruption et sa banqueroute morale. C'est d'ailleurs, faut-il le rappeler, la raison pour laquelle ces élections ont été déclarées maintenant: afin de coïncider avec la rentrée et de précéder la reprise des travaux de la commission d'enquête Charbonneau sur la corruption.

4 comments

j-p l'@rchéo said:

Y a t' il encore une conscience chez nos hommes politiques ?
12 years ago ( translate )

ypell replied to j-p l'@rchéo:

Il faut lutter contre le cynisme que ces personnages tendent à induire en nous. Le découragement et la démobilisation font partie de leur panoplie de moyens pour asseoir leur contrôle.
12 years ago ( translate )

ypell replied to :

On ne le saura que le jour du vote... le parti au pouvoir (PLQ) est en difficulté évidente dans les sondages, mais le vote est tellement fragmenté que les prédictions sont encore plus difficiles qu'à l'habitude (faut-il rappeler que nous n'avons pas de second tour). Ironiquement, ce sont les indécis qui décideront... ce qui n'est guère encourageant car leur profil sociologique indique qu'il s'agit souvent de prolétaires de droite ("working class tories") normalement peu politisés mais réfractaires au changement et aux idéaux de gauche.

Dans une élection complémentaire qui a eu lieu dans les mois précédant l'élection générale, les Libéraux ont été punis par leur propre clientèle, qui, sans nécessairement changer d'allégeance, n'était pas sortie les appuyer. On peut s'attendre à ce qu'il fassent tout pour "faire sortir leur vote", comme on dit ici.

Par ailleurs, la crise étudiante et l'avenir du système d'éducation québécois ont été très peu discutés jusqu'à maintenant. La raison la plus probable, selon moi, est que les parties en présence ont déjà fait part de leur position, et que la partie étudiante ne doit pas prêter flanc aux accusations d'"intimidation" et de "violence". La loi électorale, par ailleurs, encadre les manifestations politiques en période électorale, sans parler de la loi d'exception qui est toujours en vigueur. En contrepartie, les Libéraux et les CAQistes ne peuvent trop se vanter d'avoir mâté le mouvement étudiant car on leur rappellera les moyens extrêmes (une violence et une intimidation de leur propre cru) qu'ils ont utilisés pour y arriver.

Les scénarios envisageables dénient presque tous une majorité absolue des sièges au futur gouvernement. Le seul parti ayant une mince chance de se faufiler une majorité (avec, disons, un surprenant 40% du vote exprimé) serait le Parti Québécois, qui est le seul parti, outre le parti Libéral sortant, à avoir fait l'expérience des réalités du pouvoir.
12 years ago ( translate )

ypell replied to :

Il ne faut pas croire tout ce qu'on lit... et il faut se garder des parallèles avec la politique européenne. Historiquement, à tort ou à raison, le mouvement souverainiste québécois prend ses racines dans une volonté d'émancipation post-coloniale. L'empire britannique n'est pas loin dans nos souvenirs. Se pourrait-il même qu'il imprègne encore l'imaginaire politique du Canada anglais dans sa relation avec les Québécois? Nous ne serions pas les seuls à avoir voulu s'en dégager pour trouver notre propre chemin. Ainsi, je ne sais pas si on peut si on peut faire si facilement des parallèles avec la situation Belge, mais en tout cas, dans un autre contexte, je peux affirmer avec confiance que Parti Québécois, ce n'est pas un Front National nappé de sirop d'érable.
12 years ago ( translate )