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Rencontre avec Naomi Kawase
Habituée du Festival de Cannes, où on la découverte en 1997, avec Suzaku son premier long métrage qui lui a valu la Caméra d’or , Naomi Kawase y a présenté depuis tous ses films.Sauf le dernier, Voyage à Yoshino, dont elle a, en quelque sorte, réservé la primeur au public de la Cinémathèque de Nice, où elle était invitée à donner hier soir une «Leçon de cinéma».Un évènement qui avait attiré la foule des grands soirs. C’est à guichets fermés que l’on a découvert cette fable écologique dans laquelle Genevieve Binoche joue une française à la recherche d’une plante médicinale aux vertus quasi magiques...La réalisatrice japonaise a accepté de nous en parler avant sa sortie en salles le 28 novembre...

La forêt de Yoshino, que vous filmez magnifiquement, existe-t-elle vraiment ?
Oui bien sûr et depuis mille ans.C’est un lieu sacré qui fait partie de la culture japonaise.
Votre cinéma a toujours été tourné vers la nature. Mais cette fois, on sent une urgence particulière...
Pour nous Japonais, les préoccupations écologiques se doublent d’un aspect religieux.La mort de la nature, c’est aussi la mort des divinités qui l’habitent. Cela génère beaucoup d’angoisse.C’est de cela que je voulais parler dans ce film, à travers le regard d’une étrangère dont les préoccupations rejoignent celles des habitants de la forêt...

C’est la première fois que vous travaillez avec un actrice occidentale.Pourquoi Juliette Binoche?
Je l’ai rencontrée l’année dernière à Cannes et nous nous sommes entendues immédiatement. Nous autres Japonais croyons en la valeur des rencontres fortuites. Juliette connaissait mes films et avait envie de travailler au Japon.J’ai saisi l’occasion qui se présentait et trois mois après nous démarrions le tournage.
Abdellatif Kechiche, qui est Niçois, doit au jury auquel vous participiez en 2013 sa palme d’or pour La Vie d’Adèle. Comment se fait-il que vous soyez aussi francophile?
J’ai découvert le cinéma français avec La Nouvelle Vague, Godard et Truffaut, à l’école et cela m’a marquée.Ensuite, il y a eu Cannes, à qui je dois ma notoriété et ma carrière.La France, c’est un peu ma deuxième famille. Je travaille avec beaucoup de français sur mes films: pour la production, le montage, le son...

Bientôt un film en France, alors ?
Qui sait de quoi l’avenir sera fait ? Kore-eda, qui a eu la Palme d’or cette année à Cannes, tourne en France.Je vais attendre de voir ce qu’il en dit ! (rires)