Rami Malek et Gwilym Lee incarnent des Freddie Mercury et Brian May plus vrais que nature dans Bohemian Rhapsody, le trés attendu biopic de Queen. Ils nous ont expliqué comment on se glisse dans la peau d’une rock star...
Quelle a été votre première réaction lorsqu’on vous a proposé de jouer Queen?
Rami Malek: vous ne pouvez imaginer à quel point c’était monumental pour moi de penser que j’allais incarner Freddie Mercury. Il n’y en a qu’un, il est unique, avec ce côté provocateur énorme…
Gwilym Lee: quand on grandit en Angleterre on ne peut pas échapper à Queen. Leur musique est partout: dans les bars, les stades, à la radio, à la télé… Du coup on ne réalise pas forcément à quel point elle est unique. C’est tout l’intérêt du film de rappeler le culot qu’il leur a fallu pour proposer une chanson aussi originale que «Bohemian Rhapsodie»
Comment se prépare-t-on à jouer de tels personnages?
RM: je tournais Mr Robot quand on m’a annoncé la nouvelle.Je suis allé à L. A rencontrer les producteurs qui m’ont parlé du rôle pendant 6 heures, alors qu’ils n’avaient même pas encore le budget.Je suis reparti en me disant que ça ne se ferait probablement jamais, mais que si ça se faisait il fallait que je sois prêt. Alors je suis allé m’installer à Londres où j’ai pris à mes frais des cours de chant, de piano, de prononciation, de chorégraphie. Ce qui rendait Freddie Mercury si spécial, c’est qu’on savait jamais ce qu’il allait faire! Il y avait le Freddie intime et l’audacieux performer. On ne pouvait pas se contenter de l’imiter, sinon on risquait la caricature. Il fallait saisir l’essence de sa personnalité. Les essayages de costumes et les heures passées au maquillage m’ont aidé à rentrer dans la peau du personnage. J’avais l’impression d’être le vrai Freddie quand il se préparait pour monter sur scène…
GL: D’habitude, on commence par l’intériorité du personnage, pour imaginer comment son psychisme va affecter son physique et sa gestuelle.S’agissant de personnages réels, on commence au contraire par l’extérieur. Je n’avais jamais pensé que je pouvais ressembler à Brian May, mais ça ne m’inquiétait pas outre mesure parce que, quand on regarde Brian, ce qu’on voit c’est les cheveux. On oublie le reste. Je jouais un peu de guitare aussi, donc je savais que je n’aurais pas de problème avec ça.C’est plutôt sur le côté extraverti quue j’ai dû travailler. Quand j’étais un peu trop en dedans, Brian me disait: «N’oublie pas que je suis une rock star!» (rires)
Brian May et Roger Taylor coproduisent le film.Ils étaient très présents sur le tournage?
RM: Oui et heureusement ! Je n’aurais pas pu faire le film s’ils n’avaient pas été là. Brian m’a beaucoup aidé en me permettant de l’appeler à tout moment. À tel point d’ailleurs qu’il est devenu une sorte de mentor pour moi, même en dehors du film. Lorsqu’ils ont vu le film terminé, ce qu’ils m’ont dit a été la plus grande récompense que je puisse avoir.
GL: C’était formidable de les avoir à disposition sur le plateau. Ca a même donné des moments assez surréalistes comme la première fois où Brian a frappé à la porte de ma loge et que j’ai ouvert entièrement maquillé et costumé.Il s’est revu 30 ans plus jeune et moi j’avais l’impression de me contempler dans un miroir vieillissant. Pareil quand sa femme s’est retrouvée entre nous pour la photo. Elle était éberluée d’avoir à sa droite celui qu’elle a rencontré à vingt ans et à sa gauche le Brian d’aujourd’hui.
La reconstitution du concert de Live Aid est incroyable. Comment l’avez-vous tournée ?
RM: On voulait que ce soit absolument fidèle aux images de l’époque. On a beaucoup répété et c’est la première scène qu’on a tournée.On a filmé tout le show sans interruption car on avait besoin de l’adrénaline du plan séquence pour retrouver celle du concert. À la fin de la prise, on s’est regardés et on s’est dit que c’était gagné.Après ça, le reste serait facile…
GL: Comme on ne pouvait pas embaucher 75000 figurants pour remplir le stade, la foule du concert a été reconstituée à la palette graphique.Mais il y avait quand même plusieurs centaines de personnes dans la fosse pour nous regarder jouer.Parmi eux, beaucoup de fans de Queen, plus Brian et Roger. C’était assez surréaliste de jouer devant eux, mais ça nous a bien aidés à trouver l’énergie.Vous ne pouvez pas vous contenter de mimer les gestes des musiciens.Il faut qu’on ait l’impression que la musique sort de vous.J’avais appris les parties de guitare par cœur en regardant le vrai show en vidéo.Brian, qui est extrêmement pointilleux, pensait que je me trompais dans un solo. Je lui ai fait remarquer qu’il l’avait changé ce jour-là, ce qu’il avait complètement oublié…
Au final que retenez-vous de cette expérience?
RM: Ce rôle a changé ma vie. Comment pourrait-il en être autrement?C’était un incroyable défi que j’ai adoré relever. Petit à petit, je suis tombé amoureux du personnage. Il envoie un message puissant sur l’intégrité artistique, sur la fidélité à soi-même. Ca m’a apporté beaucoup de l’incarner.
GL: incarner des personnages extravagants qui jouissent de leur originalité, ça encourage à prendre des risques qu’on n’aurait pas pris avant.A faire des choix professionnels plus audacieux… À titre privé, j’étais déjà fan de Queen, maintenant je suis devenu un véritable expert!
0 comments