Dans le brouhaha de la vie de tous les jours, quand on marche sur une rue achalandée où y’a plein de gens et de véhicules de toutes sortes c’est presqu’impossible de réellement distinguer tout ce qui s’y passe. Nos yeux , notre cerveau se laissent vite submergés par un trop plein d’information. Déjà occupé à marcher et à circuler entre les gens et les véhicules sans bousculer ou se faire bousculer, on a pas le temps de réellement apprécier tout ce qui se passe…et pourtant…
Imaginez maintenant que vous marchiez sur la rue principale de Guet Ndar un samedi matin. Guet Ndar, le quartier le plus peuplé du Sénégal ! Les gens ici prennent possession de leurs rues à chaque jour qu’Allah leur apporte et ne les laissent que tard dans la soirée, la nuit. Le brouhaha normal d’une rue achalandée peut devenir ici un brouhaha cacophonique pour qui n’est que de passage. Et pour ceux qui y vivent, qu’ils soient jeunes ou vieux, hé bien c’est leur milieu de vie, ils y sont habitués et sont très accaparés par leur quotidien.
Cette rue c’est de jeunes enfants, beaucoup de jeunes enfants qui jouent sous l’œil bienveillant d’un père, d’une mère, d’un grand frère ou grande sœur, de moins jeunes enfants qui jouent sur un des jeux de soccer installés sur les trottoirs ou qui regardent jouer en attendant leur tour. C’est des dames qui font leur lavage ou qui étendent leur morceaux de linge colorés, draps, serviettes, vêtements sur des cordes improvisées, des dames qui vendent des fruits, des légumes et salades ou des noix. C’est des groupes de femmes ou d’hommes qui discutent de tout et de rien, des artisans qui réparent des chaussures, des pêcheurs qui réparent leurs filets, des vendeurs itinérants qui vendent de tout ou presque. C’est des boutiquiers et leurs clients qui souvent débordent sur la rue tellement les boutiques sont petites mais remplies jusqu’au plafond de produits à vendre, des enfants qui s’y faufilent en s’agrippant à la jupe de leur mère pour un bonbon sur le comptoir ou les plus audacieux qui escaladent carrément le comptoir pour atteindre le bol à bonbons tant convoité. À cela se rajoutent tous ceux qui se promènent à pied, à vélo, en calèche, en autobus pour se rendre à la mosquée, à leur barque, à la maison, au marché de poisson, à un hôtel de la Langue de Barbarie ou ailleurs à Saint Louis. Et cette rue principale, elle est entrecoupée de multiples rues transversales qui se rendent vers l’ouest à l’océan et son tumulte et vers l’est au fleuve Sénégal et sa tranquillité. Et chacune de ces rues a son lot de gens qui y vivent ou qui y circulent pour aller ou revenir de la rue principale. D’un coté ou de l’autre c’est l’eau avec les pêcheurs et leurs barques. Barques abandonnées, barques en réparation, en construction, barques qui viennent d’arriver avec leurs lots de poissons ou qui se préparent à repartir. Ces rues transversales c’est le cœur économique de ce quartier de pêcheurs.
Tout à Guet Ndar est relié d’une façon ou d’une autre au monde de la pêche mais ça ne paraît pas toujours puisque les pêcheurs sont plus souvent sur la mer qu’à la maison. Mais si un drame de pêche survient sur l’océan ou dans la brèche, on se rend vite compte de cette réalité. Dans le drame, la communauté entière est ébranlée, profondément ébranlée….puis lentement, péniblement la vie reprend tous ses droits et après quelques jours déborde de partout comme avant le drame. Ainsi va la vie…. Sous l’œil d’une caméra discrète et attentive et grâce à la lumière qui jaillit de partout, le temps s’arrête à chaque cliché pris et il est alors permis de voir des choses presqu’impossibles à voir quand la réalité se bouscule sous nos yeux.
Par sa vie débordante, par ses habitants et leurs beautés diverses et colorées, Guet Ndar a beaucoup à donner à une caméra et son photographe. L’exposition de photographies est en honneur des gens qui vivent à Guet Ndar et à l’Île Saint Louis. Les photographies ont été principalement prises sur la rue principale de Guet Ndar et les petites rues de l’Île Saint Louis. Elles ne prétendent pas tout montrer de la vie là-bas. Elles ont été choisies pour de multiples raisons : les couleurs, la lumière, les personnages et la composition générale issue de ces différents éléments. Une histoire en images d’un coin de pays exceptionnel. Paul Jolicoeur Paul.joseph.jolicoeur@gmail.com
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Sylvain Wiart said: