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Léna

 

Egaré dans un univers de plastique

j'avance doucement / à la renverse /

j'attends.

Le temps n'est plus qu'un lointain souvenir / l'animal malicieux

au groin de velours rose et aux pattes chimériques m'a salué ce

matin  /  et l'ultime flèche de déchirure, d'épuisement et

d'apaisement global achève sa course sur la plage de San

Rico / ici un gamin joue - triture boîtes de conserve rouillées, et

soudain court, poursuivi - rejoint - piétiné rapidement par la

meute des hommes - corbeaux   / l'enfant geint doucement, n'en

finit pas d'expirer  / ouvre la bouche et se laisse aspirer par

voraces  X  tentacules  X  attirant invinciblement  / et son

membre et son âme  /  bouillie sonore et gluientante, il reconnait

sa / non / ou qui était-ce ?  / veut parler  /  mais ne sortent que

chuintements, cris suraïgus  /  et dans un dernier effort s'échappe

de sa gueule effarée UN TROUPEAU LUGUBRE DE RATS

VANTANT LES DELICES DE L'IMAGINATION ET DU PALAIS  /

 c'en est trop / il en meurt. Envolée lente des hommescorbeaux  

//  leur chant profond s'éteint  / dans ciel striures de sang

gonflent, se tuméfient jusqu'à l'impossible outrage  /  enfant

happé par Léna, Léna grande putain rousse, il lui mâchonne

doucement l'orifice perlé, s'y répand, bientôt seules ses jambes

dépassent du ventre ocre  / femme l'enfourne /  il s'y blottit

et fond lentement  / elle s'étire /  tendresse brune  /  à Rodez des

enfants jouent, il pleut toujours à Singapour, kitsch is ever

kitsch, mon coeur n'en finit pas   x   d'exploser /  océans mauves

et mouvants s'assoupissent  /  tout est  /

 

Marin Favre      BorderCrashAirlinesCorp.