LA NUIT dans terreux et minuscule tipi (même pas case) un très vieil homme
parle ne parle pas non ne raconte pas mais sort ce qui ne peut que sortir de
son corps en filigrane ce n'est pas Voix mais explosions sourdes Danse à retardement Silence énorme du tremblement dans la nuit de la nuit
NUIT qui n'en finit pas qui n'en finira pas Lit amer verre pilé le Feu prend
Fleuve Épais charrie éclats lointains de voix et Corps Noirs capturés
Ni plainte ni colère _ peur et surtout stupeur dans le jet monocorde mais ni
dites ni niées _ là parce que forcément
Ce n'est pas Récit il faudrait pour cela qu'un temps ordonne régisse explique
NON DANS NUIT PROFONDE en France dans Sud plutôt camions foncent à l'aveugle hommes en armes serrés sous la bâche arrière ne sachant où
ni pourquoi
Routes en lacets sueur grise ça bifurque _ tangue _ sillonne _ et Toujours
Tourne en Rond dans lueur Explosions
Guerre [la grande disent-ils] c'est la guerre mais l'Homme n'en sait pas plus _ arraché de l'île aux coquillages face à Joal-Fadiouth [Sénégal]
Sur L'île
Soir après Soir
Nuit après Nuit
"ça" sort de lui _ ni Passé ni Présent _
prisonnier à vie de ces routes de cette nuit
des phares et du brouillard
des croisements (et) du hasard qui l'a laissé "en vie" condamné à refaire dans labyrinthe obscur
ce parcours dément
Soir après Soir
Nuit après Nuit
Et [silencieux] nous* nous sûmes alors dépositaires de sa mémoire saccagée
Flonflons du 11 novembre vous m'y faites penser /
et plus généralement Flonflons Nationalistes vous me faites Gerber / Plus
encore de là-bas où Grand morceau de moi pour toujours est présent.
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[ * = ma compagne d'alors et moi ]
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Texte @ Marin Favre _________________ Photo @ Joaquin Parades Piris
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