Ce texte mis en ligne par Mylène à l'occasion de la sortie de son livre: "ISRAEL 67"

Après une longue interruption due à mon impossibilité de comprendre les mystères de l'informatique, l'année 2017 a été pour moi si catastrophique qu'il fallait bien que je retrouve un semblant d'appétit pour cette chienne de vie.
Tout ce que j'ai trouvé est d'analyser ce qui pour moi a été une déception dont je ne me remets pas.
Cette année a été le cinquantième anniversaire de la guerre des six jours, incroyable victoire pour Israël, incroyable souvenir pour l'apprentie journaliste, goye de surcroit, qui le 5 juin 1967 a éprouvé le désir irrépressible de partager le drame annoncé d'un anéantissement d'Israël par ses voisins arabes .
J'étais poussée par le remord cuisant de ne pas avoir compris ce qui se préparait pour les 6 millions de juifs qui allaient être anéantis dans les chambres à gaz nazies et d'avoir continué à mener ma petite vie tranquille de collégienne sans plus me tracasser pour le génocide prévisible. Je suis partie pour Tel Aviv par le premier avion 5 jours et demi après … non pour partager un quelconque martyr mais pour fêter ce qui était devenu une victoire inattendue pour tous sauf pour les tacticiens juifs qui s'étaient souvenus à temps que la meilleure défense était l'attaque.

Dès mon retour des semaines plus tard, grisée de souvenirs qui figurent parmi les plus beaux de ma vie, tant j'avais été partout comblée d'amitié , je m'étais ruée sur ma machine à écrire pour fixer ce triomphe. Mais il n'avait intéressé personne et il dormait, peu à peu grignoté par les souris, depuis 50 ans.

Qu'est-ce qui m' a pris, au début de 2017 de sortir ce qui avait résisté aux souris, de le mettre sur ordinateur et me débrouiller pour trouver un éditeur? Au lieu de me dire que ce qui avait décidé celui-ci à accepter l'ouvrage c'était moins l'enthousiasme que le fait que je payais un prix raisonnable son travail d'impression, je ne me suis dit rien du tout : j'attendais avec impatience la sortie de ce livre dont le premier exemplaire fut expédié par mes soins - et à son adresse personnelle - au président de l'association juive « La Paix maintenant » . J'ai commencé à attendre fiévreusement les quelques mots dont il ne manquerait pas de me faire part pour témoigner de son attendrissement devant tant d'enthousiasme , même s'il s'y mélait quelque – s- critiques. Un silence total a suivi.

Alors les critiques, j'ai commencé à les trouver, de ma part, non de ceux qui avaient lu mon livre. C'était quand même bel et bien un reportage réunissant les témoignages de militaires qui avaient fait cette guerre, de leur famille, d'inconnus , de tout âge, de tout milieu, juifs ou arabes, rencontrés d'un bout à l'autre d'Israël et dont j'avais réussi à enregistrer les paroles. Mais tous ces gens, 50 ans après , ils étaient probablement tous morts, ou ils avaient changé ou, comme me le dit un jour un ami : " Souvent les gens n'aiment pas qu'un étranger raconte à leur place ce qu'ils ont vécu. » Et j'ai été achevée par une vieille copine quand elle me dit : « Ce que j'ai le plus aimé dans ton livre, c'est de te retrouver à chaque page ».
Alors j'ai cessé de me battre pour faire connaître ce qui pouvait être pris comme une preuve de mauvais goût, d'indélicatesse de me mêler de ce qui ne me regardait pas.
Mais pourquoi écrire ce qui précède ? Parce que je n'ai l'avis d'aucun juif, français ou israélien, parce que depuis j'ai découvert les œuvres d'un historien Schlomo Sand, qui vit à Tel Aviv, juif depuis des genérations d'Ashkenazes, auteur notamment de « Comment j'ai réussi à ne plus être juif » ce ui m'a un peu secouée.
J'ai ensuite trouvé un autre juifn 'Ze'ev Chafetz , né aux Etats-Unis, arrivé en Israël quelques jours après que j'en sois partie, qui y est resté et y a fait ensuite toutes les guerres contre les Arabes , parce que j'ai trouvé son livre « Les Israéliens » génial, parce que j'ai appris qu'au bout des 20 ans, il était retourné en Amérique mais qu'il n'a cessé d' écrire des romans ou des reportages sur des juifs américains, et que je voudrais bien savoir pourquoi , parce que je donnerais cher pour qu'au moins un seul juif me dise : « ce que tu as écrit, ce que tu dis de nous et de ce que tu as vu en juin 67 m'a fait tellement plaisir !»
Alors si vous en connaissez un ….. !

Remerciements à Mylène pour son article sur son blog.