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Un petit rappel......


ARTS ET TRADITIONS DE NOEL EN PROVENCE



" Alegre, Diou nous alegre, cachofué ven, tout ben ven, Diou nous fague la graci di veïre l’an que ven. Se sian pas mai que siguen pas men ".

Soyons joyeux, Dieu nous garde joyeux. Cachofué vient, tout bien vient, Dieu nous fasse la grâce de voir l’an qui vient. Si nous ne sommes pas plus, que ne soyons pas moins.

Les fêtes de Noël : Elles revêtent en Provence, un caractère familial et collectif, et se caractérisent par une veillée accompagnée de récits et de mémoires parlés, de chants et cantiques, un souper en commun, des cadeaux distribués. Ensuite la messe de minuit avec les diverses cérémonies du pastrage, des offrandes le jeu des pastorales et le chants de Noëls.
Le Noël provençal désigne habituellement un chant ou cantique en langue provençale par lequel les poètes traduisaient à la fois la ferveur religieuse et les traditions locales. Le Noël est en effet chanté en forme de dialogue et se prête fort bien aux jeux scéniques retrouvés dans la pastorale : les plus célèbres sont ceux de Nicolas Sabouly (1614-1645) ; ils retracent bien plus qu’une histoire religieuse. les textes évoquent, en effet, les rapports difficiles entre les pélerins et les habitants du bourg pérché et fortifié, dans le contexte de ce qu’étaient les régles de l’hospitalité de l’époque. Sachant que la région était avant tout le refuge d’itinérants, de marchands ambulants, voyageurs égarés provoquant peur et soupçon.

Les 13 desserts : Ils sont au nombre de treize comme les convives de la Cène, (le Christ et ses 12 Apôtres) et peuvent variés selon les villes :
- 1- Fougasse ou pompe à l’huile à base de fine fleur de farine, d’huile d’olive, d’eau de fleur d’oranger et de cassonnade.
- 2 - Nougat blanc au noisettes, pignons, pistaches, et surtout aux amandes.
- 3 - Nougat noir.
- 4 - Figues sèches. ( un des 4 mendiants)
- 5 - Amandes. (un des 4 mendiants )
- 6 - Noix. (un des 4 mendiants )
- 7 - Raisins secs conservés au grenier. (un des 4 mendiants )
- 8 - Poires d’hiver.
- 9 - Pommes.
- 10- Oranges ou mandarines.
- 11- Dattes.
- 12- Cédrats confits.
- 13- Confiture de coings et de fruits au moût de raisins.

Le cacho-fio : Cela consiste en l’allumage rituel de la bûche de Noël. Cacho le feu signifie l’allumer : on dit même Bouta cacho-fio, c’est à dire bouter le feu à la bûche.
Celle-ci doit être traditionnellement de bois fruitier (poirier, cerisier, olivier ). La plupart du temps, la cérémonie a lieu devant la cheminée avant de se mettre à table. Le plus jeune et le plus vieux mettent le feu à la bûche, que l’on arrose par 3 fois de vin cuit en entonnant : " Que la bûche se rejouisse demain sera le jour du pain, que tout bien entre ici, que les femmes enfantent, les chêvres chevrottent, les brebis agnellent, qu’il y ait beaucoup de blé et de farine, et de vin une pleine cuve ". Le rite du feu caché étant destiné à laisser présager le feu neuf, le feu du premier soleil de l’année qui s ’annonce.
Avant la messe proprement dite, a lieu la veillée : c’est un instant de recueillement agrémenté de chants et de musique. Les Noëls y sont à l’honneur et repris en coeur avec plus d’élan qu’autour du cacho-fio. Les gens qui ne comprennent pas le provençal les prennent pur des cantiques bien qu’ils ne soient pas toujours exempts de caractères profanes.
En Haute Provence, le vin peut être remplacé par de l’huile d’olive qui a pour avantage de favoriser l’embrasement ; en montagne la bénédiction se fait avec du bouillon de crouiche, sorte de pâte fraîche ou lasagne qui figurait parmi les plats traditionnels de la région.

Le Gros Souper : Il a lieu juste après le Cacho-fio, le 24 décembre au soir, avant la messe de minuit : c’est un repas maigre mais il nécéssite une véritable mise en scène : La table est dréssée sur 3 nappes blanches, les unes sur les autres ; elle est ornée de 3 grosse bougies blanches, symboles de la trinité et de l’Espérance, ainsi que de petits houx à boules rouges, quelquefois de rose de Jéricho et dans trois écuelles, du blé de Ste Barbe, semé avant le 14 décembre.
Au menu, 7 plats maigres en souvenir des 7 douleurs de la Vierge Marie, comprennant les légumes traditionnels : le chou fleur, le cardon, le céleri, artichaut, servis soit à l’huile d’olive préssée, soit en sauce blanche accompagnés d’une anchoïade. Tout repas maigre implique la présence de poisson, le plat traditionnel reste la morue séchée en raquette salées.
En Arles, il n’était composé que des produits du pays : " muge en raito " dans sa sauce rousse parsemée d’olives noires, carde ou cardons, escargots bouillis que l’on enlevait de la coquille avec une épine et que l’on mangeait avec l’aïoli, filets d’anchois nageant dans l’huile, coeur de céleri cru ou carde, blanchi en terre.

Le repas gras : Le Réveillon suit la messe de minuit. Le décor de fête présenté est celui d’une ambiance feutrée. C’est le royaume des gourmets, il y’a abondance de mets, gibiers, rôtis et toutes sortes de vins de Provence. On appréciera pour finir les délicates pâtes de fruits et l’assortissement de chocolats des grandes boites " maison " accompagnés de subtiles liqueurs du terroir.

Le repas de Noël : Ce repas traditionnel a lieu le 25 décembre à midi : celui-ci doit comporter des plats maigres, servis en abondance en présage de prospérité, les 13 desserts, et la dinde est à l’honneur. De même, il était de tradition de manger les pains de St Etienne ou Estevenoun, que les parrains et marraines donnaient à leurs filleul et susupendaient aux rameaux distribués à cette fête. La plupart du temps, ils prenaient la forme de colombe ou de St Esprit. C’est aussi l’occasion d’apprécier les apéritifs à base de noix, d’orange ou de pêche que chaque provençal conserve précieusement. La bûche de Noël sera accompagné par les 13 desserts.
Le 25 au soir, afin de se reposer, il est tradition de proposer la soupe à l’ail (l’aigo boulido).

L’An Nouveau : En Provence plus qu’ailleurs, le décor bâti la fête. Le premier jour de l’année, le coq doit être servi, bien gras pour le four et farci. Accompagné de 12 perdreaux, 30 truffes, noires et 30 oeufs. Le coq symbolise l’année à venir, les perdreaux les 12 mois, les truffes les nuits, et les oeufs les jours.

L’Epiphanie : Pour l’arrivée des Rois Mages, dans le pays provençal petits et grands pour le dessert au lieu d’une galette, une brioche garnie de fruits confits du pays d’Apt arrosé d’un vin Frizzant de Muscat et pour le plaisir des gourmands, des calissons des amandes, des oursins et marrons glacés présentés sur une nappe Estello. L’usage veut que celui qui obtient la fève offre le gâteau. Une bonne raison pour certains de l’avaler.

Les Pastorales : Outre les cantiques et les Noëls chantés, le cérémonial de la messe de minuit comporte des pastorales. Son nom vient de ce que les bergers (lei pastre) en sont les principaux personnages. Véritables mystères, au sens du théâtre médiéval, elles étaient d’abord joués dans l’église même, faisant partie du rituel de la messe, la cérémonie fût ensuite repoussée hors des murs du temple de Dieu.
La pastorale est la représentation théâtrale et vivante de la Nativité, elle évoque avant tout la marche à l’étable et la pieuse dévotion au nouveau né. Le sujet ne varie guère : c’est l’histoire de St Joseph cherchant vers Bethléem un logis pour la nuit, allant de porte en porte, de logis en logis jusqu’àce qu’on lui indique une grotte où sa famille trouvera abri.
Parmi les plus célèbres, citons :
- La pastorale Maurel (1844) du nom de son auteur Antoine Maurel : fils d’ouvrier au quartier St Jean à Marseille, il était miroiteur-doreur. Membre du cercle Catholique des ouvriers dirigé par l’abbé Julien, c’est à la demande de ce dernier qu’il écrivit " Le Mystère de la naissance de N.S Jesus Christ " en 1844 ; le succés est si vif que le spectacle ne tardera pas à être joué sur toutes les scènes marseillaise et régionales.
- La pastorale de Bellot.

La pastorale Maurel, représentée chaque année dans la région d’Aix Marseille, met en scène la marche de l’étoile, de la bello estello. La marche de l’étoile, pélerinage improvisée est en fait une course au miracle. Cette pastorale comprends 5 actes en vers provençaux, à l’exception du 4ème, rarement joué, dont les personnages (Hérode et les Rois Mages) s’expriment en français.
Le 1er acte raconte Le Réveil des Berger par l’ange annociateur de la bonne nouvelle. Le 2ème a pour titre Le Réveil des Vieux du village. Le 3ème acte comporte 2 tableaux : le 1er se déroule devant la Ferme où tout le monde se regroupe avant le départ pour Béthléem, et le second autour du Puits où les Peureux sont térrorisés par le Bohémien (cela peut être aussi le 4ème acte Lou Boumian) . Le dernier acte est consacré à l’Adoration des Mages et des Bergers devant l’étable de Béthléem.
Parmi les autres pastorales provençales, citons encore celle de la Nieue de Nouvé, due à l’abbé Moyne, de Sarrians, la Neissenco du Christ, présentée par les habitants de Courthezon (Vaucluse).

Le Pastrage : Noël est avant tout une cérémonie pastorale. Il faut rappeler que le solstice d’hiver correspond naturellement à la période de l’agnellage. Par conséquent, la présentation d’un agneau à la messe de minuit ne peut être dissociée des soucis d’une population qui vit essentiellement de l’élevage ovin. La cérémonie depastrage la plus célébre est aujourd’hui celle des Baux. Les bergers et les bergères se rendent à la procession. Le prieur, devant l’autel, prend l’agneau dans ses bras, fait le récit du voyage que lui et ses compagnons ont dû faire, à travers collines et vallons, avant leur adoration.
Le pastrage se fait également à Barbentane, Eygalières, Fontvieille, St Martin de Crau, en plein coeur du pays mistralien, avec quelques varaintes.

Les creches et santons : On fait remonter l’origine de la fameuse crêche provençale au XIIeme siècle, en Italie : à cette époque, dans les églises italiennes, on représente les personnages de la Nativité par des sculptures mobiles, c’est à dire non-fixées ; les crêches italiennes franchirent nos frontières au XVIIeme siècle pour devenir proprement provençales.
La crèche authentique est en fait une représentation idéale du village provençal, chacun y a sa place : le meunier, le boulanger, le berger, l’étameur, la marchande de poissons... Le décor-même de la crèche est une projection de la vie communautaire et symbolise le décor parfait avec son hameau, ses maisons gigognes, son puits, son moulin, son four et son pigeonnier, ses animaux domestiques.
Il semble que la crèche soit fort ancienne : on accorde, en effet, son invention à St François d’Assise qui, au XIIIe, fit dans une étable abandonnée des Abbruzzes, représentant des personnages et des animaux vivants : le jeu de la Nativité. Mais la mère du Saint, Pica Bernardone, de la bonne maison de Bourlemont, était provençale des bords du Rhône, de Tarascon. Alors, doit on en déduire que la mère de St François aurait exporté les premiers santons ? Peut-être, on a retrouvé plusieurs figurines grecque et romaine ; dont la danseuse des Alyscamps, santon profane, décapitée, à la maison Carré de Nîmes.
D’après Marcel Provence, des savants lui aurait expliqué l’origine du mot santoun, qui viendrait des Indes et d’Arabie. C’est ainsi que l’on nomme chez les Maures et les Indiens, " lou feinat ", immobile, idiot, figé aux portes des mosquées.
En provençal, santoun vient de santoni en italien, petits saints, les petits saints de Noël. Car bien avant de rencontrer le santonnier provençal, on trouve à Marseille, l’italien vendeur de santibelli. En Toscane, ce mot désignait les enfants qui ne savent pas jouer, les empotés. Les vrais santibelli étaient de petits personnages en plâtres, représentant la Vierge, les Saints, des Eveques, des Cardinaux, des moines, et le Pape, peinturlurés comme le font les mauvais gens de St-Sulpice. Les marchands palermitains de santibelli avaient leurs ateliers et leur boutique place Neuve. C’est peut être là que furent vendus les premiers santons marseillais, puis, ce fût chez les bouchonniers de la rue Coutellerie et de la rue Fabre.
Peu avant Noël, on plaçait les figurants de la crèche sur l’autel ; de bois sculpté, ces figurines se transformèrent au XVIIe pour devenir des sortes de mannequins habillés d’étoffe dont seuls les pieds et la tête étaient modelés. Ce n’est pas avant le XIXe siècle que l’on commence à fabriquer des santons en terre d’argile crue.
C’est aussi au XIXe siècle que les personnages des crèches parlantes rejoingnent ceux plus classiques que des crèches d’église, tandis que les crèches vivantes se transforment en pastorales.
Les crèches parlantes, leurs spectacles mi religieux mi folkloriques connaissent un large succès, leurs automates et leurs remouleurs articulés fascinent les enfants.

La fabrication des santons : La crèche, c’est d’abord le santon. Tous les santons font l’objet d’une ébauche en terre crue que le santonnier laisse sécher avant de la vernir. Il fabrique ensuite un moule en plâtre, plus rarement en résine. Le santon est ensuite moulé avec de la terre de Salernes, une terre trés fine, ou encore en terre d’Aubagne, vieillies toutes deux en ilo pendant 20 ans. Le santon est ensuite ébarbé au socle et dans son pourtour avant une deuxième pression à la main sur le moule : on le laisse sécher à l’ombre puis on l’ébarbe à nouveau une fois sec.
On peint ensuite à la gouache les couleurs les plus claires, donc le visage, puis les plus foncées.
Les personnages sont sculptés en référence à la pastorale Maurel, certaines localités rajoutent des personnages, en fonction de leur histoire.
Le premier santon est d’origine marseillaise, le moule le plus ancien étant celui de Lagnel. Il est présenté au musée du Vieux Marseille. Le véritable essor de la crèche provençale commence avec la Révolution et l’interdiction des messes de minuit et des crèches dans les églises. Les Marseillais, trés attachés à leurs crèches, prirent l’initiative d’installer des crèches dite publiques que des particuliers réalisaient chez eux et faisaient visiter moyennant 2 sols. L’usage naquit alors de faire une crèche dans chaque foyer.
Les Foires aux santons : La foire de Noël surtout, les marchés sont fort achalandés : tel celui des santons sur les allées de Meilhan à Marseille où il est coutume d’aller acheter ces figurines de terre cuite qui garniront la créche. En effet, la tradition marseillaisede la foire aux Santons est née à la fois de la ferveur populaire pour la célébration de la Nativité et de l’apparition de cette figurine typiquement provençale qu’est le santon.
Certains auteurs avancent l’origine de la foire aux santons à Marseille à 1803, où l’on dénombre déjà quelques vendeurs qui sont installés au cour Saint-Louis.
Rapidement, prend forme ce qu’allait devenir la foire: dès 1808, la Municipalité autorise officiellement les vendeurs à s’installer cours Belsunce, à partir du mois de décembre et jusqu’au 15 janvier. Cependant, ces santons d’argile voisinent encore avec d’autres en plâtre et divers objets.
Le lieu d’installation ainsi que la durée de la foire ont, au XIXe, varié maintes fois. Ainsi, sous la restauration, la foire ne s’installe que huit jours avant la Noël.
Après s’être déroulée tour à tour cours Saint-Louis, boulevard Dugommier , cours Belsunce et sur la Canebière, un arrêté municipal l’installe en 1833 à son emplacement actuel, allées de Meilhan, où elle est chaque année inaugurée au son du fiffre et du tambourin.
En 1937, la ville d’Aix-en-Provence inaugure sa première foire aux santons, rue d’italie et plus récemment Aubagne décide en 1967 d’organiser la sienne, cette dernière se tient actuellement cours Maréchal-Foch.
Chaque santonnier a , en fait, créé quelques types en s’inspirant du folklore et de la tradition comme le bergeroffrant l’agneau, rappel du partage, et de lafemme à la poule noire dont le bouillon était recommandé aux nouveaux-nés.
Ainsi, on retrouvera parmi ces silhouettes d’abord les premiers rôles, les incontournables :
- La Ste Famille : inspirée de l’imagerie pieuse, l’Enfant-Jésus a le buste et les jambes nus. A son chevet, Marie et Joseph sont debout ou à genoux : elle, vêtue d’une tunique rose ou rouge et d’un manteau bleu ; lui, d’une tunique grise ou brune et d’un manteau jaune. Généralement en blanc, l’Ange annonciateur peut figurer sous les traits de " l’Ange Boufareu " (joufflu), soufflant dans sa trompette.
- L’âne et le boeuf : toujours représentés agenouillés, le boeuf curieusement de même dimenson que l’âne.
- Les bergers : en groupe et près de leur troupeaux. Emmitouflés dans leur houppelandes brunes, ils sont couchés ou debout (appuyés sur leur bâton), en compagnie d’un chien. Un jeune pâtre portant un agneau peut se tenir à l’entr ée de l’étable.
- Le Ravi : coiffé d’un bonnet de nuit, les bras levés dans une attitude extatique, il ne posséde pas de jambes : dans la mesure où on ne le voit qu’à sa fenêtre, émerveillé par ce qu’il vient d’apprendre.
- Lou Boumian : bnrun de peau, chapeau noir, barbu, cape et taillole rouge sang, botté et coutelas à la ceinture, il est le voleur d’enfants, le marginal inquiètant en quête de mauvais coups.
- L’Aveugle et son fils : habit gris et noir. Toujours guidé par le fils qui lui reste. Il a perdu la vue pour avoir trop pleurer la disparition mystèrieuse de l’autre garçon (enlevé par le Boumian). Ls deux personnages sont sur le même socle.
- Le Rémuleur ou " l’Amoulaire " : grand tablier de cuir, trogne enluminée, il est porté sur la bouteille. Une gourde pend immanquablement au bras de sa meule qu’il pousse en zigzagant.
- Le Meunier : tout de blanc vêtu, taillole rouge et bonnet, il porte sur l’épaule un sac de farine, ou est juché sur un âne.
- Pistachié et Jiget : deux valets de ferme destinés à faire rire. Pistachié ou Barthoumiou est chargé de deux énormes paniers remplis de victuailles et, autrement visibles, d’une pompe à huile et d’une morue sèche.Avant tout comique dans la pastorale Maurel (il bégaie), le Jiget d’argile est beaucoup moins typé. On a tendance à le confondre avec le Ravi de la crèche.
- Les Vieux : ils sont trois. Le couple Jordan-Margarido, bras dessus-bras dessous, sans cesse en affectueuses querelles. Habit de bonne mise : lui en jaquette, gilet brodé et lanterne à la mian ; elle, coiffe de dentelle et châle fleuri, un panier d’osier au bras. Tous deux sont escortés de l’ami Roustido, dont la tenue recherchée témoigne de la position sociale (ancien notaire) dans le village. Souvent muni d’un grand parapluie rouge.
Ensuite pour finir, on y met des figurants, tous les petits métiers du siècle dernier :
- le boulanger et son panier de fougasses,
- la marchande d’ail,
- la poisonnière,
- les valets de ferme portant lanternes,
- le pêcheur et son filet sur l’épaule,
- la femme à la cruche qui vient de puiser l’eau fraîche.

La St Eloi : D’après sa légende, saint Eloi était forgeron. Trés populaire en Provence, il était fêté à 2 reprises dans l’année :
- grand protecteur des chevaux, des mulets et des ânes, les paysans le fêtaient en été en amenant leurs bêtes devant l’église paroissiale pour recevoir sa bénédiction annue lle.
- il était aussi fêté en hiver, le 1er décembre, sous le nom de St Eloi d’hiver.
Tous corps de métier qui avaient rapports aux chevaux et aux mulets se placèrent sous le patronnage du grand St Eloi, si bien que ce dernier était représenté sur le blason de ces différents corps de métier. Ainsi, les maîtres maréchaux ( ferrant) de Marseille arboraient sur un blason d’azur un St Eloi vêtu en évêque, tenant dans sa main droite sa crosse d’or et dans sa main gauche un marteau.

La Ste Barbe : Ste Barbe était jadis trés populaire en Provence. Belle et courtisée, Barbe refusa les honneurs qui étaient réservés aux personnes de son sexe pour se consacrer à Dieu.
Elle se fit baptiser contre la volonté de son père qui, peu après l’avoir appris, fit enfermer sa fille dans une tour. Il la livra enfin aux bourreaux et avec eux la martyrisa.
Lorsqu’elle fut sur le point de rendre l’âme, un orage éclata et la foudre vint frapper à morts ses bourreaux. Cela s’est passé au IIIème siècle. ( extrait de l’almanach provençal ).
Dans toute la Provence, on se mit à invoquer Ste Barbe le 4 décembre. Ce jour là, les Provençaux mettent des grains de blé et des lentilles dans une soucoupe pleine d’eau qu’ils placent sur le dessus de la cheminée pour tirer les présages de la moissons future le jour de Noël.
Si le 25 décembre les grains avaient bien germé, la moisson était bonne ; si au contraire les grains était pourris, il fallait s’attendre à de tristes moissons.
Parfois, au lieu de placer les grains de blé ou les lentilles dans une soucoupe, on entourait une bouteille d’une toile mouillée pour la rouler sur des grains de cresson. Si le cresson était vert à Noël, on pouvait espérer une belle moisson à venir.
Enfin, Ste Barbe était en Provence, la patronne des bravadaires et des groupes de compagnies armées.

Les Bravades : L’origine de la manifestation remonte aux temps où les processions religieuses devaient être protégées par une milice armée, le guet, qui, comme la garde suisse du pape, a fini par devenir un parade quelque peu folklorique.
Aux époques d’invasion des villes assiègées, la population était obligée de sortir de ses remparts sous la protection des hommes les plus valides, organisés en guet et sous la conduite d’un capitaine dont la charge devint trés honorifique. Ainsi, St Tropez, cité littorale, fut longtemps la proie des brigands des mers.
Aussi, les Tropéziens conservaient leurs armes pour protéger contre les attaques imprévues des pirates la procession qui se rendait tous les ans àla chapelle de St Tropez, hors des murs.
Aujourd’hui, la bravade de St Tropez est l’une des plus spectaculaires de la Provence et les Tropéziens continuent à faire peur aux pirates en s’assourdissant mutuellement à coups de tromblons.