Cette réflexion et les quelques lignes ci après m'ont été inspirées par l'un d'entre vous dont je trouve les photos particulièrement intéressantes mais qui s'est fait une règle pour ne pas dire un devoir de ne pas "retoucher" ses photos, (tout au plus les recadrer, voire ajuster les contrastes: ce qui en soit est déjà une "interprétation" ), au motif qu'ainsi "en voyant mes photos tu vois ce que j'ai vu! "
Ceci revient à dire que l'appareil restituerait quasiment parfaitement la vision, et que la retouche au delà de celle cité précédemment serait en quelques sortes une manipulation ou un travestissement de la réalité. C'est d'ailleurs un débat récurrent sur les sites dédiés à la photographie qui oppose ceux que l'ont pourrait qualifier de puristes, ceux qui ne veulent pas intervenir et interpréter les résultat brutes sortis tout droit de leurs appareils, et les partisans d'une restitution plus personnelle de leur vision qui ne reconnaissent pas exactement dans les données brute et standardisées de leur appareil ce qu'ils percevaient à l'instant du déclenchement..
Mais peut on dire que nos appareils restituent fidèlement ce que nous voyons? Déjà un même sujet saisi avec des réglages différent n'est pas restitué de la même façon: mais alors? lequel avons nous vraiment vu? et si nous étions plusieurs, l'avons nous tous vu de la même façon?
Ce qui semble claire c'est que l'appareil ne nous restitue une vision qu'en fonction d'algorithmes (progammes) et de la qualité de son montage optique (assemblage de lentilles) et non pas en fonction de ce que nous avons individuellement vraiment perçu. J'en veux pour preuve par exemple que les macros restituent des détailles et une précision que l’œil humain n'est pas en mesure de discerner: Ici l'intérêt est évident, et il s'en trouvera bien peu pour s'en plaindre.
Mais en ce qui concerne les contrastes, les zones d'ombres sous-exposées, la luminosité, l'exposition générale, la saturation, les niveaux, les dominances chromatiques, les températures des couleurs etc.... il n'en est pas de même. Chacun de nous en a une perception toute personnel qui nous parle mais qui n'a pas forcement le même écho chez les autres du fait qu'ils n'ont entre autres pas le souvenir émotionnel et sensoriel du vécu de la scène.
Sans même avoir besoins de pousser la réflexion aussi loin prenons le cas d'une scène excessivement contrastée. Au soleil couchant je suis dans une grande clairière donc dans une zone d'ombre mais avec un ciel encore très claire. J’ai encore une vision parfaite de tout ce qui s'y trouve et pourtant si ma photo laisse une place substantiel au ciel je vais me retrouver soit avec une clairière dans le noir et un ciel à peu près bien exposé, soit une clairière à peu près correctement exposée et un ciel complètement cramé, l'appareil n'ayant pas et de loin les mêmes aptitudes que l’œil pour gérer en simultané une si grande amplitude de valeurs. C'est d'ailleurs ce qui à conduit au développement du HDR et des fonctions de braketing.
Photo 1
photo 2
C'est ci après un exemple type de retouche nécessaire qui va permettre de corriger les incapacités des appareil à restituer toute l'amplitude de notre perception. Les appareils et les outils de développement gérant beaucoup mieux les basses lumières (qui contiennent beaucoup plus d'informations exploitables) il est préférable d'avoir un cliché en parti sous exposé pour arriver à un résultat satisfaisant là ou le cliché surexposer de donnera rien.
Photo 3
Cette dernière est de loin la plus proche de tout ce que je percevais.
J'ai volontairement pris ici un exemple flagrant mais sur ce même principe, et à des doses beaucoup plus subtiles la retouche permet non seulement de palier au limites du matériel photographique, mais aussi par exemple de servir la dimension documentaire d'une photo (éclairage de zones sombres et indistincte qui permet de révéler et mettre en avant un aspect particulier du sujet).
Autre exemple?
Ici à vrais dire je n'ai pas essayé de restituer en retouchant puisque j'ai déjà eu du mal à soutenir le regard le temps de la photo. J'ai juste cherché à restitué ce que j'étais venu espérer de ce couché et par chance ça a bien fonctionné. Je pensais que tout serait à jeter jusqu'à ce que je décharge la carte mémoire et que je vois enfin ce que j'avais vraiment pu schooter ;-)))
Enfin rassurons nous. On ne peu rendre belle une photo ratée. La retouche est à la photo que ce que le maquillage est à la beauté féminine, pas toujours nécessaire... mais souvent sublimente. Et quand il y en a trop.... Qui a dit "c'est qu'elle était moche ???" ;-)))
Après ce n'est qu'une question de goûts et de couleurs...
Alors? Retouche ou pas retouche? Fidèle ou pas fidèle????
N'hésitez pas à commenter et donner votre avis sur le sujet ;-) voire signaler l'intérêt ou pas d'un tel article ;-)
4 comments
Antinéa said:
Biscotte.....Imperti… said:
Ton article est intéressant. Merci
Antinéa said:
pourquoi ne pas faire un exposé de A à Z sur la technique du HDR...?
moi ça m’intéresserait et j'en connais d'autres (une autre ) aussi.
Je dois rajouter que les puristes ne sont pas ceux que l'on croit.. Une photo est une oeuvre d'art elle est là pour transmettre ou déclencher une émotion, quelque soit le moyen employé, même s'il faut assombrir une photo pour la rendre lugubre..
Ce qui est intolérable c'est le mensonge il y en qui disent ne pas avoir trafiqué une photo alors qu'ils y ont ajouté soit du contraste ou de la saturation ou autre chose.
Sur cette image moi j'ai joué sur le Gamma, le contraste, sandwich hdr avec l'outil transparence et l'outil "clone" pour gommer une branche qui paraissait en double car il y avait un peu de vent ce jour là.. Le résultat est là, je suis content car ce qu'on peut voir a l'image est ce que j'ai ressenti en voyant ce paysage mais pas ce que j'ai vu exactement , si l'émotion passe c'est que la photo est réussie..
Merci pour cet article , je crois que c'est bien d'échanger des avis sur la technique et en photographie on sait que c'est important!
Black & Swan said:
Mon but n'était effectivement pas de rentrer dans le détail du quand combien ou comment la retouche se justifie, mais bien de développé un constat et de dé-diabolisé cette acte dont beaucoup se défendent avec un snobisme irraisonné , voire qu'ils montrent du doigt comme sacrilège ou crime de lèse majesté (et qui par ailleurs encensent en priorité les photos apparemment parfaites sans mesurées qu'elles sont toujours + ou - retouchées ;-)) ) et de faire prendre conscience qu'une photo n'a jamais depuis ses origines été une preuve d'une réalité (la retouche a toujours été de tout temps, et les anti n'achèteraient jamais une revue ou un livre de photos ou même une carte postale si celles ci n'étaient pas retouchées) et les appareils ne restituerons sans doute jamais la totalité de la perception humaine tant celle ci est riche et complexe.