" Pami les marins, il y en a qui découvrent des mondes, qui ajoutent des terres à la terre, des étoiles aux étoiles. Ceux-là sont les maîtres, les grands, les éternellement beaux. D'autres lancent la terreur par les sabords de leurs navires, capturent, s'enrichissent et s'engraissent. Il y en a qui vont chercher de l'or et de la soie sous d'autres cieux. D'autres seulement tâchent d'attraper dans leurs filets des saumons pour les gourmets et de la morue pour les pauvres.
Moi, je suis l'obscur et patient pêcheur de perles, qui plonge dans les bas-fonds et qui revient les mains vides et la face bleuie. Une attraction fatale m'attire dans les abimes de la pensée, au fond de ces goufres intérieurs qui ne tarissent jamais pour les forts. Je passerai ma vie à regarder l'Océan de l'Art où les autres naviguent ou combattent, et je m'amuserai parfois à aller chercher au fond de l'eau des coquilles vertes ou jaunes dont personne ne voudra ; aussi je les garderai pour moi seul."
Moi, je suis l'obscur et patient pêcheur de perles, qui plonge dans les bas-fonds et qui revient les mains vides et la face bleuie. Une attraction fatale m'attire dans les abimes de la pensée, au fond de ces goufres intérieurs qui ne tarissent jamais pour les forts. Je passerai ma vie à regarder l'Océan de l'Art où les autres naviguent ou combattent, et je m'amuserai parfois à aller chercher au fond de l'eau des coquilles vertes ou jaunes dont personne ne voudra ; aussi je les garderai pour moi seul."
8 comments
Pat Del said:
Cette prise de recul, qui transparaît dans le présent extrait, exprime à mon avis ses doutes quant à l'appréciation de ses ouvrages.
Une forme d'auto-dérision, en somme ...
Rosemma said:
Qui était Louise Collet à qui s'adressait la lettre, dont tu publies un extrait très caractéristique de son style ?
Pat Del said:
En 1846, elle fit la connaissance de Gustave Flaubert dans l'atelier du peintre James Pradier. Il était alors âgé de 25 ans, elle de 30 ; ils furent un temps amants.
C'est Louise Collet qui inspira "Madame Bovary". A cette occasion, Flaubert engagea avec elle une abondante correspondance.
Pat Del replied to Pat Del:
(..) " Que ma Bovary m'embête ! Je commence à m'y débrouiller pourtant un peu. Je n'ai jamais de ma vie rien écrit de plus difficile que ce que je fais maintenant. Cette scène d'auberge peut me demander trois mois, je n'en sais rien. J'en ai envie de pleurer par moments tant je sens mon impuissance.Mais je crèverai plutôt dessus que de l'escamoter " (...)
[lettre du 19 septembre 1852]
Rosemma said:
Pat Del said:
Elle fut un temps 'la Muse', la confidente, l'égérie, parfois l'inspiratrice de Gustave Flaubert.
Mais elle assuma aussi ce rôle pour d'autres amants, notamment Victor Cousin, Alfred de Musset, Alfred de Vigny.
Rosemma said:
Pat Del said: