Jusqu’au 4 octobre, quelques photos du travail de Maud Kersalé sont exposées à la galerie d’art IGDA. L’occasion pour le public de découvrir le body painting à travers le travail de cette artiste. Comédienne puis maquilleuse artistique, elle s’est lancée il y a cinq ans dans cet art éphémère. Rencontre.
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Maud Kersalé souhaite que cet art ne soit plus marginalisé.
» Pour être mon modèle, non seulement il faut supporter le temps d’immobilité, la nudité mais aussi mon caractère » prévient Maud Kersalé. Le body painting, l’art de maquiller artistiquement un corps est un art du nouveau genre. La toile et les feuilles ont laissé la place à un nouveau matériel plus original : le corps humain. « Lorsque l’on pratique le body painting, le plus dure est de trouver un modèle » déclare l’artiste. Pour réaliser une oeuvre, il faut à la jeune femme pas moins de 4 à 6 heures de travail. » Il faut une réelle collaboration entre le modèle et l’artiste. C’est un travail assez long qui parfois se réalise dans des conditions particulières » explique Maud. Elle se rappelle notamment les nuits entières passées dans son atelier à travailler sur un seul corps.
Depuis 4 ans, Loulä est le modèle de Maud Kersalé. Une réelle complicité s’est installée entre ces deux jeunes femmes. Elles se connaissent parfaitement. La gêne de la nudité n’existe pas. Selon Maud, Loulä pose naturellement. « Elle sait faire vivre le body painting une fois fini. Pour le modèle, ce n’est pas simplement un travail de pose. Il s’agit également de donner une identité au
maquillage créé » précise-t-elle. Le corps du modèle tient une place importante. « Il faut une silhouette assez standard car l’objectif final est de ne plus voir le corps mais juste le maquillage » souligne l’artiste.
« Je trouve le corps d’une femme beaucoup plus esthétique. Je suis alors plus inspirée » explique-t-elle. Travailler avec les hommes, ce n’est pas sa priorité mais l’artiste ne rejette pas l’idée.
Un art encore méconnu en France
« L’année dernière, je suis allée à mon 1er festival de body painting, en Angleterre. Grâce à ce genre d’événement, on apprend beaucoup sur les techniques de travail » explique Maud. « J’ai rencontré aussi d’autres cinglés passionnés comme moi. » Très peu d’artistes font du body painting leur métier. Cet art vivant ne connaît pas encore en France l’engouement qu’il peut y avoir en Angleterre, au Brésil ou encore aux États-Unis. Les gens sont encore parfois choqués par cette forme d’art. « Non le body painting n’est pas de l’exhibitionnisme » tient à préciser l’artiste. « Cet art permet de mettre en avant les jolies lignes d’un corps. Cela n’est pas plus choquant qu’une personne qui est habillée avec des vêtements très moulants » souligne Maud. Cette année, une
passionnée à souhaiter mettre en place le 1er festival de body painting en France. Faute de body painteur, l’événement n’a pas eu lieu.
Depuis 2007, cette artiste caennaise s’adonne à cet art d’un nouveau genre. « Le body painting est un art éphémère. Il permet de mettre en valeur les lignes d’un corps et de laisser s’exprimer son imagination. » De l’imagination de Maud naît d’étranges créatures très colorées. « Parfois, je travaille selon le feeling. L’objectif reste le même : mettre en évidence les lignes du corps. » Loin de vivre de cet art, Maud Kersalé travaille en parallèle avec différentes compagnies de théâtre, de danse de la région et parfois avec l’Opéra de Paris. Elle réalise des effets spéciaux, des masques ou encore des prothèses. Maud conçoit également les maquillages pour enfants lors de spectacles. Par la suite la jeune femme aimerait perfectionner ses techniques de travail et poursuivre dans le body painting aérographe. En collaboration avec l’artiste Adey, Adeline Yvetot, l’artiste souhaite appliquer, à l’aide de pochoirs, différentes couches de peintures et les mélanger, sur un même corps. « Cette technique me permettra de réaliser 3 ou 4 body painting dans une même soirée. » Avec des techniques plus traditionnelles, un seul maquillage est réalisé en une soirée. Certaines couleurs également ne peuvent pas se mélanger.
L’artiste souhaiterait également intégrer le body painting dans les festivals. « J’aimerais par exemple pour le festival les Boréales, créer une femme givrée. Cela serait totalement décalé et très intéressant à regarder. Affaire à suivre peut être » déclare-t-elle.
Le 1er novembre, Maud Kersalé participera au jour de la fête des morts, El dia de los muertos. Chaque année, à Caen, un collectif d’artistes honore les morts dans la joie et la fête. Pour sa 2e participation, Maud va maquiller et habiller les participants. « Venant d’Amérique du Sud, cette fête permet de voir la mort sous un autre aspect. Notre inspiration et notre fantaisie n’ont pas de
limite. » Dans un avenir plus lointain, Maud Kersalé rêve de voyager à travers le monde et vivre du
body painting.
« Ce qui me rassure dans cet art vivant c’est la possibilité de tout effacer. Si mon travail ne me plaît pas, j’efface et personne ne le verra » dit-elle en souriant.
Première exposition dans une galerie
Pour son premier rendez-vous avec le public, Maud Kersalé est agréablement surprise. « Beaucoup de personnes viennent à la galerie voir ce qui se passe. Certaines entrent et d’autres n’osent pas. Mais en tout cas, cela ne laisse pas indifférent » déclare-t-elle.
À l’origine, l’exposition n’aurait jamais dû voir le jour. « Cette idée ne serait jamais venue de moi. Les propriétaires de la galerie m’ont proposé et je me suis dit pourquoi pas. » L’occasion ainsi de montrer au public des photos de son travail mais aussi » c’est une manière de dire que j’existe et de montrer mes capacités » conclut l’artiste.
Article publié dans Liberté, Le Bonhomme Libre, 20 septembre 2012.
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