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l'amour du monsonge

Quan je te vois passer, o ma chèrie indolente,

au chant des instruments qui se brise au plafond

suspendant ton allure harmonieuse et lente,

et promenant l'ennui de ton regard profond;

Quand je contemple, au feux du gaz qui le colore,

ton front pale, embelli par un morbide attrait,

ou les torches du soir allument une aurore,

et tes yeux attirants comme ceux d'un portrait,

je me dis:Qu'elle est belle! et bizarrement fraiche!

le souvenire massif , royale et lourde tour,

la couronne, et son coeur, meurtri comme une peche,

Est mur , comme son corps, pour le savant amour.

Es- tu le fruit d'automne aux saveurs souveraines?

Es-tu vase funèbre attendant quelques pleurs,

parfum qui fait rever aux oasis lointaines,

oreiller carressant , ou corbeille de fleurs

je sais qu'il est des yeux , des plus mélancoliques,

Qui ne recèlent point de secrets prècieux

beau écrins sans joyaux, médaillons sans reliques,

plus vides , plus profond que vous - memes, o cieux!

mais ne suffit- il pas que tu sois l'apparence,

pour réjouir un coeur qui fuit la vérité?

Qu'importe ta betise ou ton indifférence?

Masque ou décore, salut! j'adore ta beauté.

BAUDELAIRE(les fleurs du mal)

2 comments

M@rie ♥ ♥ said:

Un poème qui nous montre encore combien on peut s"attacher à l'apparence des choses et des êtres. Bien souvent on préfère ce qui se cache à la vérité.
13 years ago ( translate )

Mido replied to M@rie ♥ ♥:

c vrai
13 years ago ( translate )