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un soir d'avril 1997

Pas une heure n’aura brillé sans que je sente le dérèglement mécanique et précis de mes sensations, et le dernier rouage mène très exactement jusqu’à toi, souverain de toutes mes faiblesses. Chaque partie de toi correspond point par point à un de mes manques.Même si cela n’est pas vrai, bien évidemment.Mon imagination l’aura bien voulu et les sensations imaginaires sont bien plus réelles et bien plus précises que les vraies, trop confuses, trop aveugles.

Le mystère tient au Hasard qui m’a fait choisir ton existence pour y cristalliser le plus petit tremblement de mon cœur.

Mais c’était une question de survie sans doute.

Mécanique lente, cruelle, où je passe par tous les autres, où chaque être à ma portée excitera sans le savoir un de mes nerfs

. Il faut bien venir jusqu’à toi pour avoir l’illusion de ne pas être perdue, ancre dérisoire.

La fatigue qui me soutient est antérieure à mon existence.

Ta délicieuse passivité, qui me pousse à une passivité violente. Tous les excès se précipitent en moi, une forêt de cris, d’actions, de mots, de gestes que je contrains, qui tremblent à la surface de ma peau.

Tous les désirs peuvent se lire dans la transparence de ma peau, suivent le chemin chaotique de mes veines. Chaque sensation éclot en grains de beauté, je ressemble à un petit léopard triste.

Tu n’es qu’un nom propre sur le mot manque. Tu n’es qu’un corps qui contient tous les désirs perdus. Tu n’es qu’une voix qui accentue le silence. Tu n’es qu’une âme qui me renvoie à ma solitude.

Oh tu es si parfait !

Jamais, jamais je ne serai si parfaitement abandonnée qu’avec toi. Jamais je ne pourrai toucher aussi nettement les contours de mon corps obscur.

J’ai essayé pourtant.

Te souviens-tu de cet amant que j’avais ? J’ai cru pouvoir puiser à son corps et à son cynisme la plus grande partie de mes sensations désarticulées.

Oh comme je butais dessus au début ! Comme il savait bien me renvoyer à mes propres limites !

Mais trop de résistance.

Personne n’aura jamais ton inquiétante passivité, oh les possibilités très réelles de pouvoir s’enfoncer en toi. Avec la douloureuse conscience que chacune de ces possibilités ne se réalisera jamais.

Et dans la foule des bars où je vais me glisser la nuit ? Quand je prend les bateaux tanguant des nuits d’ivresse ? Il y a toujours un regard clair et conscient pour arrêter ma mécanique. Je rentre chez moi, tu m’y attends, tu m’ouvres les bras et j’y tombe, obscure et lourde, dans le creux si profond de mon manque de toi.

1 comment

Le miroir de l'aube said:

j'aime ce retour à l'écriture qui dérive entre jamais et toujours .
14 years ago ( translate )