Parce que, je n'ai aucune envie de déballer mon année 2019.
Parce que, être soi exige la constance.
Parce que, au détour d'un commentaire ou d'un silence, d'une attitude, ou d'un regard il me prend l'envie de jouer la fille de l'air.
Parce que mon placard devenu exigü, menace de péter, d'orbiter ses tiroirs.
Parce que Claire B a plié bagage.
Parce que me reviennent des souvenirs.

- adolescente, chaque année survenait un prof que mon frère aîné avait étrenné avec sa rengaine : ah vous êtes la soeur de "..." ?J'espère que vous ferez aussi bien que lui.

- adolescente, mon frère cadet, celui qui me suit avait décrété qu'il ferait tout mieux que moi; cela ne m'a pas étonnée : déjà enfants nous avions certains cadeaux de Noël identiques, ce qui m'irritait profondément.(à cette époque je ne connaissait pas le mot "ulcérer")

- plus tard, suivie par un quidam un soir tard en banlieue, dans le métro (2 correspondances incluses), je me suis suis plainte, au poste du terminus de la ligne, mon quidam toujours sur mes talons : les agents du commissariat, nous ont embarqués le quidam et moi, ensemble et en tête à tête, tous les 2 à l'arrière de la fourgonnette, puis m'ont fait "expliquer mon problème" et ont relâché "mon quidam qui n'avait rien fait ..." dans mon dos.

J'ai été chanceuse : je connaissais mon quartier comme ma poche, ça été une soirée super kisss-coooool ...!
- lorsque j'ai présenté mon cher et tendre, j'ai entendu "enfin ... après tout ce temps, vous la sauvez du célibat".
- quand mon cher et tendre, a ouvert mon courrier le 1°jour de notre cohabitation, j'ai dû expliquer clairement que mon courrier était mon courrier et pas le sien.
- et puis, j'ai demandé le compte joint, et j'ai aussi voulu que nous conservions chacun mon (ma tirelire) nos comptes perso ...
- si mon fils est beau garçon, ce n'est pas parce que la génétique s'est exprimée, ou que je j'ai bien couvé pendant 9 mois, c'est parce que son père est beau.
- si sa sœur est réputée pour son "caractère" (je vous laisse traduire), il faut chercher le modèle chez son aîné, qui n'y est pour rien ... sauf que ... il est si plaisant d'ériger des podiums.
- puisque je suis une femme, il faut que je sois née "avec" l'option popote. (Pas de bol)
- puisque je suis une femme, je ne peux être née "avec" l'option mécano-bagnole-niveau débutant sup; il est donc entendu que je suis incapable d'établir un diagnostic de panne. (Re pas de bol)

- puisque je suis une femme, je ne sais pas bricoler et pourtant je peins, et tapisse merveilleusement toutes les surfaces verticales de la plinthe au faîtage. (un talent exceptionnel que je ne m'explique toujours pas)

- pendant longtemps, lors des vacances, au moment de l'opération courrier-famille-ami(e)(s), j'ai assuré le relationnel; maintenant je propose ... et je n'écris plus qu'aux personnes qui me sont chères.

- j'ai acquis l'art de riposter aux propos grivois voire graveleux : je maîtrise plus mieux la répartie second degré qui soulage, expédiant le-(la) goujat(e) dans les cordes de la perplexité, me permettant alors de fréquenter quasi sereinement les autres acteurs de la rencontre.
- au taf, au temps où je n'étais pas une retraitée qui suce en catimini la moelle du contribuable, il aurait fait beau voir que moi infirmière puisse avoir un avis plus pertinent qu'un(e) médecin. (10 ans de médecine ça rend plus instruit, mais ça n'augmente pas toujours le % de la comprenette ... l'humilité restant un invariant)
- au taf, toutes les trop nombreuses fois où j'ai été agressée, j'avais indubitablement commis un délit.
- au taf, si j'avais un boulot, c'est parce qu'il y avait des malades. (c'est très mal de profiter de la misère du monde !)
- aujourd'hui en cette ère ambiguë du tout numérique et des contrats papiers, j'ai de guerre lasse, collationné tous les codes du foyer, et si je plante mon répertoire, je sais que en matière de pagaille, je score mieux que la SNCF ou le gouvernement !

- aujourd'hui pas de chance pour moi, 2 des copines de mon club de filles sont divorcées ... (je suis en danger ... enfin pas moi ...)

- mais ... tout ça c'est rien que du luxe Bonux© comparé à la "CAUSE".
- il y a aussi toutes ces lignes pas écrites, tous les non-dits, avec ma tête plongée dans le sable.

- il y a tous ces petits riens d'une vie (c'est la vie), qui vous plombent parfois une ghislaine.

- il y a tous ces tombereaux de petits riens auxquels je me suis soumise, ces bennes de petits riens jamais karchérisés dépoussiérés, qui poussent des moutons sous le lit de civilisations millénaires, où des* hommes (des* femmes itou) pratiquent la bêtise souvent crasse, l'emprise, l'humour beauf, les violences, creusant des tranchées toujours plus redoutables.
Les plus petites violences sont les plus terribles : elles ouvrent un boulevard au non-droit.
Les plus petites violences rongent jusqu'à l'os, comme une maladie nosocomiale.
Pourtant ces très petites violences ne sont pas incompatibles avec une belle vie.

Il faut avoir l'esprit "étrangement plastique** tordu !?" pour louvoyer, conduire cette vie, et oser penser qu'il en va sans doute de même dans le camp adverse.

Chacun(e) "sait" que la vie est un radeau dérivant (ou un ballon captif) qui touchera terre un jour : ce serait tellement sympa si le radeau pouvait être un minimum confortable, (pas le club med'© ou le pays des Bisounours©) , si le radeau pouvait être une croisière juste pas lestée par les maîtres mètres étalons que sont nos hommes, une croisière pas boostée par une hypothétique place en première classe dans le paquebot de l'au-delà.