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Elle
Les pronoms démonstratifs doivent avoir disparu du langage des cours de récréation. Je le constate en parlant avec mes petits-enfants.

Ma petite-fille m’apporte quatre clés USB pour que j’y copie des fichiers : nos enfants devraient être des virtuoses de l’informatique puisqu’ils sont tombés dedans étant petits, mais toutes leurs clés USB sont pleines, brouillées pour avoir été débranchées pendant l’écriture, en fin de vie et désespérément lentes. Leurs enfants le savent et prennent plusieurs clés.

— Normalement, me dit ma petite-fille, tu te serviras de « elle » (elle me montre le moins endommagé des accessoires apportés).

— Tu veux dire “de celle-ci ?”, dois-je faire préciser, gêné par cette bizarre personnification d’un bout de plastique bleu translucide.

Tous mes petits-enfants ont perdu l’usage des pronoms démonstratifs, qu’ils remplacent par les pronoms personnels. Je me demande comment disent leurs maîtres.

Je ne m’indigne jamais d’une simplification de la langue, mais il me semble dans ce cas précis que le démonstratif a son utilité, et qu’en disant « de elle », ma petite-fille sent qu’il lui manque quelque-chose, un substitut du nom plus accentué que le pronom personnel.

Mais je ne suis pas inquiet : les performances de la pédagogie ont tellement progressé depuis que j’en ai abandonné la pratique qu’ils obtiendront peut-être le baccalauréat avec 20,5/20 de moyenne comme ça s’est vu cette année…