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EN UN OBSCUR COMMENCEMENT
Cet extrait est de Nathalie Sarraute sur le théâtre.

"Une parole devant nous est « en » travail. Elle s’accouche en douceur ou au forceps suivant le cas. Puis à peine née, elle finit de s’expulser, se démène, s’épanche, se déploie, se démultiplie, s’invente d’indispensables partenaires, des créatures à son image, que tour à tour elle rudoie, caresse, mord puis abandonne. Elle advient, elle croît, elle prolifère, elle submerge. Cette parole écoutez-la bien, c’est la vôtre, c’est la mienne. Elle s’expulse de nous. Et elle rit parfois, elle rit à pleurer, à perdre le souffle, de tout le mal qu’elle se donne pour venir au jour et dire l’incorrigible angoisse, le fabuleux, le risible tumulte, l’infini grouillement de nos pensées antérieures lorsqu’à partir d’un infime ébranlement, dessous dessus, dedans dehors, elles se retournent, s’involuent, s’ouvrent sur le profond d’elles, comme des pistils de fleurs carnivores que surprendrait la lumière."

2 comments

Georges. said:

C'est exactement cela.....Sourire
3 years ago ( translate )

Valeriane ♫ ♫ ♫¨* said:

excellent texte bien vrai*****************
3 years ago ( translate )