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The Moon And The Yew Tree // La lune et l'if


[A poem by Sylvia Plath (1932 - 1963)]

This is the light of the mind, cold and planetary
The trees of the mind are black. The light is blue.
The grasses unload their griefs on my feet as if I were God
Prickling my ankles and murmuring of their humility
Fumy, spiritous mists inhabit this place
Separated from my house by a row of headstones.
I simply cannot see where there is to get to.

The moon is no door. It is a face in its own right,
White as a knuckle and terribly upset.
It drags the sea after it like a dark crime; it is quiet
With the O-gape of complete despair. I live here.
Twice on Sunday, the bells startle the sky ----
Eight great tongues affirming the Resurrection
At the end, they soberly bong out their names.

The yew tree points up, it has a Gothic shape.
The eyes lift after it and find the moon.
The moon is my mother. She is not sweet like Mary.
Her blue garments unloose small bats and owls.
How I would like to believe in tenderness ----
The face of the effigy, gentled by candles,
Bending, on me in particular, its mild eyes.

I have fallen a long way. Clouds are flowering
Blue and mystical over the face of the stars
Inside the church, the saints will all be blue,
Floating on their delicate feet over the cold pews,
Their hands and faces stiff with holiness.
The moon sees nothing of this. She is bald and wild.
And the message of the yew tree is blackness -- blackness and silence.



(interprétation en français)

C'est la lumière de l'esprit, froide et planétaire
Les arbres de l'esprit sont noirs. La lumière est bleue
Les herbes déposent leur chagrin à mes pieds comme si j'étais Dieu
Picotant mes chevilles et murmurant leur humilité

Des brumes spirites enfumées résident en ce lieu
séparé de ma maison par une rangée de pierres tombales.
Je n'arrive pas à voir vers où il faut se diriger.


La lune n'est pas une porte. C'est un visage à part entière,
Aussi blanc qu'un osselet et profondément chagriné.
Il traîne la mer à sa suite, comme un crime macabre; un visage qui reste silencieux
Formant le O béant du désespoir complet. J'habite ici.
Par deux fois, les Dimanches, les cloches font sursauter le ciel
Huit langues puissantes affirmant la Résurrection
A la fin, elles bourdonnent sobrement leurs noms.

L'if pointe vers le ciel, il a une forme gothique.
Les yeux s'élèvent suivant la direction qu'il indique et trouvent là la lune.
La lune est ma mère. Elle n'est pas douce comme Marie.
Ses vêtements bleus relachent de petites chauve-souris et des chouettes.
Comme j'aimerais croire à la tendresse -
La face de l'effigie, adoucie à la lueur des bougies,
Courbant son regard, sur moi en particulier, ses yeux doux.

Ma chute a été longue. Des nuages fleurissent
Bleus et mystiques au-devant des étoiles
A l'intérieur de l'église, les saints seront tous bleus,
Flottant sur leurs pieds délicats au dessus des bancs froids.
Leurs mains et leurs visages raides de sainteté.
La lune ne voit rien de cela. Elle est chauve et sauvage.
Et le message de l'if est la noirceur - noirceur et silence.