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(...) "On m'oblige à vous informer que ma maîtresse n'est pas contente de ma conduite"
Nous sommes en 1870. Octavie BINAUT a 13 ans. Elle fréquente la 1ère division de l'école communale d'Ennetières-en-Weppes (Nord), établissement baptisé la "Sainte Union".
A-t-elle eu de mauvaises notes ? Difficile de répondre à cette question !
Quoi qu'il en soit, peut-être sous la dictée d'une maîtresse, elle adressera la lettre suivante à ses parents :
Mes Chers Parents,

Si quelquefois je n'ai pas rempli mes devoirs de classe comme j'aurais dû le faire, cette négligence me coûte bien cher aujourd'hui. On m'oblige à vous informer que ma maîtresse n'est pas contente de ma conduite. On me reproche de me laisser aller à trop de dissipation avec certaines compagnes. On me marque encore de vous dire que l'étude ne va pas mieux, ainsi qu'une partie de mes leçons, parce que je suis trop inappliquée.

Il m'est pénible, Cher Papa et Chère Maman, de vous faire de tels aveux. Mais j'espère que celà ne me fera pas perdre votre amitié, car je vous promets de faire tous mes efforts pour pouvoir vous donner de meilleures nouvelles dans quelque temps.

Car je veux me faire aimer de vous, Chers Parents, et en même temps de mes maîtresses, afin de pouvoir me dire avec vérité

Votre soumise et affectionnée fille,


Octavie Binaut


11 comments

Rosemma said:

Ahurissante cette lettre par laquelle l'élève est contrainte de confesser à ses parents ses manques à la discipline et à l'étude ! Quelle évolution par rapport aux communications scolaires d'aujourd'hui !
5 years ago ( translate )

Pat Del said:

Inconcevable, en effet, d'user aujourd'hui de la même autorité envers les enfants. Mais il faut bien admettre qu'à l'époque, la jeunesse n'avait pas 'droit au chapitre'.
Dans le même sens, je me rappelle avoir souvent entendu dans la bouche de personnes aujourd'hui disparues : "les enfants sont fait pour être vus, non pour être entendus" (!)
5 years ago ( translate )

Rosemma said:

Sais-tu quelle a été la réaction des parents ?
5 years ago ( translate )

Pat Del said:

Son père, qui avait été instituteur, n' a pas dû être très content (!)

Dans mon arbre généalogique, Octavie se situe comme l'une de mes arrières-grandes-tantes. Elle est l'une des grandes-tantes d'Henri MORAND ... que j'ai eu l'occasion d'évoquer précédemment dans d'autres articles concernant la correspondance échangée avec "Doodie", sa marraine de guerre.
5 years ago ( translate )

Rosemma said:

A quel âge est décédée cette dame ?
5 years ago ( translate )

Pat Del replied to Rosemma:

A l'âge avancé de 103 ans !
5 years ago ( translate )

Jenny McIntyre said:

Wow this letter is indeed a very sad one - I really don't like to read "submissive" daughter - it's so sad that she felt like that, and also that she may have lost the love and friendship of her parents for not applying herself enough. They should have ensured their daughter of their unconditional love.
5 years ago

Pat Del replied to Jenny McIntyre:

C'était bien dans l'esprit de l'époque, Jennie. Les enfants n'étaient pas traités sur un pied d'égalité comme on le constate de nos jours. Ils devaient 'vénérer ' leurs parents.
Pour preuve, voici un poème tracé dans "le cahier d'école d'Octavie" :

"Chers Parents,
" Les soins que je reçois de votre bienveillance
" Ont gravé dans mon coeur, qui sait apprécier,
" Ces mots, ces tendres mots ; Amour, Reconnaissance,
" Que jamais votre fille ne saurait oublier.
" Oui, Parents que j'aime autant que je révère,
" Je connais vos bienfaits, et le voeu de mon coeur
" Tend à vous voir jouir du sort le plus prospère,
" Et couler ici bas des jours tous de bonheur."

(Octavie Binaut)
5 years ago ( translate )

Pat Del said:

A la lumière de cet écrit, on peut mesurer l'amplitude des visions concernant l'éducation des enfants. Tu as raison, Betty : de la sévérité extrême, on est passé à la bienveillance, quelquefois même au laxisme total
5 years ago ( translate )

Rosemma said:

Dans ta réponse à Jenny, tu évoques "le cahier d'école d'Octavie". Peux-tu en parler plus longuement, si cela est possible ?
5 years ago ( translate )

Pat Del said:

C'était un cahier pluridisciplinaire se présentant sous la forme d'un petit livre à couverture toilée noire, mesurant 19 cm de long sur 14 cm de large.
Le français capte une grande part de l'enseignement. Tour à tour se succèdent dictée, analyse grammaticale, exercice de style, narration...
Les textes choisis sont empreints d'une morale de bon aloi louant l'effort et stigmatisant la paresse. De temps à autre une devise ou un quatrain fixe les idées :

"Quand on perd le temps dans sa jeunesse,
"On meurt de faim dans sa vieillesse."

"Le temps, le soin, la patience
"De tout viennent toujours à bout.
"On peut ce qu'on veut ... L'indolence
"Trouve seule un obstacle à tout."

"Le travail joint à la gaieté
"Souffre et surmonte toutes choses
"La nonchalante oisiveté
"Se blesse sur un lit de roses."

etc, etc.
5 years ago ( translate )